Volkswagen n'indemnisera pas ses clients européens propriétaires d'une voiture au moteur truqué, mais a présenté mercredi les solutions techniques pour remédier au problème, avec une intervention de moins d'une heure qui ne devrait pas coûter trop cher au géant automobile.

«Le groupe Volkswagen a présenté à la KBA (autorité allemande automobile, NDLR) ses solutions techniques concrètes pour les moteurs EA-189 de cylindrée 1,6 litre et 2 litres», selon un communiqué. Une fois validées par l'autorité, les solutions vaudront pour toute l'Europe, où Volkswagen doit rappeler plus de 8 millions de voitures.

Un porte-parole de la KBA a indiqué à l'AFP que la validation des solutions présentées prendrait «encore un peu de temps». Volkswagen a prévu d'étaler sa gigantesque opération de rappel sur toute l'année 2016.

Volkswagen estime que la remise aux normes des moteurs, dont le groupe a promis de faire en sorte qu'elle n'affecte pas la performance, dédommagera suffisamment les clients européens. Et du coup «il n'y aura pas de compensation financière pour les propriétaires de ces véhicules» en Europe, a indiqué un porte-parole du groupe à l'AFP, contrairement aux États-Unis où les clients percevront une compensation de 1000 dollars US par voiture.

Concrètement, pour les véhicules 1,6 litre, un convertisseur de courant devra être installé dans le moteur. La manipulation durera «moins d'une heure». Pour les motorisations 2 litres, une simple mise à jour du logiciel suffira, nécessitant «environ une demi-heure de travail».

Volkswagen a avoué en septembre que les moteurs diesel de 11 millions de ses voitures dans le monde, de marque VW, Audi, Seat et Skoda, étaient équipés d'un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Les véhicules émettent de ce fait beaucoup plus d'oxydes d'azote (NOx) qu'autorisé. Les moteurs concernés sont des 1,2, 1,6 et 2 litres.

Pour la motorisation 1,2 litre, la solution technique sera présentée à la KBA à la fin du mois et «consistera probablement en une mise à jour de logiciel».

La situation est plus complexe aux États-Unis, ont reconnu mercredi à Wolfsburg (nord) des responsables du groupe, du fait notamment de plafond d'émissions de NOx plus bas. Plus de 400 000 voitures sont concernées sur ce marché où le scandale a éclaté, et les discussions avec les autorités sur les solutions techniques sont en cours.

L'expert automobile allemand Ferdinand Dudenhöffer estime à 500 millions d'euros (706 millions de dollars) les coûts pour Volkswagen des réparations des manipulations décrites mercredi, un montant relativement facile à digérer pour le colosse aux 12 marques, qui a déjà mis de côté 6,5 milliards d'euros (9,2 milliards de dollars) pour les différentes conséquences du scandale. «Le gros du risque financier (lié à l'affaire) concerne toujours les États-Unis», selon lui, où Volkswagen encourt notamment une grosse amende. Mais globalement les derniers développements ont «dégagé l'horizon» pour le groupe.

À Ingolstadt, siège de la filiale Audi, le parquet a pourtant ouvert une enquête aussi, a indiqué le procureur à la presse allemande, suite aux récentes révélations sur des tricheries aux États-Unis également sur des moteurs 3 litres d'Audi.

L'affaire des moteurs truqués fait déjà l'objet de plusieurs enquêtes dans plusieurs pays. La recherche des responsabilités continue aussi en interne. À ce jour Volkswagen a suspendu huit salariés, a précisé le groupe mercredi.