Le groupe allemand Volkswagen s'apprête à annoncer un plan massif d'indemnisation de 10 milliards de dollars US pour échapper à un procès aux États-Unis dans le scandale des moteurs diesel truqués, a appris jeudi l'AFP de source proche du dossier.

Afin de régler en partie ce litige, le constructeur automobile proposerait jusqu'à 7000 dollars US en argent aux propriétaires de quelque 480 000 voitures affectées et contribuerait également financièrement à un fonds de lutte contre la pollution de l'air, a précisé cette source.

Le temps presse pour le fleuron de l'automobile allemande: la justice américaine lui a donné jusqu'à mardi prochain pour dévoiler les détails de ce plan négocié depuis des mois dans la douleur avec l'agence fédérale de l'environnement (EPA) et le département de Justice américain (DoJ).

Sollicités par l'AFP, le groupe, ses avocats aux États-Unis et le DoJ se sont refusés à tout commentaire.

Un tel accord devrait encore être approuvé par le juge californien en charge du dossier Charles Breyer mais il marquerait toutefois une étape importante pour Volkswagen qui tente, difficilement, de reconquérir ses clients américains et de redorer son blason dans le pays.

Les ventes du constructeur aux États-Unis sont en chute libre depuis que le scandale des moteurs diesel truqués a éclaté dans le pays en septembre dernier.

Sous pression de l'EPA, Volkswagen avait alors révélé avoir équipé 482 000 de ses voitures diesel vendues aux États-Unis d'un logiciel permettant de fausser le résultat des tests antipollution.

Selon les autorités américaines, certaines de ses voitures émettent en réalité jusqu'à 40 fois plus de gaz polluants que les normes autorisées.

Le scandale a écorné l'image de fiabilité du constructeur et a, depuis, pris une ampleur internationale avec l'aveu par Volkswagen qu'il avait truqué 11 millions de voitures diesel dans le monde.

Si le montant de 10 milliards de dollars était approuvé par la justice, Volkswagen s'en sortirait toutefois mieux que la compagnie pétrolière BP qui avait dû débourser 18,7 milliards de dollars après la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique.

Actions en suspens

Quelles qu'en soient les modalités, ce plan d'indemnisation ne mettra pas totalement fin aux tracas judiciaires de Volkswagen aux États-Unis.

Le groupe aux douze marques (Volkswagen, Audi, Porsche, Seat...) reste ainsi visé par l'enquête pénale du département de la Justice et par des  plaintes collectives d'automobilistes américains qui peuvent donner lieu au paiement d'importantes pénalités et dommages et intérêts.

Volkswagen a passé des provisions de 16,2 milliards d'euros dans ses comptes pour faire face aux suites du scandale. Pour 7 milliards, ces provisions couvrent des risques juridiques.

L'accord ne concernera par ailleurs pas les dizaines de milliers de véhicules de trois litres de cylindrée vendus aux États-Unis et qui ont, eux aussi, été équipés de logiciels truqueurs.

La facture pourrait également s'alourdir du fait des nombreuses autres enquêtes visant le constructeur allemand ailleurs dans le monde, et notamment en Europe.

Malgré ce scandale qui lui a déjà coûté des milliards d'euros en Bourse et qui rogne ses bénéfices, le groupe peut en tout cas compter sur le soutien de ses petits actionnaires.

Réunis mercredi soir en assemblée générale pour la première fois depuis l'éclatement du scandale, ils ont donné leur aval à la direction du groupe.

En 2015, Volkswagen avait pourtant essuyé une perte nette de 1,6 milliard d'euros, la première depuis plus de 20 ans, et a vu son chiffre d'affaires fondre de 20% au premier trimestre.

Le mastodonte allemand aux 12 marques reste toutefois au coude à coude avec Toyota pour la place de numéro un mondial en termes de ventes. Ce duo est suivi de près par General Motors.