La déco n'est généralement pas une affaire de gars. À une exception près: la man cave, l'ultime repaire masculin qui échappe tout autant aux négociations avec la gent féminine qu'aux diktats des designers à la mode. Mais rien n'empêche cette liberté de création masculine de rimer avec bon goût!

On peut bien évidemment se limiter à décorer son repaire avec un quelconque calendrier de belles filles. C'est joli, soit, mais ce n'est pas très original. Heureusement, au-delà du Canadian Tire, il existe quelques endroits où trouver de bonnes idées pour donner fière allure à son garage, son atelier ou son sous-sol.

Qu'on se le dise, le rétro a la cote. On le sent simplement en tendant l'oreille à la musique rock'n'roll qui nous accueille quand on entre dans les boutiques spécialisées. «C'est la grosse mode», assure Marc Lepage, propriétaire de Pause Rétro, qui a des boutiques à la Place Longueuil et au marché aux puces Saint-Eustache. «On retombe dans le passé, dans un autre univers. Bien des gens veulent rénover leur sous-sol dans le style diner des années 50. C'est le fun de pouvoir créer ça chez soi.»

Quand il a lancé son commerce il y a déjà près de 25 ans, Marc Lepage était fasciné par les vieilles affiches de boissons gazeuses. "Ça me rappelait quand j'avais 10 ou 11 ans, quand j'allais me chercher un Snow White au dépanneur!» Mais la déco à saveur automobile s'est tranquillement imposée d'elle-même; stations d'essence d'époque, muscle cars, tracteurs, motos anciennes, le choix est immense. «Le thème automobile a beaucoup augmenté dernièrement, on le remarque aussi avec le nombre d'expositions de voitures anciennes qui a récemment explosé au Québec. Il y a un engouement, c'est sûr.»

La clientèle est variée, des baby-boomers nostalgiques des années 60 et 70 aux jeunes qui redécouvrent la mode hot-rod et rat-rod des années 40 et 50.

La tendance rocker est particulièrement manifeste à la boutique Le 63, avenue du Mont-Royal, à Montréal. Le proprio, Richard Goulet, a décidé de vendre ses friperies vintage Kitsch'n'Swell et Rokokonut pour se consacrer pleinement à sa passion, la «garage culture». Il avait volontairement gardé à part tous ses objets qui faisaient moto ou garage. Résolument plus underground, c'est justement la bécane qui est reine au 63; on trouve tout ce qui rime avec la mode «café racer» et ses dérivés. Casques, vêtements, lunettes, quelques vraies motos en consigne, mais aussi des accessoires de décoration.

Ici comme chez Pause Rétro, on trouve des répliques neuves d'affiches anciennes, mais on se distingue en faisant une belle place à de vrais objets vintage grappillés à droite et à gauche dans des brocantes, des marchés aux puces et des ventes-débarras. «Je fais aussi affaire avec des "pickers", dont c'est le métier de voyager en quête de matériel vintage pour les clients, explique Richard Goulet. On paie plus cher, mais je n'ai pas besoin de partir pendant une semaine pour faire mes recherches. Et quand on connaît bien le "picker", on a le premier choix.» Ouvert depuis seulement trois mois, Le 63 pourrait même agrandir dans le local voisin pour ainsi offrir davantage de choix aux clients.

Chez Passion Diecast, à Laval, la vente d'accessoires de décoration prend aussi de plus en plus de place parmi les innombrables rayons de voitures miniatures. «La clientèle est toujours grandissante, surtout à cause du bouche à oreille, explique le propriétaire Daniel Poirier. Il y a quatre ans, lorsque nous avons fait entrer nos premières affiches, ça n'attirait pas plus de 5% de notre clientèle. Maintenant, c'est près du quart. Ça prend de plus en plus de place, à tel point que j'ai dû construire un nouveau présentoir pour accueillir les nouvelles affiches.»

Alors, qui a dit que la man cave devait ressembler à une caverne?