Le géant japonais Toyota s'apprête à nommer début avril le Français Didier Leroy, patron de ses activités en Europe, au poste de l'un des six vice-présidents exécutifs, premier étranger à prendre ce titre, affirme mercredi le quotidien économique Nikkei.

Dans le même «effort de diversification», le numéro un mondial de l'automobile va pour la première fois promouvoir une femme dans l'équipe dirigeante, composée pour l'heure de 57 hommes, dont seulement sept non-Japonais.

Parmi ces derniers, Didier Leroy se verrait propulser au rang de numéro deux (au côté de 5 Japonais), sous la supervision directe du patron Akio Toyoda.

Cet ingénieur de 57 ans a débuté sa carrière dans l'industrie automobile en 1982 au sein du groupe français Renault, où il a occupé plusieurs postes de direction d'usines sur une période de 16 ans.

En 1998, il rejoint Toyota en tant que vice-président chargé des affaires industrielles de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF). Il est chargé de la création du site de Valenciennes-Onnaing, opérationnel en janvier 2001, et du lancement de la production de la Yaris. Après avoir réussi la montée en puissance du site, il en est nommé président en 2005.

En 2007, M. Leroy prend de hautes responsabilités au sein de la division européenne (56 pays), dont il gagnera la tête quatre ans plus tard.

«Il est considéré comme un candidat sérieux car il a réussi à réduire les coûts et améliorer la rentabilité» dans un marché peu dynamique, souligne le Nikkei.

Contacté par l'AFP, le groupe de la région du Nagoya (centre du Japon) s'est refusé à commenter ces informations de presse, aucune annonce officielle n'ayant eu lieu pour l'heure.

A l'exception de Nissan, qui a noué un partenariat avec le Français Renault et est dirigé par un étranger, Carlos Ghosn, les autres constructeurs japonais, à l'image de Honda, rechignent à s'appuyer sur des talents non issus du sérail, rappelle le quotidien nippon.

Les femmes y occupent également une place très modeste, une situation que le Premier ministre Shinzo Abe veut changer pour répondre au déclin de la main-d'oeuvre dans un pays vieillissant.

Sous son impulsion, plusieurs grandes firmes ont instauré des quotas. Toyota, qui ne compte que 101 femmes cadres, soit 1,1% des 9.458 responsables d'équipes, prévoit ainsi de tripler leur nombre d'ici à 2020 pour parvenir à 320, puis à 570 à l'horizon 2030.

Le défi apparaît cependant immense dans un pays où l'environnement professionnel demeure généralement peu favorable (heures supplémentaires quasi-obligatoires) et où les mentalités perçues en Occident comme rétrogrades et machistes perdurent.