Bien sûr, le partage des architectures n'est pas une idée nouvelle. Tous les constructeurs s'y appliquent depuis de nombreuses années déjà. Toutefois, personne n'était encore allé aussi loin que Volkswagen.

Volkswagen a révélé, la semaine dernière à Berlin, la version définitive de sa future Golf. L'importance de ce dévoilement va bien au-delà du renouvellement du modèle. En effet, sous la carrosserie de la compacte allemande repose l'une des trois architectures qui serviront de base à l'ensemble, ou presque, des produits du groupe VW.

Baptisée MQB (Modularer Quer Baukasten), l'architecture de la Golf sera partagée par quelque 40 modèles. De la petite Polo à la grande Passat en passant par certaines Audi, Skoda et Seat - autres filiales de VW - cette plateforme offre une extraordinaire flexibilité. D'ici à 2015, on estime à 3,5 millions le nombre de véhicules qui seront assemblés sur cette même base technique.

L'objectif de VW est le même que pour ses concurrents: réduire les coûts associés au développement et à la production de ses nouveaux modèles. La différence ici se situe surtout dans la flexibilité. Contrairement à de nombreux constructeurs, l'architecture mise au point par le groupe allemand n'est pas dédiée uniquement à un seul segment - les petites voitures par exemple -, mais à plusieurs.

Certains ne manqueront pas de relever, avec raison, que Nissan a été l'un des précurseurs dans ce domaine. Plusieurs modèles, de catégories fort dissemblables reposent déjà sur une architecture commune chez le constructeur japonais. On pense notamment à l'intermédiaire Altima, au multisegment Murano et à la fourgonnette Quest, pour ne nommer que ces trois-là, issus d'une même plateforme.

Flexibilité

Alors, en quoi l'approche de Volkswagen diffère-t-elle? Dans sa plus grande flexibilité. Le géant allemand prétend qu'il lui sera par exemple plus facile de greffer l'ensemble de ses motorisations actuelles (essence, diesel) et futures (électrique, hybride) sans exécuter le moindre changement structurel.

Les économies réalisées par Volkswagen lui permettront d'une part de financer l'addition de nouveaux accessoires pour démarquer son offre de celle de la concurrence; et d'autre part, de développer des technologies de pointe pour satisfaire aux normes de plus en plus sévères en matière d'environnement et de sécurité. Sur ce plan, les concepteurs de la future Golf prétendent que l'auto pèsera une centaine de kilos de moins, qu'elle consommera en moyenne 23% moins de carburant et qu'elle offrira une meilleure protection lors d'une collision.

L'harmonisation des architectures ne comporte pas que des avantages pour l'industrie automobile. Elle présente aussi un danger (très) important. La moindre petite erreur - une pièce mal intégrée ou dessinée, par exemple - entraînera la mise sur pied d'une campagne de rappel massive. Celle-ci coûtera non seulement très cher, mais elle risque de ternir pour longtemps l'image de son constructeur.

Autant d'aléas que Volkswagen ne peut se permettre si elle compte toujours devenir numéro un mondial d'ici 2018.