La piste comme planche de salut. Alors que les véhicules électriques cherchent à séduire par leurs qualités écologiques, un petit constructeur canadien fait le pari de la vitesse pure sur circuit pour se faire connaître : sa moto sera destinée uniquement aux amateurs de piste... en attendant de passer à autre chose.

L'amarok est un grand loup de la mythologie inuit. Mais la moto du même nom n'a rien du géant. En fait, l'image du carcajou lui sied bien mieux. Petite, légère, féroce. Mais en harmonie avec son environnement, parce que 100 % électrique.

Contrairement aux entreprises en démarrage américaines Brammo et Zero, à ce jour les meneuses dans le secteur des motos électriques, Amarok n'a aucunement l'intention de s'attaquer au marché des motos grand public. Son parton, Michael Uhlarik, est prudent, merci à ses 15 années en tant que designer et chargé de projet chez Honda, Aprilia et Piaggio : « À l'échelle de l'industrie de la moto, Brammo et Zero sont des nains, soutient-il. Je serais surpris s'ils réussissent à vendre 5000 motos par année. Honda en vend 19 millions. D'accord, les Japonais considèrent encore l'électrique comme un projet secondaire. Mais quand ils vont s'y mettre, ça va être un massacre. Qu'est-ce que les Japonais font de mieux ? Des véhicules et des appareils électroniques. Les motos électriques sont un mariage des deux ! «

Selon M. Uhlarik, Brammo et Zero vont devoir trouver leur place « avant l'arrivée des sumos «. C'est pourquoi Amarok vise les pistards. « Il y a actuellement une fenêtre d'opportunité, elle se referme, mais elle est toujours ouverte, affirme le designer, également pilote à ses heures. D'ici l'arrivée des Japonais, nous allons continuer d'offrir quelque chose de différent, d'autant plus qu'ils ne sont pas intéressés par le haut de gamme. Le prototype que nous avons actuellement en piste a une allure assez conservatrice, mais quand nous allons présenter notre concept officiel, l'an prochain, je crois que les gens vont comprendre ce qu'est une Amarok. «

S'illustrer en compétition

Amarok veut profiter de la vitrine que lui procure la compétition pour se faire un nom et attirer les investisseurs - certains cognent déjà à la porte. Une moto de la firme canadienne, qui partage ses activités entre les Cantons-de-l'Est et la Nouvelle-Écosse, s'alignera donc cet été au sein du tout nouveau championnat eRoadRacing, né tout récemment d'un accord entre la Fédération internationale de motocyclisme et l'organisation TTXGP.

On se prépare aussi à se lancer à l'assaut de la réputée course de Pikes Peak, au Colorado : « On aimerait bien enregistrer le record de parcours pour une moto électrique, affirme sans sourciller Michael Uhlarik. Ça risque d'être difficile parce qu'on fera face à de sérieux concurrents, dont Zero qui sera là avec une moto préparée en usine. Mais nous arriverons nous aussi avec quelque chose de spécial, j'ai confiance.»

Le plus récent prototype d'Amarok est plus puissant que son prédécesseur, mais surtout plus léger. Et c'est le fer de lance d'Amarok. Une moto plus légère nécessite une batterie moins puissante, elle-même moins lourde. C'est donc doublement payant. Ainsi, le prototype P2, toujours en développement, promet des performances assez singulières : 100 chevaux pour 135 kilos, c'est un rapport poids-puissance qui surpasse les meilleures sportives de 600 cc de l'industrie. Et on annonce encore mieux pour le concept officiel qui sera dévoilé en 2014.

On comprend aussi que c'est ce poids plume qui distingue la bécane canadienne des autres motos électriques de haute performance, plus puissantes certes, mais toutes au-dessus de la barre des 200 kg.

Ainsi, si tout va bien, l'Amarok devrait pouvoir convaincre quelques amateurs de tenter l'expérience de la moto électrique. Avec un prix envisagé de 18 000 $ à 25 000 $ pour une moto fin prête pour la piste qui ne nécessite aucun entretien ou presque, ce pourrait en effet être diablement intéressant.

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Dans les entrailles de la bête

Prototype P2 «Montréal»

Puissance : 100 chevaux

Poids : 135 kg

Rapport poids-puissance : 740 chevaux/tonne

Autonomie : 45 minutes à pleine vitesse

60 km d'utilisation en piste

Temps de recharge : 90 minutes

Vitesse maximale : 250 km/h

Objectif de mise en marché : 350 à 500 exemplaires à partir du printemps 2015

« Le bloc batterie de la moto est utilisé à la fois comme partie du châssis et comme pièce aérodynamique. Il remplit donc trois rôles à la fois, ce qui permet à la moto d'être solide et légère. » - Micheal Uhlarik, Amarok Consultants

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Moto électrique : vers un championnat mondial tout électrique

L'automne dernier, les gens de la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) mentionnaient à La Presse que rien n'avait été fait «pour avoir un championnat commun» avec le circuit concurrent de course de moto électrique TTXGP.

On ajoutait toutefois ne pas être en compétition avec l'organisation mise sur pied par Azhar Hussain en 2009, un an avant la série ePower de la FIM.

Sept mois plus tard, les deux organisations se sont entendues et préparent ensemble la première saison du championnat eRoadRacing.

Cette année, le championnat se déroule parallèlement en Europe et en Amérique du Nord, avec une grande finale en Asie.

Deux des courses organisées aux États-Unis le seront en lever de rideau des courses de MotoGP, à Laguna Seca et Indianapolis.

«C'est vraiment une bonne nouvelle pour le futur de la moto électrique, soutient Michael Uhlarik, directeur d'Amarok, petit constructeur canadien qui participera au championnat nord-américain cet été. Ça permet de nous afficher devant les amateurs de moto les plus passionnés de la planète.»

L'an prochain, la coupe du monde eRoadRacing devrait compter un minimum de six manifestations sur trois continents. En 2015, le championnat deviendra une série à part entière de la FIM avec un calendrier mondial.