Venue tardivement à l'automobile - elle fabriquait à ses débuts des machines à coudre -, Suzuki n'a jamais caressé l'envie de dominer ce secteur d'activités comme Toyota, General Motors ou Volkswagen.

La rumeur courait depuis près de 10 ans maintenant. Il était temps qu'elle s'arrête. Suzuki a officiellement annoncé qu'elle retirait ses produits automobiles du marché américain. Et alors? Plutôt que d'adapter son offre à la demande, le constructeur japonais préfère se rendre plus visible dans des pays où ses véhicules actuels sont appréciés. Et ils le sont particulièrement au Japon, en Inde et au Brésil.

Aux États-Unis, c'était plus compliqué. D'abord, Suzuki n'a jamais été en mesure de se constituer, par elle-même, une gamme complète pour occuper les niches les plus populaires auprès des consommateurs américains. Suzuki a eu recours à la filiale sud-coréenne de General Motors, Daewoo, pour s'inviter dans le segment des compactes et des intermédiaires (Verona, Forenza/Reno). Elle a aussi sollicité la participation GM pour réaliser un utilitaire sept passagers (XL-7) et plus tard celle de Nissan pour compter une camionnette (Equator) dans ses rangs.

Suzuki a bien tenté de renverser elle-même la situation en créant de toutes pièces la Kizashi. Dynamiquement parlant, cette auto est sans doute l'un des secrets les mieux gardés de l'industrie. Malheureusement, elle est inclassable. Ses dimensions extérieures la placent à cheval entre deux catégories. Le consommateur a peine à lui trouver une niche. Trop petite pour rivaliser avec les Camry, Accord et Malibu et pas assez crédible pour lutter contre des compactes de luxe telles les Acura ILX, Audi A3 ou encore Mercedes Classe B. Elle est condamnée à un rôle de figurante. Comme bien des Suzuki d'ailleurs.

La position qu'occupe Suzuki au Canada, n'est guère plus florissante, il est vrai. Si les prévisions de ses administrateurs canadiens sont exactes, ce petit constructeur parviendra à écouler quelque 5000 véhicules cette année. C'est très peu pour un généraliste, mais faute de nouveautés et de ressources, le statu quo au plan des ventes représente une bonne nouvelle en soi. L'arrivée cette année d'une version rafraîchie des Grand Vitara et berline SX4 permettra sans doute à Suzuki de se rappeler au bon souvenir de certains consommateurs.

Difficile de pronostiquer sur le long terme des activités automobiles de Suzuki au Canada. La venue de la Swift européenne, une sous-compacte, apparaît hautement improbable et une diversification de la gamme tout autant. Suzuki dont 19,9% des actions sont détenues par Volkswagen demande à sortir du capital du constructeur allemand. Pour aller où? Chez Fiat (Chrysler) avec qui le patron de Suzuki, Osamu Suzuki dit entretenir de «très bonnes relations.

Au suivant

Aux États-Unis, personne ne déchire sa chemise pour protester contre le départ de Suzuki. En fait, on est déjà à se demander qui sera le suivant à déserter ce marché autrefois considéré comme un incontournable sur la scène planétaire. La presse américaine spécule sur le sujet et voilà que Mitsubishi se trouve au coeur de ce débat. Normal, les ventes ne cessent de régresser et devraient totaliser 55 000 d'ici la fin de l'année. Pour mémoire, 345 111 Mitsubishi ont trouvé preneurs en 2002.