Le constructeur automobile allemand Volkswagen va devoir négocier avec certains ouvriers de son usine de Chattanooga, au Tennessee, qui veulent se joindre au syndicat des Travailleurs unis de l'automobile (UAW).

Le Conseil national des relations de travail (NLRB) a jugé mercredi que quelque 160 ouvriers qualifiés avaient le droit de rejoindre l'UAW, a-t-on appris jeudi de source syndicale. C'est une première pour une usine appartenant à un constructeur européen ou asiatique dans le sud des Etats-Unis, où l'UAW est généralement tenu à l'écart.

Une seule section, seulement 6 % des effectifs

Début avril, Volks avait fait appel d'une précédente décision du NLRB donnant gain de cause aux  ouvriers. Le Conseil fédéral vient de confirmer sa position.

L'UAW avait subi une défaite majeure à Chattanooga en février 2014, quand les 1550 assembleurs de l'usine avaient voté contre une demande d'accréditation pilotée par l'UAW.

Cette fois, la décision ne concerne qu'un petit groupe d'ouvriers qualifiés. Le Conseil a notamment rejeté l'argument du constructeur allemand selon lequel il ne pouvait négocier qu'avec l'ensemble des 2500 ouvriers du site. La décision oblige Volks à négocier avec les 160 ouvriers qualifiés regroupés dans une seule section locale (la section 42 de l'UAW)

«Nous sommes satisfaits que le NLRB ait ordonné à Volkswagen de négocier avec la section 42 en tant que représentant des ouvriers qualifiés de l'usine de Chattanooga», a indiqué Gary Casteel, secrétaire-trésorier de l'UAW.

«Cette décision unanime indique clairement que le constructeur violait les lois fédérales en refusant de s'asseoir à la table des négociations», a-t-il ajouté. «Le groupe a maintenant une occasion d'améliorer ses relations de travail aux Etats-Unis».

Il a pressé Volkswagen d'ouvrir les négociations «le plus rapidement possible».

Le constructeur n'avait pas encore réagi jeudi. Il peut encore aller en appel devant un tribunal fédéral.

Gary Casteel et d'autres dirigeants de l'UAW avaient une tête d'enterrement le 14 février 2014 quand les 1550 cols bleus de l'usine de Chattanooga ont voté contre l'accréditation. Photo: Reuters

Appui du syndicat allemand

L'UAW a reçu le soutien du syndicat allemand IG Metall et de ses représentants au sein du conseil de surveillance du constructeur.

C'est à l'usine de Chattanooga que doit être fabriqué le Cross Blue, prochain 4x4 de ville (SUV), sur lequel Volkswagen compte pour partir à la reconquête du marché américain.

Ses ventes ont en effet lourdement chuté après la révélation qu'il a équipé des modèles de véhicules diesel de logiciels truqueurs destinés à contourner les normes sur les émissions polluantes. En septembre 2015, il a avoué avoir truqué 11 millions de voitures dans le monde.