La marque automobile Volkswagen, indissociable du scandale des moteurs diesel truqués, se rêve à l'horizon 2025 en numéro un mondial de l'électrique. Elle défendra cette technologie qu'elle défendra aussi sur un marché où elle veut faire son grand retour: les États-Unis.

Son patron Herbert Diess a détaillé mardi au siège du constructeur, à Wolfsburg, sa stratégie à horizon 2025, qui marque «le plus grand processus de transformation de l'histoire de la marque», selon le responsable.

Herbert Diess avait déjà présenté le prototype électrique I.D. lors du Mondial de l'automobile de Paris le 29 septembre dernier. Photo: Reuters

Un slogan déjà utilisé lors de la présentation vendredi d'une profonde réorganisation qui verra 30 000 postes supprimés sur les quelque 215 000 que la marque compte dans le monde, afin de lui permettre de réduire ses coûts, de gonfler une rentabilité bien maigre et se préparer aux défis tels que l'électrique et la voiture connectée.

Grand ménage allemand et blitzkrieg électrique

Le grand ménage, réalisé en majeure partie dans les usines allemandes, servira de base de départ à l'offensive dans l'électrique déjà annoncée en juin au niveau de l'ensemble du groupe Volkswagen.

Le géant européen, propriétaire de douze marques, avait alors dit vouloir commercialiser plus de 30 véhicules tout électrique d'ici 2025, soit 2 à 3 millions d'unités par an ou jusqu'à 25% de ses ventes totales.

Le fabricant de la Golf et de la Passat entend se hisser au rang de «leader mondial du marché» des véhicules électriques d'ici 2025, avec 1 million d'unités vendues par an, a précisé son patron mardi. En 2015, il a vendu 4,4 millions de voitures.

L'offensive dans l'électrique à partir de 2020 concernera tous les marchés, même si la Chine offre le plus grand potentiel.

M. Diess veut également étendre à toutes les régions du monde le positionnement de la marque dans le haut du segment généraliste, abandonner des variantes de modèles essence et diesel et réformer l'organisation interne pour développer la culture du débat.

Les services à la mobilité tels que l'auto-partage constituent un autre axe de développement pour la marque. Ils doivent générer environ 1 milliard d'euros d'ici 2025.

Financièrement, VW vise une nette amélioration de sa rentabilité, à 6% d'ici 2025 après 2% en 2015 et 4% visés pour 2020.

«C'est loin d'être utopique dans la mesure où d'autres constructeurs généralistes arrivent déjà à dégager une telle marge», estime le spécialiste automobile Stefan Bratzel, interrogé par l'AFP.

La nouvelle Golf électrique lors de sa présentation, jeudi dernier, à l'usine de Dresde, dans l'est de l'Allemagne, où elle sera fabriquée. L'inscription en allemand veut dire : «La vie électromobile». Photo: AP

No 1 de l'auto électrique dès 2025 ? Photo: AP

Une deuxième chance aux États-Unis ?

Le constructeur souhaite également prendre le taureau par les cornes aux États-Unis. L'éclatement du dieselgate en septembre 2015 a encore compliqué la tâche de la marque Volkswagen, déjà à la peine sur ce marché important faute de modèles répondant au goût de la clientèle.

«Nous voulons faire notre retour en Amérique du Nord», une région où la marque «doit passer du statut de constructeur de niche à celui de fabricant pertinent et rentable», a annoncé Herbert Diess.

Ce retour doit se faire à grand renfort de VUS 4x4 volumineux, dont les clients américains sont friands. Volkswagen veut également démarrer la production de véhicules électriques aux Etats-Unis en 2021.

Le patron de VW évoque un retour aux bénéfices aux Etats-Unis à partir de 2020, comme en Amérique du Sud où la marque restructure actuellement des usines.

Stefan Bratzel, de l'institut automobile allemand CAM, y voit une «stratégie très ambitieuse». «Ce ne sera pas facile, mais cela n'est pas impossible car il y a une culture de la deuxième chance aux États-Unis», explique-t-il.

Il n'y a pas que l'électricité dans la vie : Volks aussi veut mieux se positionner en Amérique du Nord avec de gros VUS comme l'Atlas, présenté jeudi dernier au Salon de l'auto de Los Angeles. Photo: Reuters

Volks devrait-elle quitter les États-Unis ?

Frank Schwope, analyste de la banque Nord/LB, est plus sceptique. Volkswagen a déjà enregistré des milliards d'euros de pertes aux Etats-Unis ces deux dernières décennies, auxquels devraient s'ajouter 15 à 20 milliards d'euros de facture pour le dieselgate, calcule-t-il, parlant de ce pays comme d'un «puits sans fond» pour le groupe allemand.

Au vu de l'arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche et des mesures protectionnistes qui seront peut-être adoptées, un retrait de la marque Volkswagen du marché américain «mérite d'être étudié», conseille enfin M. Schwope.