Les yeux rivés sur son ambitieux objectif de décupler sa production en trois ans, le constructeur américain de voitures électriques Tesla a annoncé mardi l'acquisition d'une société d'ingénierie allemande de 700 employés, Grohmann Engineering.

L'idée de Tesla et de son patron Elon Musk est de développer une chaîne de production très automatisée pour son modèle grand public Modèle 3 qui, espère-t-il, permettra à la compagnie de sortir 500 000 unités annuelles de son usine de Fremont, en Californie, vers 2018Tesla a déjà reçu plus de 370 000 pré-commandes pour cette berline qui devrait être vendue au prix de base de quelque 35 000 dollars US (46 700 huards au taux de change actuel).

La gamme actuelle de Tesla est composée des luxueux Modèle S, une grande berline, et Modèle X, un gros VUS sept-places. Après avoir produit 50 000 voitures en 2015, l'entreprise envisage entre 80 000 et 90 000 unités cette année, dont 50 000 au second semestre.

Une enseigne à la porte de l'usine Tesla à Fremont, en Californie. Pour l'instant, les voitures électriques Tesla y sont assemblés avec du matériel usagé sur une chaîne GM des années 80. Photo: Bloomberg

Rendre Tesla «en partie allemande»

«L'Allemagne possède d'énormes ressources humaines en terme d'automatisation, nous avons pensé qu'il était important pour Tesla de devenir, en partie, une entreprise allemande», a affirmé M. Musk lors d'une conférence téléphonique depuis le siège de Grohmann à Prüm (Ouest de l'Allemagne).

«Plusieurs éléments très importants de la fabrication automatisée de Tesla seront conçus et produits» à Prüm, a précisé l'entreprise californienne dans un communiqué.

Le montant de la transaction n'a pas été divulgué. Grohmann emploie quelque 700 personnes sur son site de Prüm, selon son PDG Klaus Grohmann, dont un tiers d'ingénieurs, un tiers de machinistes et un dernier tiers de développeurs de matériels et de logiciels.

Grohmann est aussi présente en Chine et aux Etats-Unis selon lui.

«L'accord dépendra du feu vert des régulateurs, dont en Allemagne, mais nous espérons l'obtenir et boucler l'acquisition au début de l'année 2017», a indiqué Tesla, en évoquant «plus de 1000 emplois d'ingénierie et d'employés hautement qualifiés» créés par Tesla en Allemagne «dans les deux prochaines années».

Elon Musk lors d'une entrevue à l'usine de Fremont, le 10 juillet 2013. Photo: Bloomberg

Future implantation industrielle en Europe

M. Musk, dont le leitmotiv est de fournir une énergie respectueuse de l'environnement, un objectif «seulement possible avec des usines produisant de forts volumes» selon Tesla, s'emploie notamment à faire baisser le coût des batteries avec son usine géante «Gigafactory» en cours de construction au Nevada.

Côté production de véhicules, Tesla est installé dans une ancienne usine détenue en co-entreprise par Toyota et General Motors à Fremont (60 km au sud-est de San Francisco).

«Jusqu'ici, nous avons augmenté la production de notre usine de Fremont de 400 % en quatre ans, et nous nous attendons à ce que cette acquisition (de Grohmann) fasse accélérer ce rythme de croissance», a assuré l'entreprise dans son communiqué.

«Les clés pour rendre les voitures électriques accessibles, ce sont des économies d'échelle et l'automatisation», a résumé M. Musk mardi.

Interrogé sur ses projets d'implantation industrielle en Europe, M. Musk a estimé que son entreprise «essaierait de choisir en 2017 quel sera le meilleur endroit pour une usine de véhicules et une Gigafactory» (usine de batteries) sur le Vieux continent.

Trois employés s'activent autour d'un Modèle S dans l'usine Tesla de Fremont en 2013. Photo: Ninon Pednault, La Presse

Une usine Tesla et une Gigafactory en Europe

M. Musk, qui a déjà dit ambitionner «plusieurs millions» de Tesla produites par an à l'horizon 2025, a assuré qu'«il n'y a aucun doute qu'à long terme Tesla aura au moins une, et peut-être deux ou trois installations combinant fabrication de véhicules et Gigafactory en Europe».

Le 10 avril dernier, la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal avait évoqué la piste d'une usine Tesla pour reconvertir le site de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) après sa fermeture programmée pour 2018.

Tesla, fondé en 2003, a publié fin octobre le deuxième meilleur bénéfice trimestriel de son histoire grâce à des ventes record, alors que la politique de développement tous azimuts de l'entreprise dans l'électricité et les énergies renouvelables lui a fait brûler beaucoup d'argent, au grand dam des actionnaires qui s'impatientent de percevoir des dividendes.

Un prototype du Modèle 3 en montre à la porte de l'usine de batteries géante Tesla-Panasonic à Sparks, au Nevada. Photo: Reuters