Le Salon de l'auto de Montréal est la première grande manifestation automobile canadienne depuis le scandale de tricherie diesel Volkswagen, en octobre dernier. Il aurait été difficile pour le constructeur de faire comme si les autorités américaines n'avaient pas découvert dans ses moteurs diesel un logiciel permettant de passer les tests environnementaux, mais de polluer bien au-delà des normes permises sur la route, dans la vraie vie.

Jeudi, la présidente de Volkswagen Canada, Maria Stenström, a inauguré le kiosque Volkswagen en prenant acte du scandale et en s'engageant à trouver des solutions le plus rapidement possible pour les 100 000 véhicules touchés par le scandale au Canada. 

«L'épisode des émissions des moteurs TDI nous a réellement bouleversés. Nous avons immédiatement mis en oeuvre un plan pour soutenir les clients et les concessionnaires en cette période difficile», a dit Mme Stenstörm en rappelant la compensation financière de 1000$ offerte aux propriétaires de voitures diesel.

La présidente ne s'est toutefois pas excusée au nom de la filiale canadienne de Volkswagen. Cela contraste avec les excuses explicites du grand patron de Volkswagen, trois jours plus tôt au Salon de l'auto de Detroit: Matthias Müeller s'est dit «vraiment désolé» à Detroit et s'est «excusé pour tout ce qui a mal tourné chez Volkswagen», mais sans admettre rien de plus qu'un problème «technique».

Il faut dire que Mme Strenström a déjà reconnu par écrit, l'automne dernier, la nécessité pour Volkswagen Canada de «faire acte de contrition», tout en assumant pleinement la «responsabilité» des évènements.

Jeudi, elle a assuré que «nous travaillons très fort à rétablir la confiance que nous témoignent nos fidèles clients du Québec.»

Vite, parlons des bagnoles

Une fois cela expédié, Mme Strenström a cédé le micro à d'autres cadres de la compagnie, qui ont ramené le sujet vers le but des constructeurs lors d'un Salon de l'auto - vendre des voitures - et dévoilé un nouveau modèle de familiale surélevée à rouage intégral, la Volkswagen Alltrack. Il s'agissait du lancement officiel de ce véhicule en Amérique du Nord, bien qu'il eut déjà été présenté comme prototype lors du Salon de l'auto de New York en 2012. 

La compagnie ne dit pas si la Alltrack sera offerte en version diesel, ce mot étant tabou chez Volkswagen ces jours-ci. À ce propos, les visiteurs au kiosque Volks remarqueront le contraste avec le Salon 2015 et les précédents: ils ne verront aucune trace des versions diesel ni du sigle TDI (moteurs diesel) qui étaient omniprésents ces dernières années.

Diesel ou pas, l'Alltrack devrait être un véhicule de petite série, occupant un créneau assez restreint. Mais elle pourrait marquer un virage 4X4 majeur pour Volkswagen. Si l'Alltrack est un succès commercial en Amérique du Nord, Volks pourrait décider d'offrir aussi la Golf et la Jetta avec l'option 4Motion, qui est le nom donné à son système de rouage intégral.

En marge de la conférence, La Presse a demandé à Mme Stenström quand commencera le rappel des voitures diesel devant être réparées. «Je regrette de ne pas encore avoir la réponse à ces questions et je suis certaine que nous pourrons y répondre bientôt en 2016», a-t-elle dit. 

Il faut dire que les décisions techniques sur la nature des réparations seront prises ailleurs. Elles ont des implications légales énormes pour Volks, qui est poursuivi au civil dans de nombreux pays ; de plus, ces décisions doivent être approuvées dans leurs menus détails par les autorités américaines et font encore l'objet de tractations en haut lieu aux États-Unis et en Allemagne. Toutes ces questions sont traitées par le siège social de Volks en Allemagne et à la direction de la filiale américaine, dans une moindre mesure.

La filiale canadienne est entièrement tributaire des décisions prises au-dessus d'elle.

Détail intéressant, toutes les interactions entre la présidente de Volkswagen Canada et les médias, jeudi, se sont faites en français. Mme Strenström, qui est Suédoise, a été présidente de Volvo-France avant de se joindre à Volkswagen. Sa biographie indique qu'elle a fait ses études universitaires en administration des affaires, avec spécialisation en marketing, et en français.

Photo : André Pichette, La Presse