Le premier constructeur automobile mondial, le japonais Toyota, prévoit un bénéfice net annuel colossal équivalent à 16,5 milliards, grâce à la dépréciation du yen et malgré un tassement de ses ventes au printemps.

Le géant basé dans la région de Nagoya (centre du Japon) a annoncé vendredi qu'il escomptait élever de plus de moitié son profit net lors de l'exercice comptable en cours (avril 2013 à mars 2014), par rapport à celui de l'année précédente.

Toyota ne s'attend pourtant pas à vendre davantage de véhicules qu'il l'espérait en début d'exercice, mais il profite à plein de la dépréciation du yen qui augmente la valeur de ses ventes à l'étranger, lorsque le groupe les convertit en monnaie nippone.

Le constructeur bénéficie également des mesures prises par la Banque du Japon qui, sous la pression du  gouvernement de droite de Shinzo Abe arrivé aux affaires en décembre, a fortement assoupli sa politique monétaire.

Le yen, qui évoluait depuis des années à des niveaux de vigueur inédits, a ainsi perdu 25% face au dollar et 30% face à l'euro en six mois. Résultat: une bouffée d'oxygène pour Toyota dont quelque 40% des véhicules sortent encore de ses usines japonaises - beaucoup plus que son compatriote Nissan, allié du français Renault, qui a davantage délocalisé.

Sans même augmenter le nombre de véhicules écoulés - ses ventes ont même baissé de 1,6% sur un an -, le constructeur a donc presque doublé son bénéfice net lors du premier trimestre de son exercice comptable (avril à juin), à 562 milliards de yens (5,9 milliards), un record pour Toyota.

Comme nombre de ses concurrents, Toyota a pourtant été confronté à un marché souvent hésitant sur fond de conjoncture économique poussive.

Ses ventes ont baissé au Japon (-9%), handicapées par l'arrêt des subventions publiques à l'achat de voitures peu gourmandes en énergie, dont le pionnier des systèmes hybrides (double motorisation à essence et électricité) avait profité à plein l'année précédente.

Le fabricant de la Yaris a aussi écoulé moins de véhicules en Europe (-8%), en proie à la récession, et en Asie (-6%), où se sont fait sentir un certain ralentissement de la croissance sur le continent ainsi que les conséquences du conflit territorial sino-nippon -- pour le cas spécifique du marché chinois.

Toyota a en revanche connu meilleure fortune en Amérique du Nord (+4%), profitant d'un rebond du marché aux États-Unis où son image de marque ne souffre plus du rappel massif de véhicules de fin 2009-début 2010.

Le groupe, qui voudrait réaliser dès 2015 la moitié de ses ventes dans les pays émergents où il investit massivement, a aussi davantage vendu sur les nouveaux marchés d'Amérique latine, d'Océanie et d'Afrique.

Après la quasi-paralysie de sa production causée par le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon, Toyota est redevenu en 2012 le numéro un mondial avec 9,75 millions de véhicules écoulés (marques Toyota, de luxe Lexus, poids lourds Hino et petites voitures Daihatsu comprises).

Pour l'année calendaire 2013, il espère frôler les 10 millions d'unités vendues et projette désormais de dépasser cette barre du côté de la production, ce qui constituerait une première.