Un ingénieur de Volkswagen a été inculpé vendredi aux Etats-Unis pour avoir participé au développement des logiciels destinés à contourner les lois anti-pollution, devenant ainsi la première personne inquiétée par la justice américaine dans ce scandale qui ternit la réputation du groupe allemand.

James Liang, qui est Américain, a été inculpé pour «conspiration», «fraude» et violation de la loi sur la qualité de l'air.

Ancien ingénieur à Wolfsburg, au centre de développement de Volks

«Lorsqu'il travaillait dans le développement du diesel (James) Liang faisait partie d'une équipe d'ingénieurs qui a développé le moteur (truqueur) «EA 189+ qui était conçu pour se conformer aux nouvelles règles draconiennes américaines en termes d'émissions de véhicules diesel», selon l'acte d'accusation.

«Quasiment dès le début du processus de conception des nouvelles et «voitures diesel propres» VW, Liang et ses co-conspirateurs ont fabriqué ces véhicules non pas pour qu'ils se conforment aux normes d'émissions américaines mais pour fausser les tests en faisant apparaître que les véhicules étaient conformes alors que ce n'était pas le cas», affirme le département de la Justice.

Le but de «cette conspiration était pour (James) Liang et ses co-conspirateurs de s'enrichir et d'enrichir illégalement VW», assènent les autorités américaines.

M. Liang était basé à Wolfsburg en Allemagne qui est le siège de Volkswagen (VW), de 1983 à 2008 où il travaillait au département en charge du développement du diesel.

Cette photo d'archives prise le 13 octobre 2015 montre un Volkswagen Touareg à moteur diesel durant un test à basse température de l'EPA américaine à Ann Arbor, Michigan. Un ingénieur de Volks a plaidé coupable aujourd'hui à une accusation de conspiration. Photo: AP

Il a plaidé coupable et collabore avec l'enquête sur Volkswagen

Il a ensuite été muté aux Etats-Unis et notamment en Californie pour faire partie de l'équipe de VW chargée de préparer et de tester les voitures diesel que le groupe voulait commercialiser sur le sol américain. Cette équipe est aussi celle qui a apporté les garanties sur la conformité de ces véhicules aux normes d'émissions américaines, peut-on encore lire dans les documents.

M. Liang est principalement accusé d'avoir participé à la conception du logiciel truqueur ayant été installé sur les VW Jetta années modèles 2009 à 2015 et VW Golf années modèles 2010-2015.

Il a plaidé coupable vendredi devant un juge d'un tribunal de Detroit pour éviter un procès. En échange il va coopérer avec les autorités américaines qui mènent une enquête pénale contre Volkswagen.

Il risque une peine de prison maximale de 5 ans et une amende pouvant aller jusqu'à 250 000 dollars mais sa décision de plaider coupable pourrait atténuer la sentence. D'ailleurs, selon les médias de Detroit, M. Liang aurait accepté de collaborer avec la justice américaine dans son enquête sur le scandale Dieselgate.

VW s'est refusé à dire si James Liang travaille toujours pour le groupe. 

Volkswagen avait avoué en septembre 2015 avoir truqué au total 11 millions de voitures dans le monde afin de les faire passer pour moins polluantes qu'elles ne l'étaient vraiment.

Le groupe automobile a déjà passé un premier accord au civil de près de 15 milliards de dollars pour indemniser les propriétaires des véhicules diesel 2 litres équipés du logiciel truqueur et pour la remise aux normes de ces voitures.

«Volkswagen continue de coopérer étroitement avec le ministère américain de la Justice. Nous ne pouvons pas commenter l'acte d'accusation», a réagi vendredi le deuxième groupe automobile mondial dont la facture dans cette affaire pourrait encore s'alourdir.

Photo d'archives: AP

Son témoignage pourrait accélérer l'enquête sur Volks

En effet, le témoignage de James Liang pourrait accélérer l'enquête pénale des autorités américaines qui auraient, selon une source anonyme proche du dossier, découvert des preuves d'activités criminelles et pourraient en conséquence infliger au constructeur de nouvelles pénalités financières.

Ces pénalités pourraient être intégrées dans un accord baptisé «deferred prosecution agreement» c'est-à-dire un compromis selon lequel, outre l'amende, le constructeur reconnaît des éléments qui lui sont reprochés et s'engage à ne plus commettre d'infractions similaires. En échange, les autorités renonceraient à le poursuivre au pénal.

Une telle solution avait notamment été retenue en septembre dernier dans le cadre de l'affaire du commutateur d'allumage défectueux de General Motors, premier constructeur automobile américain, et avec le japonais Toyota pour des problèmes d'accélération intempestive en mars 2014. GM avait payé 900 millions de dollars et Toyota 1,2 milliard de dollars.

Pour autant, Volkswagen n'en aurait pas fini avec cette affaire aux Etats-Unis car il lui faut encore trouver un accord pour un plus petit nombre de véhicules à moteur diesel 3 litres équipant également des voitures des marques Audi et Porsche qu'il possède.