L'agence de presse financière Bloomberg s'est demandé combien d'argent Tesla dépense et a mis deux journalistes là-dessus. Ils sont revenus avec des réponses qui feront peur à ceux qui ont misent sur la compagnie d'Elon Musk pour arracher l'automobile à sa dépendance au pétrole. Dès la toute première ligne de l'article, Bloomberg affirme que Tesla pourrait manquer d'argent avant la fin de l'année.

L'article intitulé : «Tesla ne brûle pas d'essence, elle brûle de l'argent» est illustré d'un photomontage animé tout aussi incendiaire que le titre, accompagné d'un odomètre qui compte non pas des kilomètres, mais combien d'argent Tesla a flambé d'argent depuis que le lecteur a cliqué sur l'article et commencé à le lire (6500 $ par minute !).

L'article note que Tesla, une PME de 899 employés en 2010, s'est mise à engager du monde comme si l'argent poussait aux arbres et a maintenant des effectifs de 40 000 personnes.

Beaucoup d'embauches

Le problème, c'est que la croissance des salaires est plus rapide que la croissance des revenus et ce, durant trois des quatre dernières années, explique Bloomberg. L'année la plus grasse est 2017, quand Tesla a absorbé les effectifs de Solar City et commencé à produire le Modèle 3.

Non seulement, les effectifs ont-ils triplé depuis trois ans, le revenu par employé a stagné sur la même période. Par comparaison, GM et Ford produisent 2,5 fois de revenu par employé que Tesla, note Bloomberg.

L'article rappelle que l'agence de notation Moody's a prévenu les investisseurs que Tesla aura besoin de 2 milliards US en capitaux frais cette année (Musk dit que c'est inexact et promet la rentabilité bientôt).

Bloomberg montre aussi que la dette à long-terme de Tesla augmente (et rappelle que 1,2 milliard de dette vient à échéance en 2019). L'article rappelle aussi que les requins de la finance qui vendent les actions de Tesla à découvert sont convaincus que Tesla va frapper un mur d'ici peu.

Tout cela laisse un mauvais arrière-goût à la récente blague de faillite faite par Elon Musk sur les réseaux sociaux. Un futur client ayant versé 1000 $ US pour réserver son Modèle 3 --ou 50 000 $ pour un Roadster-- la trouvera sans doute moins drôle après avoir lu l'article.

Mois cruciaux pour Tesla

L'article de Bloomberg est à lire parce qu'il synthétise beaucoup d'informations et de données financières publiques, mais pas nécessairement très connues sur Tesla, certainement une des compagnies les plus aimées au monde. (Un propriétaire de Tesla a dit à Bloomberg qu'il donnerait un rein à Elon Musk si ce dernier en avait besoin.)

Ainsi Musk tire un grand avantage de ce qu'il se fait payer en actions de Tesla et qu'il en achète constamment avec sa fortune personnelle, si bien qu'il est le principal actionnaire de la compagnie avec 20 % des actions.

En quoi cela l'aide-t-il ? Aucun autre PDG de compagnie n'a autant de risque personnel dans sa compagnie que Musk dans Tesla, explique un investisseur cité dans l'article. Cela donne beaucoup de crédibilité à Musk, au moment où il doit vraisemblablement convaincre des investisseurs d'injecter des capitaux frais. Mais il y a un moment où les chiffres parlent et l'article de Bloomberg se demande si les investisseurs seront prêts à suivre Musk dans autant de risque.

Ils sont nombreux à espérer que oui, clients, partisans, actionnaires et tous ceux qui misent sur Musk et ses voitures électriques pour mener la transition de l'automobile vers un modèle non polluant.

Pour lire l'article de l'agence Bloomberg, cliquez ici.

Elon Musk. Photo AFP