Nouveau coup dur pour le médiatique patron de Tesla, Elon Musk : l'organisme américain de la réglementation de la Bourse a décidé de le poursuivre en justice l'accusant d'avoir trompé les investisseurs quand il a évoqué un retrait de la Bourse dans un tweet au mois d'août.

Dans sa plainte déposée jeudi à New York, la SEC demande que le patron du groupe automobile, habitué des coups de sang et des polémiques, ne dirige plus d'entreprise cotée en Bourse. L'annonce de ces poursuites ont fait chuter le cours du titre Tesla à New York de 13,5%.

L'intéressé a rapidement réagi pour nier ces accusations: «Cette action injustifiée de la SEC m'attriste profondément et me déçoit», a-t-il écrit dans un communiqué lapidaire.

«J'ai toujours agi dans le meilleur intérêt de la vérité, de la transparence et des investisseurs. L'intégrité est la valeur la plus importante de ma vie et les faits démontreront que je n'ai jamais compromis cela d'aucune manière», a poursuivi l'homme d'affaires de 47 ans.

Le fameux milliardaire avait créé la stupeur avec un tweet le 7 août, affirmant qu'il voulait retirer son groupe de la Bourse, lorsque l'action atteindrait 420 dollars.

Le montant avancé par M. Musk valorisait alors Tesla à plus de 71 milliards de dollars et aurait requis au moins 50 milliards de financements si M. Musk gardait sa participation de 20%.

Le titre du constructeur de voitures électriques haut de gamme avait bondi à 379,57 dollars, après la diffusion du tweet de M. Musk.

Il avait ajouté que le financement était «sécurisé» pour effectuer cette opération, mais il n'en était rien, estime la SEC.

«Célébrité» 

Quelques jours plus tard, il affirmait être en discussions avec le fonds souverain saoudien et d'autres investisseurs pour financer le possible retrait de la cote. Enfin, le groupe avait finalement abandonné cette idée quelque temps après et l'action avait perdu jusqu'à 30% de sa valeur.

«Les déclarations de M. Musk ont trompé les investisseurs en faisant croire qu'il était quasiment certain de pouvoir retirer Tesla de la Bourse au prix de 420 dollars l'action», a affirmé Stephanie Avakian, de la SEC, lors d'une conférence de presse.

«En réalité, au moment de ses déclarations, M. Musk n'avait pas assuré de financement. (...). Au contraire, (...) il n'avait même pas discuté les éléments les plus importants de la transaction, notamment le prix, avec la moindre source possible de financement», a-t-elle accusé.

La SEC souhaite donc que la justice reconnaisse qu'il a «commis une fraude boursière», lui interdise de recommencer dans l'avenir, ordonne des amendes, la confiscation de tous gains indûs et une interdiction d'être à la tête ou au conseil d'administration d'un groupe coté en Bourse, a aussi détaillé Mme Avakian.

«Ces affirmations trompeuses ont créé d'importante perturbations sur le marché dans les minutes qui ont suivi le tweet», a ajouté son collègue, Steven Peikin.

La SEC estime que cela «fait du tort aux investisseurs».

L'agence officielle souligne qu'à la date du tweet, plus de 22 millions de personnes, «notamment des journalistes», suivaient le compte Twitter du patron de Tesla et ont pu relayer l'information.

«Ni la célébrité, ni la réputation d'être un innovateur technologique» ne permettent de s'affranchir des règles, a aussi estimé Mme Avakian.

Polémiques 

Ce tweet vaut déjà à Tesla et à son patron des poursuites de la part d'investisseurs estimant avoir été trompés, tandis que le ministère de la Justice a aussi décidé d'enquêter pénalement.

Elon Musk, qui vivt à Los Angeles, est un habitué des polémiques et des déclarations fracassantes sur Twitter, son moyen de communication préféré.

D'autres tweets, d'une toute autre nature, lui valent des ennuis judiciaires: il est poursuivi en justice pour diffamation après avoir traité de pédophile un spéléologue britannique qui avait aidé au sauvetage d'enfants thaïlandais coincés dans une grotte cet été.

En août, Elon Musk avait révélé son état d'intense fatigue et de stress lors d'un entretien au New York Times, qui le décrivait comme «passant du rire aux larmes» au cours de la conversation.

Début septembre, il a encore fait couler de l'encre avec un entretien télévisé déjanté, buvant du whisky et fumant du cannabis (qui est légal en Californie) tout en évoquant la conquête spatiale ou la fin du monde.

Autant d'éléments de nature à renforcer les doutes de certains analystes sur son équilibre mental et sa capacité à diriger Tesla qui, par ailleurs, perd beaucoup d'argent.

Elon Musk est aussi derrière la compagnie spatiale privée américaine SpaceX.