L'allemand Volkswagen, qui s'est rendu coupable de plusieurs tromperies sur ses moteurs, a annoncé lundi une compensation de 1000 $ US par voiture pour les automobilistes américains concernés, et les consommateurs allemands attendaient eux aussi un geste.

Les propriétaires américains de voiture au moteur diesel truqué se verront offrir une carte de paiement prépayée de 500 $ US. S'y ajoutera un bon d'achat de valeur équivalente qui pourra être dépensé chez les concessionnaires de la marque aux États-Unis, et une assistance panne gratuite de trois ans, a annoncé la filiale américaine du groupe.

Les consommateurs allemands attendaient aussi un geste de la part du constructeur, qui a avoué il y a quelques semaines avoir équipé les moteurs diesel de 11 millions de voitures d'un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution.

«Des bons d'achat en Allemagne seraient le minimum pour dédommager les consommateurs touchés», a déclaré Klaus Müller, président de la fédération des associations de protection du consommateur (VZBZ), dans un entretien au journal Rheinische Post.

Le groupe prévoit «des mesures différentes dans chaque marché», a indiqué un porte-parole à l'AFP.

En parallèle à ces actions commerciales, Volkswagen va devoir rappeler les voitures concernées. Sur les 2,4 millions de véhicules équipés du logiciel truqueur en Allemagne, 540 000 auront à subir des modifications mécaniques sur le moteur, a fait savoir lundi le ministère allemand des Transports, dont une administration coordonne le rappel. Pour les autres, une mise à jour informatique devrait suffire.

La semaine dernière, le scandale a pris un nouveau tour avec l'aveu de tricheries en Europe sur le niveau des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 800 000 voitures. Ces véhicules émettent plus de CO2 que stipulé dans leurs spécifications techniques.

L'affaire du logiciel et celle du CO2 ont fait l'objet d'une réunion du conseil de surveillance de Volkswagen lundi au siège de la société à Wolfsburg.

À son issue, le patron de Volkswagen Matthias Müller et l'influent président du comité d'entreprise, Bernd Osterloh, ont publié un communiqué commun promettant de coopérer étroitement pour faire face aux «énormes défis» qui se posent. Il s'agira de prendre des décisions sur «la planification des investissements et de la charge de travail». À savoir, des conséquences sur l'emploi sont à envisager. Beaucoup d'observateurs spéculent sur des suites graves pour le groupe, pouvant aller jusqu'à un démantèlement.

Dans l'affaire du CO2, conjectures et spéculations se concentraient lundi sur le rôle de l'ex-patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, qui a rendu son tablier mi-septembre. Les objectifs de performance technique et de coûts imposés directement par le patron aux développeurs de moteurs n'auraient été tenables qu'en manipulant les valeurs, selon des informations de presse.

L'agence de notation Fitch a vu dans le nouveau volet du scandale une preuve supplémentaire du «manquement de contrôle interne au sein du groupe». Comme l'avaient fait ses concurrentes Standard and Poor's et Moody's avant elle, elle a abaissé la note de la dette à long terme de Volkswagen, de deux crans d'un coup, à BBB+.