Une association française de consommateurs s'est élevée mardi contre «l'asymétrie de traitement» entre les clients américains et européens de Volkswagen dans l'affaire du «dieselgate». Les récriminations françaises suivent l'annonce d'un accord à 14,7 milliards de dollars aux États-Unis. Volkswagen a accepté de débourser cette somme pour régler le litige lié au scandale de ses moteurs diesel truqués aux Etats-Unis, selon des documents judiciaires publiés mardi.

L'accord prévoit une indemnité au comptant pouvant atteindre 10 000 $ US par propriétaire de Volks diésel, et l'injection par Volks de près de 5 milliards US dans la recherche sur les moteurs à émission zéro anti-pollution et dans des fonds de réduction de la pollutiuon diesel aux États-Unis.

Ce compromis, qui doit encore être approuvé par la justice, ouvre la voie au rachat potentiel aux Etats-Unis de quelque 480 000 voitures équipées d'un logiciel truqueur.

Leurs propriétaires auront également la possibilité de faire réparer leurs véhicules aux frais du constructeur allemand. 

L'association de consommateurs «Consommation, logement et cadre de vie» (CLCV) demande pourquoi les consommateurs et contribuables européens, sont traités différemment par Volkswagen.

Volkswagen a admis avoir mis en place un logiciel sur les moteurs diesel d'environ 11 millions de ses voitures, afin de fausser les résultats de tests antipollution. Photo: Reuters

900 000 voitures truquées juste en France

«La peur des conséquences économiques beaucoup plus importantes aux Etats-Unis a poussé le groupe automobile à prendre en considération la demande des consommateurs. Pour les Européens qui subissent le même préjudice, rien d'autre que la mise aux normes n'est prévu», a indiqué l'organisme français CLCV. 

Volkswagen a admis avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de moteurs diesel dans le monde, dont près de 600 000 aux Etats-Unis et 100 000 au Canada. Ces programmes réduisaient artificiellement les émissions d'oxydes d'azote (NOx) lorsqu'ils détectaient que le véhicule était en train d'être testé.

L'entreprise est engagée dans une importante opération de rappel, qui devrait s'étaler sur toute l'année 2016 et concerne en France quelque 900 000 véhicules. En octobre 2015, la CLCV a intenté une poursuite contre Volkswagen pour «pratiques commerciales déloyales et tromperie aggravée».

Face aux députés français en février, le président de Volkswagen-France, Jacques Rivoal, avait fait valoir que les situations et législations étaient différentes des deux côtés de l'Atlantique et écarté un dédommagement des clients.

Le patron de Volkswagen-France, Jacques Rioval, lors de sa comparution en commission parlementaire en France. Photo: AFP

Recours collectif en Belgique

«Le NOx est une donnée contractuelle aux Etats-Unis, elle ne l'est pas en Europe», avait-il indiqué, et la solution technique n'a pas été validée pour les diesels incriminés aux Etats-Unis, contrairement à ce qui a cours en Europe.

En juin, l'association belge de défense des consommateurs Test-Achats a annoncé lancer un recours collectif pour exiger le «remboursement total» des véhicules Volkswagen équipés de moteurs diesel truqués vendus en Belgique après le 1er septembre 2014.

De son côté, la députée européenne Karima Delli, très en pointe dans la lutte contre la pollution automobile, a dénoncé mardi un «deux poids, deux mesures» en forme de «double peine pour le consommateur européen».

La députée européenne Karima Delli.

Consommateurs «arnaqués» par Volks

«Il se fait arnaquer au même titre que le consommateur américain et on voudrait nous faire croire aujourd'hui qu'il n'a subi aucune perte», s'est insurgée la parlementaire du parti écologiste, en assurant que «la cote des véhicules Volkswagen et diesel en général est en perte de vitesse sur le marché de l'occasion».

«Si Volkswagen tient vraiment à se sortir de ce scandale par le haut, le groupe devrait commencer par traiter les consommateurs européens et américains sur un pied d'égalité», a insisté Mme Delli.