David Bensadoun et Patrick Beaulé font de nouveau équipe au rallye Dakar, qui se déroulera du 5 au 18 janvier. Cette fois, pas question pour eux de faire de la figuration. La cible est ambitieuse: une place dans letop 30, et pourquoi pas le titre de meilleur équipage amateur?

PRÊTS À FAIRE FEU

En 2012, le duo québécois s'est présenté à Mar del Plata, en Argentine, avec l'objectif de terminer l'exigeant rallye-raid et ainsi devenir le premier équipage canadien à jamais compléter l'épreuve. Mais dès le 10e jour, les deux hommes discutaient déjà de leurs prochaines participations et des changements qu'ils devaient apporter. La mouche du Dakar les avait piqués.

Beaulé avait toutefois le désir brûlant de faire le Dakar seul à moto, sa passion, si bien qu'il a laissé son complice Bensadoun rouler avec un autre copilote en janvier dernier. Pendant que Beaulé devenait le seul Canadien à terminer l'épreuve à deux et quatre roues grâce à une 62e place durement acquise, Bensadoun a dû abandonner dans les premières journées de l'épreuve, coupant court aux ambitions de celui qui, au quotidien, est président des divisions ventes au détail et produits et services du Groupe Aldo.

En fait, 2013 aura été une année de développement, de rodage, en prévision de l'événement 2014, qui commence dans 10 jours. On a procédé à des essais exhaustifs au Maroc, en Espagne et en Grande-Bretagne, les deux coéquipiers ont suivi des leçons de pilotage, rien n'a été laissé au hasard.

«En 2012, disons que l'on roulait à 50% du niveau des pros, estime David Bensadoun. Cette année, on est à 80%. On a gagné en potentiel, en performance et en capacité. On a mis 1000 heures de tests et de préparation, 1000 heures de coordination, de planification et de relations publiques... et 2000 heures de rêve!»

BOLIDE SUR MESURE

L'équipe a profité de 2013 pour mettre le véhicule à sa main. L'as mécano Yvan Turcotte - un vétéran du Dakar qui a aussi bossé en Champ Car, entre autres formes de course automobile - , a pu travailler sur le Desert Warrior III jusque dans ses moindres détails. «Cette année, on peut parler d'une véritable voiture de course préparée par Yvan Turcotte», se félicite David Bensadoun. Selon lui, l'équipe RallyRaid UK, qui construit le véhicule, a toujours été davantage portée vers l'aventure, heureuse de pouvoir régler un problème avec des bouts de ficelle. «Ça ne les gêne pas si c'est un peu «broche à foin» », dit David en regardant son collègue Patrick en riant pour s'assurer que c'est bien l'expression consacrée. «Mais avec Yvan, continue-t-il plus sérieusement, on est à un niveau «sport auto». Chaque pièce a été vérifiée et analysée.»

Aussi, l'auto profite maintenant d'une suspension de course indépendante aux quatre roues et elle peut être démontée en modules. Selon l'équipe, les réparations, qui sont inévitables au Dakar, devraient prendre moitié moins de temps.

ANNÉE DÉTERMINANTE

Le Dakar 2014 marquera un tournant dans l'aventure de David et Patrick. Parce que leur performance déterminera la suite des choses. Soit ils poursuivent pour le plaisir en faisant des rallyes d'aventure un peu partout dans le monde, soit ils reviennent au Dakar avec l'objectif de s'approcher des équipes professionnelles. Ce qui passe impérativement par une voiture plus performante. Pour illustrer à quel point cela peut changer la donne, David sort sa calculatrice : « Par exemple, une nouvelle transmission séquentielle nous donnerait un sérieux avantage. On change 8000 fois de vitesse pendant la course, ce qui nous fait perdre 0,5 seconde par changement. C'est donc 67 minutes de perdues. C'était assez pour faire la différence entre la 29e et la 23e place au classement », conclut-il en consultant les résultats de 2013.

Par contre, des améliorations techniques impliquent l'arrivée d'un ou deux commanditaires majeurs. Voilà pourquoi le résultat de cette année est si important. Ainsi, pas question cette année de rouler peinard comme en 2012, se contentant de gagner des places à la faveur des abandons - ce qui leur a néanmoins permis de terminer 39e à leur première tentative. « On va tout de suite aller 5 % plus vite cette année, explique Patrick Beaulé. On doit partir plus fort de façon à être moins souvent empêtrés dans la poussière des véhicules qui roulent devant. » Moins il y a de véhicules devant, moins il y a de poussière, plus on va vite.

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Le Dakar 2014 en détail:

Départ Rosario, Argentine

Arrivée Valparaiso, Chili

175 motos 

41 quads

9374 km (parcours auto)

4,6 millions de spectateurs (2013)

1 milliard de téléspectateurs (2013)

151 autos

71 camions

5522 Km de spéciales chronométrées (parcours auto)

70 chaînes de télé diffusant des images dans 190 pays

150 médias différents couvrant l'intégralité du rallye

Cliquer pour découvrir le parcours du Dakar 2014

Les 4 clés du succès

1. «Mon copilote est dans le top 10, toutes catégories confondues, soutient David Bensadoun. Les pilotes professionnels se cherchent des gars de moto pour en faire leurs copilotes, parce que les motards roulent et naviguent en même temps. Il n'y a pas meilleurs qu'eux.»

2. «La chimie qui règne dans l'habitacle. On est toujours dans un état d'esprit positif, Patrick m'apprend des expressions québécoises, on rit tout le temps, assure David. Même s'il y a au minimum deux crevaisons par jour, on ne se chicane pas. Et ce n'est pas peu dire, car l'an dernier, quatre équipages n'ont pas terminé la course pour cause de divorce entre pilote et copilote!»

3. «Nous disposons cette année d'un véritable véhicule de course. Il est extrêmement bien rodé, selon Patrick Beaulé. L'auto n'a pas été testée à Mécaglisse! On pense pas mal avoir expérimenté tous les pépins possibles.»

4. Notre approche est meilleure que jamais, ajoute David. On sait mieux doser performance et prudence. Je pense avoir un bon jugement pour déterminer quand aller vite et quand ralentir le rythme. Et j'écoute les conseils de Pat, parce qu'il s'y connaît!»

Photo fournie par Aldo Racing