La moto a toujours affiché un côté ouvertement rebelle et désinvolte. Au Québec, le Bike&Tatoo Show, qui se déroulait à Laval en fin de semaine pour la 16e année, est sans doute la plus belle manifestation de cette Kustom Kulture qui rime depuis les années, 50 avec liberté, sexe et rock'n roll.

Au menu, les plus belles motos personnalisées au pays, les meilleurs artistes tatoueurs, des défilés de mode sexy et des spectacles de hard rock et de pole dancing. Mais on fait aussi de plus en plus place à la tendance Old School, avec ses hot rods, rat rods, bobbers, café-racers de même que des défilés de lingerie rétro, des spectacles burlesques et des concerts de rockabilly.

«On voit de plus en plus apparaître une nouvelle culture qui tourne autour de plus petits bicycles, moins dispendieux, explique Pascal Richard, promoteur du Bike&Tatoo Show. L'époque des motos customs à 100 000$ est pas mal révolue.»

Selon M. Richard, la nouvelle clientèle, plus jeune, se tourne ainsi vers les choppers Old School, les bobbers et les café racers, qui sont moins chers à personnaliser que les customs flamboyants qui sont davantage des jouets de baby-boomers fortunés. «La mode Old School a toujours été présente, mais un peu moins ici en Amérique du Nord, explique M. Richard, également éditeur du magazine de moto Revolution. Ç'a toujours été fort en Europe, ça a ensuite gagné en popularité sur la côte ouest américaine et ça s'en vient maintenant par ici.»

Photo fournie par Pros Productions Inc.

Photo fournie par Pros Productions Inc.

Bon an, mal an, 15 000 personnes se déplacent pour aller au Bike&Tatoo Show. Pascal Richard remarque toutefois la transition qui s'opère parmi sa clientèle. «Les vieux motards s'en vont de plus en plus, ils troquent la moto pour une décapotable ou un véhicule récréatif. Leurs achats étaient souvent le résultat d'un coup de tête et ils passent maintenant à autre chose, affirme-t-il. Les jeunes, de leur côté, sont souvent plus passionnés, mais ils ne sont pas fortunés. Même des compagnies comme Harley-Davidson ont senti la tendance et proposent de nouvelles motos plus petites, moins coûteuses, au style résolument Old School, comme les 500 et 750, qui arriveront bientôt sur le marché.»

Selon M. Richard, le changement est visible à l'intérieur même du salon, la section hot-rod et rockabilly étant davantage fréquentée par les jeunes alors que l'on voit beaucoup plus de têtes grises du côté des motos customs traditionnelles.

Traditionnel n'a évidemment rien de péjoratif et les artisans du Québec qui exposaient leurs motos au Bike&Tatoo Show sont parmi les meilleurs au monde, plusieurs d'entre eux ayant raflé de prestigieux prix dans de grandes manifestations de motards comme Sturgis et le Daytona Bike Week.

Pourquoi autant de talent au Québec? «Parce qu'on est forcés à se tourner les pouces quatre mois par année et que l'on peut ainsi penser à fabriquer des pièces spéciales, dit en riant Pascal Richard. Sans farce, on a un petit côté européen qui fait que l'on porte une attention particulière aux détails. Aux États-Unis, ils utilisent davantage des pièces préusinées. Bref, on est forts.»

À n'en point douter!

Photo fournie par Pros Productions Inc.

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