La Camry ne veut plus être la voiture moyenne que l'on subit, mais celle que l'on choisit. Son design très énergique, loin du style mollement unanimiste de ses devancières, cherche à surprendre, voire à interpeller. Il s'agit de rompre avec cette réputation de ne constituer qu'un choix par défaut, rationnel, au sens le plus restrictif du terme.

Apparue en 1982, la Toyota Camry n'a jamais déchaîné les passions. Gentiment banale et moyenne dans tous les domaines de comparaison, la Camry n'avait à vrai dire pas grand-chose de palpitant. Sa carrière a jusqu'ici été celle d'une berline familiale sans souci, n'offrant aucun charisme particulier, mais affichant une fiabilité à toute épreuve.

Cet honnête bilan, Toyota ne veut plus s'en satisfaire, d'autant que la catégorie des berlines familiales accueillera très prochainement des Honda Accord et Nissan Altima toutes neuves.

Un segment de marché qui a fondu de 11 % en 2016

Cette offensive de Toyota se déploie sur un terrain de plus en plus étroit. Le marché de la berline intermédiaire a accusé une érosion de 11 % au cours de la dernière année au Canada, mais ce genre de voiture conserve un statut particulier : celui de modèle de référence, voire de porte-drapeau d'une marque.

Originaux sur le CH-R mais un peu trop déconcertants sur la Prius, les codes esthétiques développés par les stylistes de Toyota s'expriment ici sans excès, avec des angles plus ouverts et des effets de contraste moins exacerbés. La partie avant, athlétique et anguleuse, dégage une certaine puissance. 

De profil, le traitement de la carrosserie confirme la volonté de faire massif, mais pas balourd, en dépit d'importantes surfaces vitrées.

Deux tons, bon équipement, beaucoup de place

Pour ajouter un soupçon de fantaisie, le constructeur japonais va même jusqu'à proposer un traitement deux tons (option de 550 $) pour accentuer les effets de contraste.

À bord, l'ensemble est tiré à quatre épingles, mais pas très guilleret, surtout sur les déclinaisons de base, notamment la L, ticket d'entrée de la gamme. Seule touche de fantaisie : des teintes parfois criardes, comme en fait foi cet habitacle rouge. À l'intérieur, l'espace est réellement vaste, en particulier aux places arrière, qui accueillent confortablement deux adultes normalement constitués. Les dossiers de la banquette (60 : 40) se rabattent aisément pour accroître le volume --déjà important-- du coffre.

Bien pourvue dès la version de base (ce qui explique la hausse des prix), cette Camry dispose désormais de sièges avant chauffants de série et de l'éventail de dispositifs de sécurité Toyota Safety Sense, qui comprend notamment le système précollision avec détection des piétons, l'alerte de sortie de voie avec assistance à la direction, ainsi qu'un régulateur de vitesse intelligent. Malheureusement, les capteurs d'angles morts ne figurent pas sur cette liste, mais sont offerts dans les modèles haut de gamme.

La Camry lors de sa présentation au Salon de l'auto de Détroit le 9 janvier 2017. Photo: AP

Excécrable Entune 3.0

La Camry s'enorgueillit d'être la « première Toyota au Canada à offrir des services de connectivité embarqués à la pointe de la technologie ». Espérons que ce soit la dernière.

Le dispositif Entune 3.0 donne plusieurs informations sans doute (y compris les prix du carburant où vous vous trouvez), mais sa fonctionnalité mains libres (Bluetooth) est exécrable. 

Est-ce la qualité du microphone (ou son emplacement ?), de l'interface ? Toujours est-il qu'il n'est pas au point et qu'il a été impossible d'entretenir la moindre conversation téléphonique à bord (problèmes d'écho, interruption de service, et j'en passe). 

À revoir, et vite. 

Et ce faisant, pourquoi ne pas adopter l'Apple Car Play et Android Auto, dont la fiabilité des systèmes est à la hauteur de la réputation de la marque ?

