Bob Lutz a donné l'extrême onction au constructeur de voitures électriques Tesla. Pour nos plus jeunes lecteurs, Bob Lutz est le père de la Chevrolet Volt chez GM; et l'extrême onction n'est pas un traitement d'huile antirouille automnal fait le 20 décembre, c'est le sacrement qu'on administre aux mourants catholiques juste avant le rappel ultime.

«Tesla a toutes les apparences d'une entreprise dans le pétrin: hémorragie de trésorerie, actifs hypothéqués et stocks en hausse. [...] C'est le tiercé de la mort pour n'importe quel constructeur automobile», écrit l'ancien vice-président de General Motors dans le blogue qu'il signe sur le site du magazine Road & Track.

C'est une prévision osée quand on considère les prouesses techniques des voitures Tesla et l'enthousiasme de ses clients. Mais Lutz donne quatre handicaps qui tueront Tesla, selon lui: le modèle de vente directe (sans concessionnaire) de Tesla est «un trou à argent», comme BMW l'a découvert durant les années 70; Tesla Motors fonctionne à perte et perd 4000 $ US à chaque vente; la technologie des batteries Tesla est générique et facilement imitable maintenant que les grands constructeurs ont décidé de s'y mettre; et le récent Modèle X est «un gros véhicule cher» dont la «structure a été compromise» pour faire place aux portes en élytre.

Pour ajouter l'injure à l'outrage, il donne deux conseils à Tesla: d'abord, faire une auto moins chère à propulsion hybride essence-électrique, «quelque chose qui est électrique durant, disons, 50 ou 60 milles [80 à 95 km] et qui continue à l'essence après». Comme par hasard, c'est exactement la définition de la Volt... une auto dont les ventes sont une déception coûteuse pour GM.

L'autre conseil? «Sabrer les coûts»... ce que GM a réussi à faire seulement dans le cadre de sa faillite en 2009.

Lutz est un homme d'une autre époque, qui aimait les voitures sport et qui est derrière la conception de la Dodge Viper et du prototype Cadillac Sixteen, un coupé mû par un V16 de 13,5 litres de 1000 chevaux. Mais c'est un libre penseur qui a vu l'avenir bien avant tout le monde chez GM, où il a été le parrain indéfectible de la Volt envers et contre tous bien avant que l'entreprise finisse par donner le feu vert à cette voiture hybride.

Dès janvier 2008, il a déclaré que «l'électrification de l'automobile est inévitable».

Son blogue mensuel dans Road & Trackest est intitulé: Go Lutz Yourself.