Deux autres tuiles liées aux moteurs diesels truqués sont tombées sur la tête de Volkswagen.La Bavière va poursuivre en dommages et intérêts le constructeur automobile Volkswagen, à cause de l'effondrement de son action en Bourse après la révélation du scandale des moteurs truqués, a indiqué le ministère des Finances de cette province allemande.De l'autre côté de la planète, la Corée du Sud a infligé une amende de 21 millions de dollars canadiens à Volks et suspendu ses ventes dans le pays.

Première province allemande à porter plainte dans ce dossier, la Bavière, qui abrite le siède d'Audi, filiale de Volkswagen, a décidé de réclamer des dédommagements, pour «un montant maximum de 700 000 euros», a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère, confirmant des informations obtenues par l'agence allemande DPA.

Caisse de retraite des fonctionnaires

Quand fut découvert en septembre dernier que Volkswagen avait truqué 11 millions de moteurs diesel pour les faire paraître moins polluants, la sanction a été immédiate à la Bourse de Francfort : l'action du constructeur a perdu 40% en quelques jours.

Or le fonds de pension bavarois, qui finance les retraites des fonctionnaires de la région, en avait quelque 50 000 en portefeuille.

Si le titre est depuis remonté, il reste en baisse de 25% par rapport à avant le scandale.

La plainte du fonds de pension de Bavière pour «manquements aux obligations de publication» doit être déposée en septembre auprès du tribunal de Brunswick (dans le Nord de l'Allemangne), où se trouve le siège du groupe Volkswagen. 

L'action en justice a «de grosses chances de succès», a estimé la porte-parole du ministère. D'autres actionnaires qui ont laissé des plumes dans la chute du titre ont porté plainte contre le constructeur, auquel ils reprochent spécifiquement d'avoir communiqué trop peu et trop tard sur l'affaire, entraînant la dégringolade du titre.

La poursuite bavaroise arrive le même jour où le gouvernement Sud-Coréen a imposé une amende de 18 millions de dollars US à Volkswagen et suspendu les ventes de 80 modèles dans le pays. Photo: AFP

Les pots cassés, encore et encore

De manière générale, le géant automobile au douze marques n'en finit pas de payer les pots cassés de ce scandale.

Il est l'objet de multiples plaintes dans différents pays, et la facture totale n'est toujours pas connue.

En Europe, les voitures trafiquées sont progressivement en train d'être rappelées pour être remises aux normes. Aux Etats-Unis, Volkswagen a passé un premier accord de quelque 15 milliards de dollars d'indemnisation pour les automobilistes concernés.

Une autre province allemande, la Basse-Saxe, est directement actionnaire de Volkswagen, à hauteur de 20%. Mais pour le moment le gouvernement provincial, dont plusieurs membres siègent au conseil de surveillance de Volkswagen, n'envisage pas de se retourner contre le groupe, dont le destin est étroitement imbriqué avec la sphère politique.

Les récents ennuis de Volks ont comme arrière-plan les poursuites qui s'accumulent aux États-Unis. Ci-haut, la procureure générale du Massachusetts, Maura Healey, explique une poursuite de son État contre Volkswagen, déposée le 19 juillet. Photo: AP

Falsification de documents en Corée du Sud

Par ailleurs, le gouvernement sud-coréen a suspendu mardi la vente de 80 modèles de Volkswagen et infligé au groupe automobile allemand une amende de 21 millions de dollars canadiens en raison de problèmes d'homologation. Une enquête est en cours sur le scandale des moteurs truqués.

Le ministère de l'Environnement a précisé que cette interdiction portait sur 83 000 véhicules, appartenant à 80 modèles, qui devaient être vendus et que la suspension était liée à des documents falsifiés concernant les niveaux d'émission et de bruit.

«La falsification de documents est une violation grave qui mine tout le processus d'homologation», a déclaré lors d'une conférence de presse Hong Dong-Gon, un responsable ministériel.

Le groupe a également écopé d'une amende de 17,8 milliards de wons (21 millions de dollars canadiens).

Le groupe de Wolfsburg avait pris les devants il y a deux semaines en annonçant la suspension temporaire de la vente en Corée du Sud de plusieurs modèles pour un problème d'homologation.

Un porte-parole de Volkswagen avait expliqué cette décision par des «irrégularités» dans le processus d'homologation de ces modèles et par des discussions avec les autorités sud-coréennes concernant les données fournies par le constructeur, telles que les dimensions, le poids ou encore le type des moteurs.

Durant une conférence de presse du ministère de l'Environnement sud-coréen, le haut fonctionnaire Hong Dong-kon montre des graphiques falsifiés déposés par Volkswagen et Audi dans leurs documents d'homologation.  Photo: Agence Yonhap via AP

Volks sera surveillé de près

Ordonnant le rappel de trois modèles, M. Hong a précisé qu'un rappel n'était pas nécessaire pour les autres modèles, dont certains documents avaient été falsifiés mais qui ne comportaient aucune pièce défectueuse.

Il a toutefois indiqué que le processus d'homologation des Volkswagen serait désormais bien plus strict et bien plus long.

«Il ne s'agira pas seulement de vérifier les documents. Nous mènerons un examen approfondi qui inclura des inspections sur site et, si nécessaire, des visites au siège allemand», a-t-il dit.

Une porte-parole de Volkswagen Corée a déploré la décision de Séoul.

«Mais la Corée du Sud demeure un marché très important pour nous et nous allons essayer d'avancer rapidement dans le processus de ré-homologation», a-t-elle dit.

Un cadre de la branche sud-coréenne de Volkswagen avait été arrêté fin juin dans le cadre de l'enquête sur le scandale des moteurs truqués.

Des véhicules Volkswagen et Audi sont stationnés au centre d'inspection avant livraison de Pyeongtaek, en Corée du Sud. Environ 83 000 véhicules du Groupe Volkswagen sont temporairement interdits de vente jusqu'à ce que la compagnie refasse ses demandes d'homologation. Photo: Agence Yonhap via AP

C'est la deuxième amende en Corée du Sud

Le groupe aux douze marques (Volkswagen, Audi, Bentley, etc) a admis en septembre avoir trafiqué un logiciel installé sur 11 millions de véhicules dans le monde, afin de faire apparaître ces derniers moins polluants qu'ils ne le sont.

En novembre, le gouvernement sud-coréen avait ordonné à Volkswagen de rappeler 125 500 véhicules diesel vendus dans le pays et infligé une amende de 14,1 milliards de wons (16,6 millions de dollars canadiens) au constructeur.

La décision annoncée mardi signifie, selon le ministère de l'Environnement, que Séoul a désormais annulé l'homologation de 68% des Volkswagen vendus sur son sol depuis son entrée sur le marché sud-coréen en 2007.

Les ventes de Volkswagen en Corée du Sud ont plongé de 33% au premier semestre, à 12 463 unités. Le groupe avait vendu 69 000 véhicules sur le marché sud-coréen en 2015.