Après le scandale des moteurs truqués, Volkswagen ne souhaite plus détrôner le japonais Toyota comme numéro un mondial des ventes, une «obsession» qui avait «peu de sens», juge le nouveau patron du géant automobile allemand dans un entretien diffusé lundi.

«Cette obsession des exemplaires écoulés et de toujours viser de nouveaux records de ventes a peu de sens, de mon point de vue», a expliqué Matthias Müller dans une interview à l'hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche.

Sous la houlette de son ancien patron Martin Winterkorn, emporté par le scandale, le colosse aux 12 marques (des citadines Seat et Skoda aux sportives Bughatti, en passant par les camions MAN et Scania) avait juré de dépasser Toyota d'ici 2018.

Il avait même viré en tête dès cet été, mais le scandale a gâché sa fin d'année: la marque phare du groupe, Volkswagen, a récemment admis qu'elle va accuser son premier recul des ventes depuis 10 ans.

À l'avenir, «je ne considèrerai pas la taille seule comme une fin en soi. Que l'on soit numéro un, deux ou trois en volume, cela m'est égal», a ajouté M. Müller.

Selon lui, Volkswagen doit rester un poids lourd mondial, mais «nous définissons cela d'une autre manière», a-t-il expliqué.

La course à la taille et les exigences techniques imposées par son prédécesseur ont été largement pointées du doigt comme source de la pression à l'origine du scandale des moteurs truqués. Volkswagen avait révélé en septembre avoir installé un logiciel truqueur capable de fausser les tests antipollution de 11 millions de véhicules dans le monde.

De quoi provoquer une crise sans précédent chez le constructeur, qui doit désormais gérer le rappel de 8 millions de véhicules et les conséquences judiciaires de l'affaire, pour une facture totale chiffrée en milliards d'euros.

Sous pression, le géant automobile souhaite faire des économies. Et M. Müller envisage une réduction des primes de l'ensemble des salariés au titre de 2015.

«Il est clair que nous devons nous serrer la ceinture, sur tous les plans, depuis la direction jusqu'aux employés», a-t-il annoncé à Wirtschaftswoche.

Depuis son arrivée aux commandes, M. Müller a lancé une revue stratégique des 300 modèles fabriqués par le groupe, à la recherche d'économies. Sous sa direction, Volkswagen va réduire d'un milliard d'euros ses investissements en 2016, mais compte accélérer dans l'électrique.