Peu après l'inculpation d'un de ses prédécesseurs, le nouveau patron de Volkswagen a coopéré avec la justice américaine dans l'enquête sur le scandale des moteurs truqués, obtenant des garanties personnelles, rapportent mardi des médias allemands.

Selon le quotidien à grand tirage Bild, le PDG Herbert Diess, nommé mi-avril, a rencontré aux États-Unis début mai les enquêteurs du FBI et du département américain à la Justice.

«Le nouveau patron a fait des déclarations aux enquêteurs du FBI et du ministère de la Justice qui se sont avérées accablantes, semble-t-il, pour (l'ancien patron du groupe automobile) Martin Winterkorn», assure le quotidien sans citer de source.

Peu après, Winterkorn a été inculpé

Les enquêteurs américains ont pour leur part promis à M. Diess qu'il serait prévenu en cas d'émission d'un mandat d'arrêt à son encontre, susceptible d'entraîner son interpellation lors de voyages hors d'Allemagne - Berlin n'extradant pas ses ressortissants.

Interrogé par l'AFP mardi matin, Volkswagen n'avait pas réagi dans l'immédiat.

M. Winterkorn, dont l'inculpation a été annoncée le 3 mai, est accusé, avec d'autres dirigeants de Volkswagen, d'avoir «délibérément commis une fraude» pour déjouer les règles antipollution grâce à un logiciel faussant les résultats des tests sur les émissions.

Le journal Süddeutsche Zeitung et l'agence financière Bloomberg assurent aussi, sans citer leurs sources, que M. Diess a reçu ces garanties aux États-Unis, mais ils n'évoquent pas de témoignage à charge contre son prédécesseur.

Volks pourrait poursuivre Winterkorm au civil

Ces informations de presse s'ajoutent à celles circulant la semaine dernière et affirmant que le groupe automobile se préparerait à se retourner contre Martin Winterkorn afin d'obtenir des millions d'euros de dommages.

Le successeur de M. Winterkorn, Matthias Müller, a lui été débarqué en avril alors qu'il risque aussi des poursuites, aux États-Unis comme en Allemagne.

Herbert Diess semble en meilleure position et intéresse moins les enquêteurs car il est arrivé dans le groupe aux 12 marques juste avant que n'éclate à l'automne 2015 le scandale Volkswagen.

Volkswagen a reconnu avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel, dont environ 600 000 aux États-Unis, d'un logiciel capable de fausser le résultat des tests antipollution et dissimulant des émissions dépassant parfois jusqu'à 40 fois les normes autorisées.

Le scandale a déjà coûté au constructeur plus de 25 milliards de dollars en rappels de véhicules et procédures judiciaires. Des recours en nom collectif ont également été déposés.

Martin Winterkorn. Photo AP