Le premier constructeur automobile européen, l'allemand Volkswagen, talonne plus que jamais son concurrent japonais Toyota, numéro un mondial des ventes, mais se montre très attentif sur sa rentabilité.

Actif dans le monde entier, sous douze marques différentes - parmi lesquelles Audi, Porsche, Seat ou Skoda - et autant dans les voitures que dans les camions et les motos (Ducati), le groupe de Wolfsburg (nord) est un paquebot lancé à pleine vitesse qu'il convient de manoeuvrer avec souplesse.

A l'occasion de la présentation de ses résultats au deuxième trimestre jeudi, il a une fois de plus démontré sa solidité avec des performances encore meilleures qu'attendu. Mais il a également usé d'un ton prudent alors que l'environnement économique reste complexe, inégal selon les zones géographiques, et que plusieurs chantiers internes l'accaparent.

Volkswagen a dégagé entre avril et juin un bénéfice net part du groupe de 4,6 milliards de dollars, en hausse de 12,5% sur un an. Il «dépasse clairement les attentes», grâce notamment à son dynamisme en Chine, a relevé dans une note Michael Punzet, analyste de DZ Bank.

Affecté par l'euro fort, son chiffre d'affaires a cependant reculé de 2% à près de 74,4 milliards, pour un bénéfice opérationnel en baisse de 3% à 4,8 milliards de dollars.

Sur les six premiers mois de l'année, période sur laquelle le groupe préfère communiquer, Volkswagen a vu ses recettes faire du surplace - à 144 milliards de dollars tout de même - mais a enregistré une hausse de 7% de son bénéfice opérationnel, à 7,3 milliards, ce à quoi il faut ajouter 3,7 milliards de gains en provenance de ses coentreprises en Chine.

«Malgré les vents contraires, nous avons enregistré une bonne performance financière dans la première moitié de l'année», a commenté dans un communiqué son patron, Martin Winterkorn.

Le groupe a enregistré un nouveau record en écoulant environ 5,07 millions d'unités (+5,6% sur un an), ce qui le place tout près de son rival japonais Toyota (5,09 millions).

Inquiétudes pour la marque Volkswagen

Néanmoins, la baisse de régime de sa marque éponyme Volkswagen, particulièrement en difficulté aux États-Unis, s'est confirmée, avec des recettes en baisse de 2% et un effondrement (-32%)de son bénéfice opérationnel. La progression des marques haut de gamme Audi et Porsche a permis de compenser cette contre-performance. Le bénéfice net du groupe a grimpé de 15% et sa marge opérationnelle a progressé de 5,9% à 6,3% sur un an au premier semestre.

Le géant européen est conscient qu'il doit agir pour préserver sa rentabilité. M. Winterkorn a récemment annoncé un tour de vis au sein de la marque généraliste, qui doit permettre à terme d'y abaisser les coûts de 5 milliards d'euros par an, et porter la marge opérationnelle à au moins 6% en 2018. Au premier semestre, elle était de seulement 2,1%.

Pour l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, souvent critique, «Volkswagen est empêtré dans sa stratégie», avec un mauvais positionnement de sa marque VW aux États-Unis, mais aussi des effets moins positifs qu'espéré de sa plateforme modulaire MQB, censée générer d'importantes économies d'échelle, et une trop forte dépendance à l'égard de la Chine.

Conscient des enjeux, le groupe entend se «concentrer sur l'amélioration des résultats», a déclaré lors d'une conférence téléphonique son directeur financier, Hans Dieter Pötsch, en répétant qu'il n'y avait «pas de projet d'acquisition sur la table» alors qu'ont couru des rumeurs sur un rapprochement avec l'italo-américain Fiat Chrysler.

Mais en dépit d'une concurrence rude, de la faiblesse de certains pays émergents, de risques liés aux changes et à la situation géopolitique, Volkswagen a confirmé ses ambitions pour l'exercice 2014.

Son chiffre d'affaires devrait évoluer à la hausse ou à la baisse dans une fourchette de 3% autour du niveau de l'année précédente, et sa marge opérationnelle s'établir «entre 5,5% et 6,5%».

Volkswagen table sur une progression modérée de ses ventes. S'il garde le même rythme qu'au premier semestre, il atteindra sans difficulté son objectif de vendre plus de 10 millions d'unités par an, également poursuivi par Toyota.