Volkswagen a dévoilé mardi de nouveaux chiffres sur ses moteurs truqués ainsi qu'un «plan d'action de grande envergure» qui verra le groupe rappeler les millions de voitures équipées d'un logiciel fraudeur.

«Les propriétaires de ces voitures seront informés dans le courant des prochaines semaines et des prochains mois», a indiqué le géant automobile allemand dans un communiqué. «Toutes les marques concernées vont créer des pages internet nationales, où les clients pourront suivre l'évolution des choses».

Parmi elles, la marque Volkswagen est la plus touchée, avec 5 millions de voitures équipées d'un logiciel faussant les tests antipollution, et qui vont devoir repasser au garage, précise le groupe, confirmant un chiffre diffusé vendredi.

Volkswagen a terminé mardi de révéler la ventilation par marque des 11 millions de véhicules équipés de ce logiciel dans le monde.

Parmi ceux-ci environ 700 000 Seat, a reconnu mardi ce constructeur espagnol, filiale de Volkswagen depuis les années 1980. Et 1,8 million d'utilitaires, a fait savoir cette autre division du colosse aux douze marques.

La tricherie concerne en outre 2,1 millions de berlines haut de gamme Audi, 1,2 million de Skoda. Selon le porte-parole de Seat, toutes les marques du groupe concernées par la supercherie ont communiqué, laissant entendre que, même s'il manque théoriquement 200 000 unités pour arriver au total, les enseignes restantes, parmi lesquelles Porsche, Lamborghini et Bentley, ne sont pas touchées.

Dégringolade

À la Bourse de Francfort, l'action Volkswagen, qui était devenu cette année le premier constructeur automobile mondial en dépassant le Japonais Toyota, a lâché 4,13% pour finir à 95,20 euros. En dix jours, elle s'est effondrée de 40%.

La cote de confiance de Volkswagen auprès des consommateurs allemands est également en pleine dégringolade. D'après une enquête d'opinion publiée mardi par l'institut de sondage allemand YouGov, le géant de l'automobile ne rassemblait plus que 9% d'opinions favorables, contre 40% en août.

Et avec lui, c'est toute l'image du secteur automobile allemand et du «made in Germany» qui trinque, s'inquiètent les industriels de la première économie européenne.

Matthias Müller, nommé patron vendredi après le départ soudain de Martin Winterkorn, a parlé devant les cadres dirigeants du groupe réunis lundi soir au siège à Wolfsburg de «l'épreuve la plus difficile» dans l'histoire de la société, à l'origine de la Coccinelle et aux 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Victimes collatérales

De son côté, at alors que les enquêtes et tests se multiplient dans une série de pays, la Commission européenne demande aussi des comptes au constructeur. Herbert Diess, directeur de la marque Volkswagen, était convoqué mardi à Bruxelles afin de s'assurer que le groupe «coopère totalement avec les autorités nationales et respectes les règles européennes».

À Berlin, le ministre de l'Économie Sigmar Gabriel a promis son soutien aux quelque 600 000 salariés du groupe, qui n'ont pas mérité «de payer pour les fautes de leur direction», tandis que la fédération allemande de l'automobile dénonçait l'oppobre jetée sur le diesel dans son ensemble, imputé à «un lobby anti-diesel conduit par certaines ONG».

La liste des victimes collatérales de cette affaire d'ampleur mondiale s'allongeait. La ville de Wolfsburg, centre névralgique de Volkswagen, a gelé les embauches et donné un coup d'arrêt aux nouvelles dépenses en anticipation d'un recul de ses recettes financières.

Et le groupe industriel allemand Schaeffler, principal actionnaire de l'équipementier automobile Continental, risque de devoir repousser son introduction en Bourse prévue le 5 octobre, en raison de fortes turbulences sur les marchés,  et plus particulièrement sur les titres automobiles, depuis l'éclatement de l'affaire.

Schaeffler a repoussé de quelques jours l'établissement d'une fourchette de prix pour son entrée sur le marché, a déclaré à l'AFP une source proche de l'opération, un report qui menace de décaler l'ensemble du processus.