Pour ce qui est du Bluetooth, il fraudra repasser.

Tenue de route correcte

Plus longue, plus basse et un brin plus large que le modèle qu'elle remplace, cette Camry 2018 est conçue sur un châssis (nom de code TNGA) qu'elle partage avec d'autres modèles du groupe, déjà réputés pour offrir un meilleur ressenti au volant. Avant de trop vous enthousiasmer, il importe d'apporter une précision importante : seules les déclinaisons SE et XSE affichent un comportement plus sportif. Les autres conservent sensiblement les attributs dynamiques des générations précédentes - quoiqu'améliorés grâce à un centre de gravité moins élevé -, à savoir : confort et stabilité. Les SE et XSE proposent une expérience plus enthousiasmante en raison de pneumatiques plus performants, mais aussi de réglages spécifiques apportés à la suspension. Il en résulte un comportement plus fin, plus précis et surtout plus agréable. En dépit de leur plus grande fermeté, les éléments suspenseurs procurent un confort de roulement tout à fait acceptable, même sur des routes aussi endommagées que celles de Montréal. Et ce qui ne gâte rien, l'assistance de la direction est correctement dosée. Ni trop légère ni trop lourde, elle donne une bonne sensation du train avant.

Encore le V6

La Camry ne souffre d'aucun gros point faible, mais mérite quelques petites critiques ponctuelles. Le freinage, par exemple, manque d'endurance, tandis que la boîte de vitesses - elle compte désormais huit rapports - manque de réactivité, notamment dans les phases de rétrocontact (kickdown, en latin de garage).

Sous le capot, d'aucuns s'étonneront d'apprendre que le moteur V6 rempile. Doté de l'injection directe et d'une cavalerie plus importante (301 chevaux), ce moteur est une soie. Silencieux, volontaire et étonnamment économique, il permet à la Camry de signer des temps d'accélération et de reprises assez surprenants. Aussi plaisante soit-elle, cette mécanique ne se retrouvera probablement pas sous le capot de plus de 10 % des Camry vendues au pays. Les consommateurs lui préféreront le moteur quatre cylindres de 2,5 litres que nous n'avons hélas pas eu l'occasion d'essayer. Pas plus que la version hybride qui, malheureusement, ne comporte pas un fil à la roue (lire qu'elle ne se recharge pas), un privilège toujours exclusivement réservé à la seule Prius Prime.

Qu'on apprécie ses courbes en pente douce et la cohérence de son dessin ou, au contraire, qu'on la trouve laide ou maladroitement dessinée, la Camry est une (autre) Toyota que l'on reconnaît dès le premier regard. C'est tout de même mieux que de passer complètement inaperçue, non ?

Trois fleurs, trois tomates

On aime



• Habitacle spacieux

• Économie de carburant étonnante

• Présentation plus dans le vent

On aime moins

• Système infodiverissement archaïque

• Segment en berne

• Image confuse

Fiche technique

• Version essayée: Toyota Camry XSE 

• Prix: de 27 490 $ à 40 990 $

• Frais de transport et de préparation: 1715 $

• Garantie de base: 36 mois ou 60 000 km 

• Moteur: V6 DACT 3,5 litres

• Puissance: 301 ch à 6600 tr/min

• Couple: 267 lb-pi à 4700 tr/min

• Poids: 1620 kg

• Rapport poids/puissance: 5,38 kg/ch

• Mode: traction

• Transmission de série: automatique à huit rapports

• Transmission optionnelle: aucune

• Diamètre de braquage: 11,5 m

• Freins (av.-arr.): disque-disque

• Pneus (av.-arr.): 235/40R19

• Capacité du réservoir: 60,5 litres

• Carburant recommandé: ordinaire

• Consommation réelle: 9,1 l/100 km

• Visible dans les concessions: maintenant 

• Concurrentes à surveiller: Ford Fusion, Honda Accord, Volkswagen Passat

• Pour en savoir plus: www.toyota.ca