Tesla, le fabricant américain de voitures électriques, a dégringolé à Wall Street vendredi, alors que le gendarme des marchés financiers (SEC) accuse officiellement son emblématique patron, Elon Musk, d'avoir induit en erreur les investisseurs en évoquant dans un tweet un retrait de la Bourse.

L'action a terminé la journée boursière en baisse de 13,9 % (42,75 $) à 264,77 $.  Il avait le 7 août, dans la foulée du tweet fatidique, bondi jusqu'à 379,57 dollars.

Musk, habitué des coups de gueule et des coups d'éclat, avait alors envoyé un tweet extraordinaire au beau milieu de la séance boursière, affirmant qu'il songeait retirer son groupe de la Bourse lorsque l'action atteindrait 420 $ et qu'il avait pour ce faire déjà sécurisé les financements nécessaires.

Neuf affirmations fausses et trompeuses

Il n'en était rien, estime aujourd'hui la Securities and Exchange Commission, qui dénombre pas moins de 9 déclarations fausses ou trompeuses dans les affirmations de Musk à partir de la journée où il a envoyé son tweet. Et ce sans compter de nombreuses omissions ayant elles aussi créé le «chaos sur les marchés financiers» et causé des dommages à certains investisseurs.

Aussi dans une plainte déposée jeudi soir, la SEC accuse de fraude boursière le patron de Tesla et demande à la cour fédérale de le bannir à vie de la Bourse, en lui interdisant d'assumer toute fonction de direction d'une entreprise cotée en Bourse, quelle qu'elle soit. Cette radiation permanente, si la cour reconnaît Musk coupable et acquiesce à la demande de la SEC, l'empêcherait aussi de siéger à un conseil d'administration.

Si Musk est chassé de Tesla au terme des procédures judiciaires, «cela pourrait accélérer la transition inévitable vers une valorisation de l'action de Tesla uniquement basée sur les fondamentaux», ont estimé les analystes de JPMorgan. Or, le groupe profite actuellement largement de l'engouement de nombreux investisseurs pour la personnalité de M. Musk, beaucoup voyant en lui un bouillonnant visionnaire.

Que vaut Tesla sans Musk ?

Aussi Tesla vaut à Wall Street plus que le deuxième constructeur automobile américain, Ford, alors même que l'entreprise n'a gagné de l'argent que sur deux trimestres en 15 ans.

Au-delà du problème lié à l'éventuel départ de M. Musk en lui-même, tous ces remous autour de la société «pourraient entamer la confiance des investisseurs, des clients et des fournisseurs», soulignent les analystes de JPMorgan. Les conducteurs désirant une voiture fabriquée par le constructeur pourraient par exemple être beaucoup plus réticents à verser une caution longtemps à l'avance, relèvent-ils.

Les investisseurs institutionnels pourraient aussi vouloir limiter leur participation dans une entreprise visée par une enquête de la SEC, souligne Jed Dorsheimer, analyste pour Canaccord Genuity.

Avec La Presse