Les vacances sont déjà finies dans le milieu du sport automobile nord-américain. Le Rolex 24, aussi bien connu sous le nom des 24 Heures de Daytona, marque traditionnellement le début de la saison. Et, encore une fois cette année, plusieurs Québécois seront aux avant-postes de la 52e présentation de cette légendaire course d'endurance.

«Les 24 Heures du Mans demeurent la référence ultime en course d'endurance, mais le Rolex 24 s'en approche, explique le Montréalais Kuno Wittmer, pilote d'usine de SRT Motorsports, le bras sportif de Chrysler. Au niveau du pilotage, Daytona est bien différent du Mans. Comme c'est l'hiver en Floride, les variations de température sont très importantes. On débute sous le chaud soleil, mais la température chute quand la nuit tombe, si bien qu'il fait parfois moins de 15 degrés au petit matin. Les conditions de piste peuvent donc changer considérablement d'heure en heure. C'est difficile d'être bien préparé.»

Voilà pourquoi l'expérience est un atout non négligeable en course d'endurance, et encore davantage à Daytona. «J'ai fait 12 courses de 24 heures en carrière, je comprends ce que mon corps a besoin, explique Sylvain Tremblay, Lavallois d'origine qui a remporté les honneurs de sa catégorie à deux reprises, en 2008 et 2010. Les jeunes veulent aller trop vite, trop tôt, et ils ont des problèmes. Ils vont piloter au max pendant 45 minutes, mais ils oublient qu'ils ont encore 50 minutes à faire. Pas étonnant de voir des gars comme Scott Pruett et Alan McNish avoir du succès. Les gars de 40-50 ans sont très forts en endurance parce qu'ils savent comment rouler tout juste à 98,8% de leurs capacités, sans jamais aller trop loin.»

Évidemment, la préparation physique est aussi très importante quand on participe à une course de 24 heures. «Je commence l'entraînement intense deux mois avant la course», dit Tremblay, établi en Floride depuis plusieurs années et aujourd'hui président de SpeedSource, responsable du programme de sport motorisé de Mazda. «Je fais beaucoup de vélo, de la musculation, et je respecte un programme de nutrition sévère. C'est à Daytona que je suis le plus léger de la saison», assure-t-il.

L'esprit d'équipe est aussi essentiel dans une course de 24 heures. Le travail est généralement divisé entre trois ou quatre pilotes, qui prennent le volant à tour de rôle. «Il faut être capable de gérer la pression, sans trop penser, et trouver le moyen de dormir quand on sort de l'auto... si on en est capable! explique de son côté Louis-Philippe Dumoulin, qui en sera à sa troisième présence au Rolex 24. Il faut aussi s'assurer de mettre l'ego de côté; pas question d'essayer de prouver quelque chose en voulant montrer qui est le plus rapide. Ce qui compte, c'est d'être régulier et de ne pas se mettre dans le trouble.

«C'est un peu contre-intuitif de rouler dans des courses de 24 heures, admet Dumoulin. Il ne faut pas être trop dur sur la mécanique, choisir ses batailles, se concentrer à rester sur le tour du meneur de façon à être là quand il restera trois heures à faire. C'est à ce moment-là qu'il faudra mettre la pédale au plancher.»

Daytona Rolex 24: drapeau vert donné à 14h10, ce samedi 25 janvier. 

Coup d'oeil au Daytona Rolex 24

° La première épreuve officielle, d'une durée de trois heures, s'est déroulée en 1962. C'est en 1966 qu'elle passe à 24 heures.

° Le circuit routier de 5,73 km emprunte l'essentiel de l'anneau de vitesse utilisé en NASCAR, à quoi s'ajoute une chicane qui vient couper la ligne droite arrière, de même qu'une partie sinueuse aménagée à l'intérieur de l'anneau.

° Porsche règne en maître sur les 24 Heures de Daytona avec 18 victoires en tant que constructeur et 22 si on ajoute celles où il s'est contenté du rôle de motoriste.

° Les Américains Hurley Haywood et Scott Pruett ont chacun remporté cinq fois l'épreuve, le premier entre 1973 et 1991, le second entre 1994 et 2013.

Les Québécois en piste

Jean-François Dumoulin (37 ans)

° Équipe: Magnus Racing

° Voiture: Porsche 911 GT America (GTD)

° Neuvième participation; victoires en 2004 et 2007

Louis-Philippe Dumoulin (34 ans)

° Équipe: Alex Job Racing

° Voiture: Porsche 911 GT America (GTD)

° Troisième participation

Alexandre Tagliani (40 ans)

° Équipe: RSR Racing

° Voiture: Oreca FLM09 (Prototype Challenge)

° Première participation

Kuno Wittmer (31 ans)

° Équipe: SRT Motorsports

° Voiture: SRT Viper GTS-R (GTLM)

° Deuxième participation

Sylvain Tremblay (48 ans)

° Équipe: SpeedSource

° Voiture: Mazda SKYACTIV-D Smart Diesel (Prototype)

° 13e participation; victoires en 2008 et 2010

Prototype (P)

On y trouve les bolides Daytona Prototype, qui formaient la catégorie reine en Grand-Am, les LMP2 de l'ALMS, ainsi que la Delta Wing, des voitures pouvant filer à plus de 320 km/h.

Photo John Raoux, AP

Un bolide LMP2

Prototype Challenge (PC)

On y trouve les bolides Daytona Prototype, qui formaient la catégorie reine en Grand-Am, les LMP2 de l'ALMS, ainsi que la Delta Wing, des voitures pouvant filer à plus de 320 km/h.

Photo fournie par Ford

Un bolide Daytona Prototype 

GT Le Mans (GTLM)

Catégorie monotype, intégralement reconduite de l'ALMS, constituée de prototypes à cockpit découvert construits par Oreca-Courage et propulsés par des V8 Chevrolet.

Photo fournie par IMSA

Une BMW Z4 GTE inscrite en GT Le Mans

GT Daytona (GTD)

Bolides de grand tourisme hautement modifiés, répondant aux mêmes règlements que les GT qui roulent aux 24 Heures du Mans. Les GTLM sont capables de vitesses dépassant les 290 km/h.

Photo fournie par Dumoulin Competition

 Louis-Philippe Dumoulin sera aux commandes d'une Porsche 911 GT America de l'écurie Alex Job Racing     

2014, l'année de la réunification

Cette année marque un tournant majeur dans l'organisation des 24 Heures de Daytona: le Grand-Am et l'American Le Mans (ALMS), qui faisaient bande à part depuis 1998, sont fusionnés sous le nom de Tudor United Sports Car Championship.

On s'attend donc à une compétition relevée, avec parfois plus de 65 bolides en piste.

Tout ce beau monde se retrouve dorénavant dans la grande famille NASCAR, propriétaire de la série Grand-Am, mais dorénavant sous l'égide de l'International Motor Sports Association (IMSA), qui chapeautait déjà les activités de l'ALMS.

Bref, un mariage de raison, qui conserve aussi des liens privilégiés avec l'Automobile Club de l'Ouest et le Championnat mondial d'endurance. Certains parlent d'une harmonisation internationale des règles pour 2017...