Le PDG de Volkswagen America, Michael Horn, ne s'est pas embarrassé de périphrases en s'excusant pour le scandale des contrôles antipollution falsifiés, admettant dans un langage inhabituel que le géant allemand de l'automobile avait «totalement merdé».

«Notre entreprise a été malhonnête, avec l'EPA (Agence américaine de protection de l'environnement, ndlr) et avec le CARB (son homologue californienne, ndlr), ainsi qu'avec vous tous, et avec mes mots en allemand on dirait qu'on a "totalement merdé"», a admis M. Horn lors d'un événement promotionnel à New York tard lundi soir, selon la chaîne CNBC.

M. Horn a promis de coopérer et de «faire ce qu'il faut avec le gouvernement, le public, nos clients, nos employés, et aussi très important, avec nos concessionnaires».

Le scandale des moteurs diesel du groupe Volkswagen a pris une ampleur inédite mardi, le constructeur allemand admettant que 11 millions de ses véhicules dans le monde étaient équipés du logiciel de trucage aux tests antipollution découvert aux États-Unis.

Jusqu'à présent, avec cette tricherie dévoilée vendredi aux États-Unis, le constructeur prévoyait de rappeler 500 000 véhicules.

Les modèles diesel incriminés sont équipés d'un logiciel qui détectait le moment où étaient conduits les tests aux émissions polluantes, et en faussaient le résultat.

Volkswagen, qui pourrait devoir payer jusqu'à 18 milliards de dollars US d'amende rien qu'aux États-Unis, sans compter le coût des rappels et d'éventuelles procédures en justice, va mettre de côté 6,5 milliards d'euros sous forme de provisions dans ses comptes du troisième trimestre (juillet-septembre).

Selon plusieurs médias, la justice américaine a ouvert une enquête pénale contre le constructeur. Les constructeurs français se sont dits mardi favorables à une enquête européenne sur le contrôle des émissions des véhicules et la Corée du Sud va elle aussi enquêter sur trois modèles de Volkswagen.

Michael Horn, qui a pris la parole lors du lancement de la nouvelle Passat 2015 à New York, a encore dit que Volkswagen était «très décidé» à se servir de ce scandale pour apprendre et progresser, soulignant que l'avenir de l'entreprise dépendait de sa capacité de réaction.

«Vous pouvez être sûrs que nous allons continuer, non seulement à corriger ce problème sur les moteurs TDI et à remettre les choses en ordre, et nous allons payer ce que nous devons. Mais nous allons continuer à travailler très dur pour faire en sorte que notre histoire ici aux États-Unis soit un succès, pour les clients, nos concessionnaires et nos employés», a-t-il ajouté.

Lundi, le cours de l'action Volkswagen avait plongé de 18% et elle continuait sa chute mardi.

Fleuron de l'industrie allemande aux liens étroits avec la politique - un État régional allemand est actionnaire à son capital -, le groupe a vendu 5 millions de voitures dans le monde au premier semestre, supplantant le japonais Toyota comme numéro un mondial.