L'enquête pénale allemande sur les moteurs truqués de Volkswagen vise dorénavant 17 personnes, contre six jusqu'alors, a annoncé le procureur mardi, alors que le patron du groupe estime que celui-ci «sort de la phase de gestion de crise».

«Le nombre des suspects dans la procédure sur les manipulations aux émissions d'oxydes d'azote est passé de 6 à 17», a déclaré à l'AFP le procureur de Brunswick, Klaus Ziehe. «Parmi eux ne figure aucun membre actuel ou passé du directoire», a-t-il précisé.

Volkswagen a manipulé les moteurs diesel de 11 millions de voitures dans le monde, une supercherie qui, selon le groupe, était le fait d'une «poignée de personnes».

«Nous sommes encore en train de faire la lumière sur ce qui s'est passé, et ce sans concessions», a déclaré mardi devant les salariés du siège et de l'usine de Wolfsburg, le patron de Volkswagen Matthias Müller.

L'enquête ouverte par le parquet de Brunswick, très rapidement après l'éclatement de l'affaire fin septembre, vise à déterminer qui a initié le trucage.

D'autres plaintes et enquêtes sont en cours dans de nombreux pays, de la part des autorités, de clients s'estimant floués ou encore d'actionnaires qui ont laissé des plumes dans la dégringolade du cours de l'action Volkswagen.

Un rapport détaillé rédigé par un cabinet d'avocats mandaté par Volkswagen, et dont l'AFP a obtenu copie cette semaine, apporte des éléments de réponse sur l'enchaînement des événements, datant notamment à novembre 2006 la décision d'installation du logiciel truqueur sur un certain type de moteurs.

La manipulation permettait aux véhicules d'identifier les phases de test, et d'émettre les quantités permises de gaz polluants pendant celles-ci, alors qu'ils les dépassaient allègrement le reste du temps.

Les avocats de Volkswagen imputent la responsabilité de la tricherie à des techniciens et ingénieurs, à des niveaux hiérarchiques «en dessous du directoire».

Le patron de l'époque, Martin Winterkorn, a démissionné dès septembre. D'après les récentes révélations, il aurait pu être au courant du problème dès mi-2014, quand un mémo l'a alerté sur les questions soulevées par l'autorité californienne de l'Environnement.

Il ressort aussi du récit des avocats, dont Volkswagen a publié un résumé la semaine dernière, que le groupe a longtemps crû pouvoir régler le problème à l'amiable avec les autorités américaines, et a été pris au dépourvu quand celles-ci ont rendu l'affaire publique.

Mais «si ces derniers jours, vous avez lu, vu ou entendu que chez nous quelque chose aurait soi-disant été dissimulé, maquillé ou qu'on aurait traîné, je peux vous dire en toute honnêteté: ce n'est pas le cas», a déclaré M. Müller devant les salariés.

Quelques cadres de Volkswagen ont été suspendus ou limogés depuis l'éclatement de l'affaire, notamment le directeur de la recherche de la filiale Audi.

M. Müller a estimé que Volkswagen, qui réalise plus de 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an et emploie quelque 600 000 personnes dans le monde, «(sortait) de la phase de gestion de crise au profit, de plus en plus, d'une phase de renouveau».