Les autorités américaines ont rejeté mardi le plan de Volkswagen pour remettre aux normes ses voitures équipées de moteurs diesel truqués, accentuant la pression sur le constructeur allemand qui se défend de tout «mensonge» dans cette affaire.

Le verdict a été prononcé par l'agence californienne de protection de l'environnement (CARB), qui avait contribué à faire éclater le scandale aux États-Unis en septembre et a annoncé mardi avoir «rejeté» les mesures soumises par le constructeur allemand à la fin de l'année.

«Le plan proposé contient des failles» et «ne répond pas de manière appropriée aux impacts plus généraux (des moteurs truqués, ndlr) sur la performance des véhicules, les émissions (de gaz) et la sécurité», a tranché la CARB dans un communiqué.

Les mesures qui visaient les seules voitures de deux litres de cylindrée et incluaient des rappels sont «incomplètes, grandement déficientes et sont loin de remplir les critères légaux» qui permettraient de remettre ces véhicules aux normes, a ajouté l'agence.

Volkswagen a reconnu avoir équipé près de 600 000 de ses voitures aux États-Unis d'un logiciel faussant le résultat de tests antipollution et dissimulant le niveau réel d'émissions de gaz polluants.

Le scandale, qui a pris une dimension mondiale, vaut au groupe d'être sous le coup de plusieurs enquêtes aux États-Unis et pourrait se traduire par des pénalités de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Très en pointe dans le dossier, l'agence fédérale de protection de l'environnement (EPA) a, elle, indiqué dans un communiqué distinct, convenir que le plan proposé par Volkswagen à la CARB n'était pas «acceptable».

Image «désastreuse»

Contacté par l'AFP, Volkswagen en a pris acte mais a assuré avoir eu «des discussions constructives» avec l'agence californienne depuis le dépôt du plan de remise aux normes.

Sans entrer dans les détails, le numéro 2 mondial de l'automobile a ajouté avoir travaillé «cette semaine» à l'élaboration d'un «programme rapide, juste et indépendant» qui offrirait une «solution complète» à ses clients.

«Nous sommes déterminés à travailler en coopération avec la CARB et d'autres régulateurs», a assuré une porte-parole du groupe dans un courriel.

Mercredi, le patron de Volkswagen, Matthias Müller, qui se trouve aux États-Unis pour le salon de l'automobile de Detroit, doit d'ailleurs soumettre d'autres propositions à l'EPA lors d'une rencontre à Washington avec la chef de cette agence fédérale, Gina McCarthy.

La fin de non-recevoir des autorités américaines tombe en tout cas à un mauvais moment pour Volkswagen, qui a déjà été accusé la semaine dernière de traîner les pieds dans sa coopération avec les autorités américaines.

Tentant de redorer le blason de son groupe, M. Müller a nié «tout mensonge» dans le scandale qu'il a mis sur le compte d'un simple «problème technique», lors d'un entretien diffusé par la radio américaine NPR.

«Nous n'avons pas menti. Nous n'avons pas compris quelle était la question. Et nous avons commencé en 2014 à travailler pour résoudre le problème», a-t-il déclaré, s'attirant les foudres de la presse allemande et des autorités américaines.

Le Spiegel Online a ainsi estimé que l'impression laissé par le dirigeant Müller aux États-Unis «ne pourrait pas être plus désastreuse».

le ministre de la Justice de l'État du Connecticut, George Jepsen, a, de son côté, jugé les déclarations de M. Müller «préoccupantes» tandis que l'agence californienne l'a indirectement contredit mardi.

«Volkswagen a pris la décision de tricher sur les tests d'émissions et a ensuite essayé de le cacher», a ainsi assuré la patronne de la CARB, Mary Nichols, citée dans un communiqué.

«Ils ont continué et ont aggravé leur mensonge et ont ensuite tenté de le nier quand ils ont été attrapés», a-t-elle ajouté.

Le scandale avait été révélé par une ONG qui avait transmis aux autorités américaines le résultat de ses propres tests qui indiquaient que certaines voitures diesel rejetaient jusqu'à 40 fois plus d'oxyde d'azote que les normes autorisées.

Après ces révélations, Volkswagen avait reconnu avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de voitures dans le monde.