La «Mirai», première berline roulant à l'hydrogène, prendra la route en décembre au Japon, avant de rejoindre l'Europe et les États-Unis en septembre 2015, un «tournant dans l'industrie automobile» selon son concepteur, le constructeur nippon Toyota, même si ses objectifs restent modestes.

Avant cette voiture dont le nom signifie «futur» en japonais, des modèles basés sur une technologie similaire ont été mis sur le marché, mais jamais à une telle échelle.

Le groupe espère en vendre 400 d'ici à fin 2015 au Japon, de 50 à 100 annuellement en Europe (Royaume-Uni, Allemagne et Danemark dans un premier temps) et plus de 3000 aux États-Unis avant fin 2017.

«Nous ne sommes qu'au début» de l'aventure, a déclaré le vice-président Mitsuhisa Kato lors de la conférence de lancement, organisée en grande pompe au Musée national des sciences et de la technologie de Tokyo (Miraikan).

Toyota espère ensuite accélérer le rythme et ambitionne d'en écouler «des dizaines de milliers dans les années 2020».

La Mirai, une berline qui peut parcourir 650 km avec un seul plein effectué en trois minutes, est alimentée par une pile à combustible à base d'hydrogène, sur le principe de l'électrolyse inversée: de l'électricité est générée en faisant passer dans un circuit des électrons extirpés d'atomes d'hydrogène.

Ces derniers se combinent ensuite avec l'oxygène de l'air pour former de l'eau, seule émission produite par le véhicule, a détaillé Toyota, qui décrit la Mirai comme «le modèle par excellence de la voiture propre».

Le numéro un mondial de l'automobile a déjà fait figure de pionnier dans l'hybride. Il a vendu plus de sept millions d'unités fonctionnant avec la double motorisation essence et électricité, dont la Prius, depuis leurs débuts en 1997.

Manque d'infrastructures

Outre la carte écolo, la dernière née de Toyota «offre le même service en terme d'autonomie qu'un véhicule classique», alors qu'«avec un pur véhicule électrique, on est limité de façon forte», explique Jean-François Gruson, expert à l'institut IFP Energies nouvelles, interrogé à Paris. Le temps de charge est lui aussi comparable aux voitures à essence.

Le prix risque cependant d'être un frein: 6,7 millions de yens dans l'archipel nippon, 57 500 dollars aux États-Unis et 66 000 euros en Europe (hors taxe), prévient Hans Greimel, correspondant en Asie du magazine américain Automotive News.

Autre facteur dissuasif, le manque de stations de recharge. «C'est la problématique classique de l'oeuf et de la poule: personne ne veut acheter les voitures parce qu'il n'y a pas d'infrastructures», et vice versa, relève-t-il.

Les ventes se concentreront donc dans les régions les mieux dotées. Au Japon, elles sont actuellement 40, dans les environs des grandes agglomérations de Tokyo, Nagoya, Osaka et Fukuoka.

En Californie, elles devraient être 48 fin 2016 et dans le nord-est des États-Unis 12 à la même période, construites par le spécialiste des gaz industriels, Air Liquide, en partenariat avec Toyota.

En Europe, le groupe français a installé plusieurs bornes au Danemark et en Allemagne notamment, tandis qu'en France, le marché est «balbutiant», selon M. Gruson.

Toyota développe des véhicules à pile à combustible depuis plus de 20 ans, utilisés en interne. En 2002, il est allé plus loin en proposant en location un SUV de ce type sur une base limitée au Japon et aux Etats-Unis.

Son concurrent et compatriote Honda Motor, qui a vendu par le passé un modèle similaire, mais en très peu d'exemplaires, prévoit de lancer à son tour une voiture utilisant cette technologie d'ici à mars 2016.

Nissan planche aussi sur le sujet, de même que des constructeurs étrangers, comme le sud-coréen Hyundai.

«L'hydrogène est une ressource inépuisable qui peut être stockée et transportée facilement», souligne Toyota, qui espère plus largement «contribuer à l'instauration d'une société» basée sur cette énergie prometteuse.

Petit bémol cependant, si l'hydrogène n'émet pas de CO2 depuis la voiture, sa production, elle, en génère dans la plupart des cas. Élément le plus abondant sur Terre, il ne se trouve pas séparément à l'état naturel.