De passage à Montréal lors de l'ouverture du plus grand centre de services de Tesla sur le continent, Jerome Guillen, vice-président des ventes et services après-vente de Tesla Motors, s'est confié à La Presse sur les sujets de l'heure qui concernent le constructeur de voitures électriques. Sans rien éluder. Morceaux choisis.

Q Qu'est-ce qu'un client découvre la première fois qu'il vient dans un de vos magasins comme celui de Montréal?

R Notre mission chez Tesla est d'accélérer la transition vers des modes de transport durable. Ce qu'on fait d'abord, c'est d'expliquer aux gens ce qu'est de conduire un véhicule électrique pour qu'ils se rendent compte qu'en fait, il n'y a pas de problème, que c'est plus pratique que de conduire un véhicule à essence et qu'on peut charger chez soi sans problème. La première fois, c'est une éducation aux véhicules électriques. C'est un petit peu notre but. Si le client est intéressé, on fait un essai. Les gens se rendent ainsi compte par eux-mêmes du plaisir de la conduite, de l'accélération continue, de la souplesse, de la tenue de route et du silence.

Tesla veut-il faire plus en matière de recharge dans l'Est canadien?

R Oui tout à fait. On a déjà deux sites de «superchargeurs» ouverts et quatre en construction actuellement en Ontario et au Québec. En ce moment, on a un rythme d'ouverture de sites de recharge de deux par jour dans le monde. Ça va assez vite. On veut s'assurer que toutes les routes principales soient couvertes pour nos clients. D'ailleurs, on encourage nos clients à nous dire «on aimerait en avoir là ou là». Ce qui prend le plus de temps, c'est d'avoir les permis de construire et d'avoir accès aux lignes à haute tension. C'est ce qui nous prend le plus de temps pour ouvrir un site de «superchargeurs». On aimerait aller plus vite.

Quand le prochain modèle Tesla arrivera-t-il sur le marché?

R De type multisegment, la Model X sera sur la même plateforme que la Model S et on va commencer les premières livraisons dans un petit peu moins d'un an, d'abord en Californie. C'est toujours plus facile de les livrer d'abord juste à côté de l'usine [rires]. Comme ça on peut s'assurer, s'il y a le moindre problème, qu'on peut être tout près. On a l'ambition d'augmenter les livraisons très rapidement.

Que pensez-vous des autres grands constructeurs qui se lancent dans la voiture électrique alimentée à l'hydrogène?

R Nous sommes ravis de voir les efforts des autres constructeurs envers les véhicules électriques. [...] La pile à combustible est une idée intéressante, mais l'hydrogène n'est pas vraiment disponible de manière courante. Et d'une manière générale, on trouve que la conversion de l'énergie dans le véhicule en énergie cinétique est quand même beaucoup plus efficace quand on utilise une batterie que lorsqu'on utilise n'importe quel autre moyen. L'arrivée de l'hydrogène ne nous fait pas peur du tout chez Tesla. La plupart d'entre nous sont des ingénieurs et nous nous rendons compte que le concept électrique est beaucoup plus fort avec une batterie. Si la pile à combustible était si bonne que ça, vous en auriez une dans votre ordinateur portable ou dans votre téléphone. Que ces ordinateurs et téléphones utilisent le lithium-ion donne une indication sur ce qui est logique.

Va-t-on parvenir rapidement à une démocratisation de la voiture électrique?

R C'est notre but, c'est vraiment notre objectif. Nous avons déjà commencé à travailler sur ce que nous appelons un modèle de troisième génération qui devrait coûter à peu près moitié moins cher que la Model S parce qu'on veut vraiment démocratiser le véhicule électrique.