Le syndicat United Auto Workers a-t-il planté un agitateur syndical dans l'usine d'assemblage de Tesla en Californie ? Ou est-ce Elon Musk qui dénigre un employé et ses critiques en inventant une théorie du complot ?

Une personne se présentant comme un assembleur de Tesla a récemment publié un blogue dans lequel il affirme que les employés de la chaîne de montage Tesla sont sous-payés et obligés de faire du «temps supplémentaire excessif». Des «blessures professionnelles évitables se produisent souvent», dit-il, en raison du manque d'écoute de la compagnie au sujet des méthodes de travail.

Le blogue et ses allégations sont signées par un dénommé Jose Moran, qui ajoute : «Nous avons besoin que l'usine soit mieux organisée et je pense -comme nombre de mes collègues- qu'on peut y arriver en nous unissant et en formant un syndicat.»

Dans son blogue, M. Moran affirme travailler depuis quatre ans chez Tesla à l'usine de Fremont (non loin de San Francisco).

Bloomberg

L'enseigne de Tesla Motors, à l'entrée de l'usine de Fremont, non loin de San Francisco. Photo: Bloomberg

Elon Musk riposte

Le président de Tesla, Elon Musk, a rapidement réagi en montrant du doigt le syndicat UAW (qui n'est pas nommé dans le blog de Jose Moran, mais qui a déjà indiqué son désir de syndicaliser Tesla) et en accusant Jose Moran : «Selon nous, ce gars-là a été payé par l'UAW pour s'engager chez Tesla et faire de l'agitation syndicale (...) Il ne travaille pas pour nous, il travaille pour l'UAW.»

M. Musk a fait ces déclarations au magazine Gizmodo, qui a publié ce matin un article sur le blogue controversé de M. Moran.

L'UAW a émis plus tard une déclaration niant que M. Moran ait jamais été payé par le syndicat. Dans une dépêche de l'agence de presse Bloomberg, l'UAW a confirmé avoit été approché par M. Moran et d'autres employés de Tesla.

La controverse survient au moment où Tesla s'apprête à lancer la production du Modèle 3, en plus des Modèle S et Modèle X, déjà construits à l'usine de Fremont.

M. Musk a aussi contredit les deux principales prétentions de M. Moran au sujet des conditions de travail. Au sujet du temps supplémentaire obligatoire, M. Musk a reconnu que cela arrive parfois quand l'usine doit rattraper le temps perdu à cause d'une interruption de la production. Mais il a ajouté que ces situations se produisent de moins en moins souvent.

Pour ce qui est des salaires, le travailleur de Tesla, M. Moran, affirme que la plupart des assembleurs gagnent entre 17 $ et 21 $ par heure, soit en deça du salaire horaire de subsistance dans la région de San Francisco, qu'il situe à 28 $/h.

M. Musk, sans donner de chiffre, rétorque que le salaire d'un employé qui commence chez Tesla est plus élevé que celui d'un syndiqué UAW de même niveau; pour ce qui est des employés plus anciens, il affirme que la rémunération totale d'un salarié Tesla est également meilleure, peu importe l'ancienneté, «si on tient compte des attribution d'actions gratuites», dit M. Musk, cité par Gizmodo.

Le président de Tesla, Elon Musk, écoute le président Donald Trump, lors d'une réunion de chefs d'entreprise à la Maison Blanche le 3 février dernier. Le conseiller spécial de M. Trump, Steve Bannon, est à la droite de M. Musk. Photo: AP

«L'UAW a tué NUMMI»

M. Musk n'est pas tendre envers l'UAW. Il fait allusion au passé de l'usine Tesla à Fremont, qui fut jadis une usine conjointe GM-Toyota appelée NUMMI (New United Motor Manufacturing, Inc); elle a fonctionné de 1984 à 2010 avant d'être cédée à Tesla Motors.

«En toute franchise, je trouve que cette attaque est moralement outrageante. Tesla est la dernière compagnie automobile en Californie, parce que les coûts y sont si élevés.»

«L'UAW a tué NUMMI puis abandonné les travailleurs de notre usine de Fremont en 2010. Leurs prétentions ne tiennent pas debout.»

Pour lire le blogue de Jose Moran, cliquez ici

Pour lire l'article de Gizmodo, cliquez ici.