De nouvelles plaintes aux Etats-Unis, accusant Volkswagen de fraude pour contourner les normes anti-pollutions américaines, lient au scandale des dirigeants du constructeur allemand, dont le patron actuel Matthias Müller et son prédécesseur Martin Winterkorn.

En tant que responsable de projet chez Audi en 2006, M. Müller avait été alerté de la difficulté des ingénieurs de la marque à trouver un équipement permettant à des modèles Audi de se conformer aux normes américaines sur les oxydes d'azote. C'est ce qu'avancent ces plaintes déposées séparément par les procureurs généraux américains de New York et du Massachusetts.

«Aux alentours de juillet 2006, le problème de l'impact d'un réservoir d'urée réduit sur la conformité aux émissions standard avait été porté à l'attention de Martin Winterkorn, alors directeur général d'Audi AG, (...) et de «H. Müller»», qui est, affirme la plainte de New York, la référence à Matthias Müller. Sur ce dernier point, le procureur américain dit fonder son accusation sur le témoignage d'un autre responsable du groupe.

La vie de Matthias Müller était plus simple quand il était président de Porsche. On le voit ici au Salon de l'auto de Detroit 2014, activant le toit d'une 911 Targa. Photo: AFP

«Aucune preuve crédible», proteste Volks

Pour faire des économies, le problème a finalement été résolu en installant des logiciels truqueurs mais aucune des deux plaintes, fondées sur des documents internes, des courriels et des témoignages, ne dit toutefois si M. Müller savait ou en avait autorisé l'utilisation.

«Il n'y a aucune preuve crédible pour soutenir l'accusation contre Matthias Müller», a réagi auprès de l'AFP une porte-parole du constructeur, dénonçant un courriel «ambigu».

En attendant, les informations contenues dans les plaintes contredisent les déclarations de Volkswagen, qui a rejeté la faute sur un petit groupe d'ingénieurs chargés du développement d'un nouveau moteur diesel.

Volkswagen a conçu ces logiciels truqueurs en 1999 et les a installés sur des véhicules vendus en Europe dès 2004. Aux Etats-Unis, c'est à partir de 2008 que le géant a introduit les moteurs truqués émettant jusqu'à 40 fois plus de gaz polluants que les normes autorisées, selon les deux plaintes.

Le PDG de Porsche Matthias Müeller et celui de Volkswagen, Martin Winterkorn, à l'époque où Volks a acheté Porsche. Photo: AFP

Des salaires qui récompensent de mauvaises actions ?

Eric Schneiderman, procureur de New York, fustige également la rémunération de plus de 63 millions d'euros versée au titre de 2015 aux douze membres du directoire de Volkswagen, dont 7,3 millions à M. Winterkorn.

Cette rémunération récompense un comportement répréhensible, dénonce le procureur.

L'État du Maryland doit également déposer une plainte mercredi.

Fin juin, Volkswagen avait accepté de verser environ 15 milliards de dollars pour clore un premier volet civil de cette affaire de moteurs truqués.

Le groupe, qui a reconnu avoir truqué 11 millions de ses voitures diesel dans le monde, fait l'objet d'une enquête pénale et doit encore répondre du trucage de moteurs sur environ 100 000 véhicules.

Il est aussi confronté à une cascade de poursuites et d'enquêtes dans le reste du monde.