Elon Musk, PDG de Tesla, accuse un employé de «sabotage» et de vol d'informations «ultra sensibles» qu'il aurait transmises à des «parties tierces inconnues», selon un courrier interne.

«J'ai été consterné d'apprendre ce week-end qu'un employé de Tesla a commis un gros acte de sabotage nuisible à nos opérations», écrit M. Musk, dans cette lettre diffusée mardi par des analystes financiers.

«Ceci inclut des changements purs et simples de code du système de fabrication de Tesla en empruntant de faux noms d'utilisateurs et l'exportation de tonnes d'informations ultra sensibles à des parties tierces inconnues», poursuit le dirigeant.

«L'étendue de ses actions n'est pas claire mais au vu de ce qu'il a reconnu avoir fait jusqu'à présent c'est plutôt mauvais», ajoute-t-il.

Elon Musk ne dévoile pas le nom de l'employé, dont la motivation était «qu'il voulait une promotion qu'il n'a pas obtenue».

Ce n'est pas la première fois que Musk évoque du sabotage : en septembre 2016, quand une fusée SpaceX a explosé, il avait émis cette hypothèse après qu'un premier examen de l'accident n'ait pas permis de trouver sa cause (une seconde enquête interne a fini par identifier un défaillance expliquant l'explosion).

Des organisations voulant que Tesla meure

Il ne donne pas non plus d'indication sur les «parties tierces» auxquelles le salarié a transmis les informations mais il rappelle dans son courrier que des financiers ont spéculé sur l'effondrement de Tesla et ont perdu récemment «des milliards de dollars» parce que leurs paris se sont avérés pour le moment infructueux.

«Vous le savez, elle est longue la liste des organisations qui veulent voir Tesla mourir», a écrit Musk. Il a évoqué les spéculateurs qui vendent à découvert (une façon risquée de parier sur la chute de l'action) et «qui ont déjà perdu des milliards de dollars», les compagnies pétrolières qui «ne sont pas en amour» avec la progression des voitures électriques et de l'énergie solaire, de même que les constructeurs de véhicules à essence ou diesel. «S'ils sont prêts à tricher tellement au sujet des émissions polluantes. peut-être sont-ils prêts à d'autres sortes de tricheries ?», demande-t-il dans une lettre qui demande aussi aux employés de garder l'oeil ouvert et de signaler toute situation anormale.

En effet, Musk évoque un petit incendie --inexpliqué, selon lui-- qui se serait récemment déclaré à l'usine d'assemblage de Fremont, en Californie. Les flammes ont été éteintes rapidement sans causer de dommages sérieux, mais le PDG de Tesla met en garde le personnel : «Ce pourrait être juste une coïncidence, mais comme Andy Grove le disait, "seuls les paranoïaques survivent"», une citation de feu le président d'Intel. «Soyez attentifs à tout ce qui n'est pas dans l'intérêt de la compagnie.»

«Seuls les paranoïaques survivent»

L'enquête de Tesla se poursuit afin de déterminer si l'employé accusé par Musk d'être un saboteur et un espion a agi seul ou avait des complices en interne et en externe, affirme encore Musk.

Musk n'a peut-être pas tort d'être un «paranoïaque» à la Andy Grove et de s'inquiéter des saboteurs et des espions : l'agence de presse Bloomberg rappellait ce matin que Tesla a déjà poursuivi un ex-cadre d'une compagnie de services pétroliers pour s'être fait passer pour Elon Musk dans un courriel au directeur financier de Tesla à l'époque, Jason Wheeler. Tesla alléguait dans la poursuite que le courriel faisait partie d'un effort de l'industrie pétrolière visant à nuire aux énergies alternatives dans le transport.

Par ailleurs, personne ne peut blâmer Musk d'être méfiant envers les spéculateurs : Tesla est toujours parmi les compagnies les plus vendues à découvert parmi les sociétés américaines cotées en Bourse. Or, contrairement aux espérances des spéculateurs baissiers, le cours de l'action de Tesla avait monté durant les 7 derniers jours ouvrables consécutifs (avant mardi), après que Musk soit parvenu à rassurer les marchés sur l'augmentation de production du Modèle 3. Cela a probablement déjà coûté cher aux vendeurs à découvert et Musk a prédit dans un tweet, lundi, que ces spéculateurs baissiers ont «ont encore environ trois semaines avant que leur position à découvert explose».

Une controverse après l'autre

Le constructeur de véhicules électriques fait les gros titres de la presse depuis plusieurs semaines, soit pour des retards de production du Modèle 3, soit pour des accidents, dont certains mortels, impliquant dans certains cas le système de conduite assistée Autopilot, soit pour les déclarations intempestives et les bras de fer verbaux de son fondateur avec les milieux financiers.

Tesla a annoncé récemment un vaste plan de restructuration comprenant la suppression de 9% de ses effectifs, soit près de 4000 personnes, pour réduire ses coûts et espérer dégager des profits au troisième trimestre, ce qui serait seulement le troisième profit trimestriel en 15 ans d'existence.

Le groupe est par ailleurs sous pression des marchés financiers pour respecter son nouvel objectif de produire 5000 Modèle 3 par semaine d'ici fin juin.

Ce véhicule dont le prix de base est de 35 000 dollars (environ 46 500 dollars canadiens) avait reçu 450 000 commandes nettes à fin mars et est censé faire de Tesla un constructeur automobile de masse.

Vers 11 h mardi, l'action de Tesla perdait 5,73 % (21,27 $), à 349,56 $, à la Bourse NASDAQ.