D'ici quelques jours, le mythique Combi de Volkswagen, utilitaire fétiche des hippies et symbole de liberté, disparaîtra définitivement des chaînes de production sans pour autant mettre un terme à sa légende.

Avec la fin de sa fabrication au Brésil, où il était encore assemblé dans sa version de 1967, ce mini-bus au look vintage qui connut son heure de gloire dans les années 1960 et 1970 va définitivement tirer sa révérence.

La décision a été annoncée au coeur de l'été par le constructeur. Pour dire adieu à ce modèle qui détient le record mondial de longévité, une édition spéciale a été lancée.

Face à l'intérêt suscité, le constructeur allemand a accepté de doubler à 1200 le nombre d'unités de cette série limitée, destinée exclusivement au marché brésilien, a indiqué un porte-parole à l'AFP. La dernière doit sortir le 20 décembre de l'usine de Sao Bernardo do Campo, qui en a produit plus de 1,6 million depuis 1957.

Cette camionnette à moteur arrière, baptisée «Combi» en France, «Kombi» au Brésil ou encore «Bulli» en Allemagne, est née du coup d'oeil d'un importateur néerlandais, Ben Pon. Lors d'une visite au siège de Volkswagen, à Wolfsburg (nord), en 1947, il remarque un véhicule bricolé par des ouvriers de l'usine pour charger du matériel.

Séduit, il en tire une esquisse et finit par convaincre VW, qui en démarre la production en série en mars 1950, créant ainsi le deuxième modèle de la jeune histoire du groupe après la Coccinelle. Le Combi s'appuie d'ailleurs largement sur cette dernière, à qui il emprunte le moteur et les essieux.

«Son essor s'inscrit dans le cadre du miracle économique allemand des années 1950», alimenté par le plan Marshall destiné à reconstruire le pays, souligne Ferdinand Dudenhöffer, spécialiste automobile. «Les artisans et commerçants avaient besoin d'un utilitaire pas cher pour travailler».

Du transport de marchandises, le Combi passe rapidement au transport de personnes pour devenir un mini-bus dès 1951.

Avec sa version de 1967, dite T2, il connaît un succès planétaire et devient le symbole du mouvement hippie -et de la liberté que celui-ci revendique- mais aussi la coqueluche des surfers et des familles, tous conquis par sa modularité, qui permet par exemple de le transformer en autocaravane le temps d'une escapade.

Le premier ministre français Jean-Marc Ayrault lui-même n'a pas résisté aux sirènes du Combi, dans sa version T3. Estimé à 1500 dollars, son fourgon a surtout une valeur «sentimentale», racontait-il en avril.

«Au panthéon de l'automobile»

Sa robustesse, son petit prix et la simplicité des réparations valent au Combi l'attachement indéfectible de ses utilisateurs malgré son manque de confort et sa relative lenteur.

Avec l'arrivée de nouvelles normes de sécurité et des nouvelles attentes des clients, le T2 cède le pas à des versions modernes d'utilitaires, dont la dernière en date, le T5, est bien éloignée des lignes arrondies de son ancêtre.

Sa production s'éteint en Allemagne en 1979, puis en Afrique du Sud et au Mexique pour ne subsister qu'au Brésil, qui exporte dans le reste de l'Amérique latine.

Mais là aussi, les règles en matière d'émissions polluantes et de sécurité prévues pour entrer en vigueur en 2014 finissent par avoir raison du vétéran.

«Cette camionnette mérite sa place au panthéon de l'automobile», a réagi avec emphase «Ivanleterrib», un passionné, en apprenant la nouvelle, dans un commentaire sur internet.

Pour autant, la légende du Combi n'est pas près de mourir. Ancré dans la mémoire collective grâce à ses apparitions dans la série américaine «Scoubidou» ou plus récemment dans le film «Little Miss Sunshine», ce véhicule d'un autre temps fait l'objet d'un culte, avec de nombreux fans échangeant conseils de restauration et expériences de voyage sur des forums, et moult produits dérivés, du porte-clé à la tente.

Sa dernière édition, aux tons bleu et blanc et vendue 85 000 réaux, soit environ 39 000 dollars, n'oublie pas de jouer sur la nostalgie qui colle à la peau du Combi, tout en concédant un petit geste à la modernité ... avec un lecteur mp3.

Photo Paulo Whitaker, Reuters

Une visiteuse regarde l'intérieur d'un Combi lors d'une rencontre de passionnés brésiliens.