L'agence californienne de l'environnement (CARB) a annoncé jeudi avoir rejeté le plan proposé par Volkswagen pour remettre aux normes quelque 16 000 voitures mues par des moteurs diesel 3 litres (six-cylindres) équipés de logiciels truqueurs faussant le résultat des tests anti-pollution.

Les mesures de remise aux normes soumises par le groupe allemand pour ses voitures de 3 litres sont «incomplètes, considérablement lacunaires, et sont loin de remplir les conditions légales», écrit la CARB dans un courrier adressé à Volkswagen et rendu public.

Le refus a un impact hors de Californie, puisque la CARB travaille de concert avec les autorités environnementales fédérales américaines. Et comme le Canada s'aligne sur les normes américaines, Volks doit trouver une solution pour les deux pays. 

Mais les moteurs 3 litres ne représentent qu'une petite fraction des moteurs truqués. L'essentiel du problème se trouve au niveau des moteurs 2 litres (quatre-cylindres) --25 fois plus nombreux-- au sujet desquels une entente de principe existe (elle doit être ratifiée par les tribunaux le 26 juillet, pour les États-Unis).

Un Volkswagen Touareg diesel mu par un 6-cylindre de 3 litres, durant un test de l'Environmental Protection Agency à Ann Arbor, au Michigan. Photo: AP

Pas d'impact sur le plan d'indemnisation américain

Le refus de la CARB au sujet des moteurs 3 litres ne préjuge pas du sort du principal plan d'indemnisation présenté fin juin pour les voitures mus par des moteurs de 2 litres.

Ce plan à 15 milliards de dollars prévoit notamment le rachat des quelque 480 000 véhicules concernés et le versement d'une compensation au comptant (jusqu'à 10 000 $) à ses propriétaires afin d'éteindre un retentissant scandale qui a éclaté en septembre aux États-Unis.

Pour ses moteurs 3 litres, Volks (qui comprend aussi Audi) privilégie une option moins coûteuse qui consisterait à les faire réparer afin que les voitures concernées soient conformes aux normes environnementales. Lors d'une audience fin juin en Californie, un des avocats de Volkswagen aux Etats-Unis avait estimé que cette solution ne serait pas «compliquée» et n'aurait pas d'effet «négatifs» sur la performance des voitures.

De toute évidence, la CARB n'a pas été convaincue.

Le procureur général de l'État de New York Eric Schneiderman explique l'entente financière qui dédommage les propriétaires de Volkswagen diésel tout en punissant Volkswagen pour ses diesel truqués. Une entente canadienne est actuellement en préparation et pourrait être déposée en cour le 29 juillet. Photo: AP

La CARB dit à Volks de faire mieux

L'agence californienne de l'environnement, qui avait fait éclater le scandale en septembre avec son homologue fédérale (EPA), somme donc  le groupe de revoir sa copie. «CARB, en relation avec l'EPA, continuera les discussions techniques avec les entreprises (du groupe VW) pour s'assurer qu'une solution acceptable techniquement et légalement soit trouvée afin de réduire totalement les émissions excessives» de gaz polluants , écrit-elle dans un communiqué.

Parlant de ce refus de la CARB comme d'une «étape procédurale», Volkswagen a réagi, par écrit, en affirmant «continuer de travailler étroitement avec l'EPA et la CARB, pour chercher à atteindre aussi vite que possible un accord sur une solution technique pour nos moteurs 3 litres».

Selon les autorités américaines, les moteurs truqués de Volkswagen peuvent émettre jusqu'à 40 fois les normes autorisées d'oxydes d'azote (NoX).

Le scandale a depuis pris une dimension mondiale avec l'aveu par Volkswagen qu'il avait truqué au total 11 millions de voitures sur le globe. Visé par plusieurs enquêtes dans le monde, le groupe a dû essuyer en 2015 une perte nette de 1,6 milliard d'euros, la première depuis plus de vingt ans.

Le mastodonte allemand reste toutefois au coude à coude avec Toyota pour la place de numéro un mondial en matière de ventes. Ce duo est suivi de près par General Motors.

Volkswagen a avoué avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde d'un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Photo: AFP