Le constructeur de voitures américain Tesla, qui va livrer vendredi les premiers exemplaires de son nouveau Modèle 3, règne actuellement sur un marché encore embryonnaire de la voiture électrique.

Avec l'apparition de ce modèle de milieu de gamme (environ 35 000 dollars US, soit 43 900 $ CAN), Tesla veut confirmer son avance prise dans le tout-électrique alors que plusieurs constructeurs tentent d'y percer ou développent d'autres technologies pour la voiture propre du futur que veulent encourager les politiques publiques.

Le tout-électrique

Selon les projections, Tesla a vendu sur les six premiers mois de l'année entre 47 000 et 50 000 voitures dans le monde grâce à ses deux modèles déjà sur le marché, le Modèle S et le Modèle X. Le Modèle 3 doit lui permettre d'atteindre son objectif de 500 000 voitures vendues en 2018 et un million d'ici 2020.

Par comparaison, les deux premiers constructeurs mondiaux, l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota vendent chacun plus de 10 millions de voitures par an.

General Motors, premier constructeur américain avec plus de trois millions de véhicules vendus aux États-Unis l'an dernier, est pour l'instant le principal concurrent de Tesla sur le marché du tout-électrique avec la Bolt, lancée cette année et qui a une autonomie de 383 km. Le Modèle 3, avec ses 345 km d'autonomie, concurrencera directement la Bolt. 

Mais la Bolt se vend mal: seulement 1642 exemplaires en juin et 7600 depuis le début de l'année. GM envisage d'en arrêter temporairement des chaines de production aux États-Unis pour écouler les stocks.

Nissan propose un petit modèle, la Leaf, qui s'est vendu à 1500 exemplaires en juin, un peu moins que la Bolt. La Leaf est la pionnière des voitures tout-électriques; Nissan en a vendu plus de 200 000 à travers le monde depuis son lancement en décembre 2010. Mais même avec l'autonomie étirée à 172 km de certains modèles 2017, elle est démodée et déclassée. Une nouvelle Leaf de 2e génération, ayant un plus long rayon d'action, est attendue vers en septembre 2017. 

La plupart des constructeurs ont actuellement dans leur gamme des voitures électriques de taille et d'autonomie diverses. 

Mais seul Tesla s'est assuré pour l'instant un véritable créneau avec des voitures dont l'autonomie peut atteindre 600 kilomètres.

On peut mettre une chaise dans la soute de la Chevrolet Bolt mais GM peine à mettre des acheteurs dans le siège du conducteur. Photo: GM

La Leaf 2018, attendue en septembre, devrait ressembler au prototype Nissan IDS. Photo: Nissan

Les hybrides rechargeables

Sans être tout électriques, ces voitures sont aussi considérées comme propres grâce à leur recours à l'électricité pour se mouvoir.

Une hybride classique, comme la Toyota Prius lancée en 1997, utilise alternativement, et automatiquement, l'électricité ou l'essence en fonction des exigences de son moteur mais sa consommation de carburant fossile reste significative (de l'ordre de 5 litres/100km). 

Une hybride rechargeable, elle, peut se brancher et être rechargée à intervalles réguliers pour n'utiliser que l'électricité, ne recourant à l'essence que lorsque ses batteries sont vides, contrairement aux Tesla qui n'utilisent que l'électricité. 

Selon le site InsideEvs.com, il s'est vendu au total 158 600 voitures tout-électrique et hybrides recharcheables en 2016 aux États-Unis et près de 777 500 dans le monde, les modèles les plus vendus aux États-Unis étant la Tesla Modèle S, la Toyota Prius, la Chevrolet Volt (la Priu

s et la Volt sont des hybrides essence/électricité), la Tesla Modèle X, la Ford Fusion Energi (une autre hybride) et la Nissan Leaf, ces voitures étant les seules à dépasser les 10 000 exemplaires vendus.

Une hybride rechargeable Prius Prime 2017. Photo: Toyota

L'hydrogène

Cette technologie est décrite depuis plusieurs décennies comme l'autre piste pour un véhicule 100% propre.

Les voitures à hydrogène utilisent une pile à combustible qui ne rejette dans l'atmosphère que de la vapeur d'eau. 

Honda, avec la Clarity, et Toyota, avec la Mirai, ont déjà des tels véhicules sur les routes mais leur diffusion reste confidentielle faute de réseau conséquent de stations-service pour faire le plein d'hydrogène. Un peu plus de 700 Mirai ont été vendues aux États-Unis, essentiellement en Californie, sur les six premiers mois de l'année. Honda a écoulé environ 300 Clarity.

Un homme examine la Toyota Mirai, au Mondial de l'auto de Paris en 2016. Photo: AP

Les politiques publiques

Parmi les pays qui favorisent le développement des tout-électrique ou des hybrides rechargeables, la Norvège - pourtant un pays producteur de pétrole - cavale en tête.

Pour la première fois en juin, les immatriculations de voitures tout-électrique s'y sont arrogées la plus forte part des immatriculations de voitures neuves grâce à une politique d'incitations fiscales suivie depuis plusieurs années et qui vise à éliminer les voitures à combustion d'ici 2025. 

Tesla a aussi fortement bénéficié des incitations fiscales pour l'achat d'un véhicule tout-électrique aux États-Unis mais cette manne s'interrompra lorsque le constructeur y aura vendu au total 200 000 voitures. Ces crédits d'impôts peuvent atteindre jusqu'à 7500 dollars par voiture et leur disparition pourrait handicaper la diffusion du Modèle 3 dont près de 400 000 exemplaires ont déjà été pré-commandés.

Au Canada, il n'y a pas de subvention fédérale, mais trois provinces en accordent. La plus généreuse est l'Ontario, la moins généreuse est la Colombie-Britannique et le Québec est dans le milieu.

Le Norvégien Nils Henningstad, pose devant son Modèle X durant la recharge, à Lillestrom, une banlieue d'Oslo, en Norvège. Photo: AP