Après avoir révolutionné les voitures électriques, Tesla s'attaque à une nouvelle frontière du transport routier «vert» et a dévoilé jeudi un semi-remorque aux lignes futuristes... ainsi qu'un nouveau prototype pour sa voiture de sport Roadster.

Tesla a conçu son camion «pour qu'il soit (aérodynamique) comme une balle», a déclaré Elon Musk, le patron du groupe, lors d'une soirée à Hawthorne, près de Los Angeles, où se trouvent les bureaux de design du constructeur.

Le nouveau semi-remorque aux 4 roues indépendantes et autant de moteurs détonne par rapport aux camions traditionnels par ses lignes épurées et son avant évoquant les trains à grande vitesse, sa carrosserie aux couleurs mates ou métallisées.

Il accélère de 0 à presque 100 km à l'heure en seulement 5 secondes, a promis le richissime visionnaire né en Afrique du Sud.

Le Tesla Semi a été montré à des journalistes, des fans et des acheteurs potentiels. Photo: AFP

800 km d'autonomie réelle à vitesse d'autoroute

Le Semi a une autonomie de 800 km (500 miles) «chargé à son poids maximum et à vitesse d'autoroute», a affirmé Elon Musk devant un parterre de centaines de clients, employés et journalistes. Le poids maximum permis par la réglementation nord-américaine est de 80 000 livres (36 287 kg) pour les camions-remorques Classe 8, à laquelle appartiendra le Tesla Semi).

Une autonomie de 800 km représente seulement la moitié du rayon d'action d'un Classe 8 diesel, mais M. Musk affirme que cela n'est pas un problème : «Comme 80% de trajets font moins de 250 milles (400 km), ça veut dire qu'on peut aller à sa destination et revenir sans recharger», a encore précisé M. Musk. Pour les trajets plus longs, Musk a indiqué qu'une recharge partielle de 30 minutes donne 640 km supplémentaires.



La cabine de pilotage du Semi est assez haute pour permettre au conducteur de se tenir debout et se mouvoir sans contorsions. Mais il n'y a pas de couchette, puisque le Tesla Semi n'est pas destiné aux très longs trajets.

Le conducteur est assis au centre de l'habitacle pour une visibilité non obstruée. Le siège pour un passager a quasiment disparu. À la place, un strapontin sur la cloison arrière équipée de rangements.

Le siège est équipé de deux écrans tactiles pour la navigation, la musique, l'information routière, etc.

La cabine de pilotage du Semi est assez haute pour permettre au conducteur de se tenir debout et se mouvoir sans contorsions. Photo: Tesla via Reuters

Combien le camion ? Mystère... mais ce ne sera pas bon marché

«Le coût d'un camion d'un camion est extrêmement important», a reconnu Musk, mais il a assuré que les coûts d'exploitation d'un camion-remorque diesel seraient 20 % supérieurs à ceux d'un Tesla Semi tout électrique en incluant tous les coûts y compris assurances et carburant.

Le Semi arrive toutefois au moment où divers constructeurs comme Daimler, Volkswagen, Nikola, Einride, travaillent aussi au développement de semi-remorques électriques, parfois équipés de fonctions de conduite autonome et d'un design futuriste.

Les experts remarquent aussi que des poids lourds et bus fonctionnant aux énergies alternatives comme les piles à hydrogène ou le gaz naturel comprimé existent déjà.

Le Semi pourra s'adapter aux remorques standard. Il dispose des mêmes fonctionnalité d'assistance au pilotage que la berline compacte Model 3 (caméras, détecteurs pour minimiser les angles morts, les changements de voie intempestifs, freinage d'urgence...).

Le constructeur n'a pas donné de détails sur les coûts ou le lieu de fabrication. Il vise fin 2019 pour démarrer la production, même si «Elon Musk n'est pas très bon pour tenir les délais», remarque Rebecca Lindland, analyste de la société de conseil automobile Kelley Blue Book.

Le rythme de fabrication du Modèle 3 est notamment très en retard, avec des pic de production de 500 à 1000 exemplaires par semaine sur certaines lignes de fabrication alors que l'objectif était de 5000.

Le Semi vise toute la gamme des trajets routiers courts ou longs et les camions pourront se recharger sur les stations «Superchargeur» de Tesla - 1000 actuellement disponibles dans le monde.

Le Semi dispose des mêmes fonctionnalité d'assistance au pilotage que la berline compacte Modèle 3 (caméras, détecteurs pour minimiser les angles morts, les changements de voie intempestifs, freinage d'urgence...). Photo: Reuters

Intéressants surtout s'ils sont autonomes

Pour Rebecca Lindland, les semi-remorques électriques - et plus encore avec conduite autonome - sont particulièrement intéressants pour les villes et banlieues, les entreprises avec des routes répétitives comme la poste, la société de messagerie express UPS, voire les camions de nettoyage municipal, les bus scolaires, etc.

Tesla a confirmé un projet d'usine en Chine et «il y a des opportunités formidables là-bas», où les grandes villes luttent contre le smog, ajoute-t-elle.

Des nouveaux produits pour le groupe qui doit encore lancer la fabrication de ses toits solaires à la fin de cette année, accélérer la production de ses trois modèles de voitures (S, X, 3), et surtout devenir enfin rentable.

«Wall Street reste très tolérant vis-à-vis d'Elon Musk et considère Tesla comme une entreprise de technologie plus qu'un constructeur auto», note Mme Lindland, «mais il y aura un moment où les investisseurs (...) auront besoin de voir des bénéfices».

L'action prenait 0,36% dans les échanges électroniques à 312,5 dollars après la présentation.