La recette est infaillible: grosses roues, gros moteurs, des sauts, des obstacles, de la terre, des gros cailloux et de la boue, beaucoup de boue. Tout pour plaire à votre nouvelle flamme et sa maman, n'est-ce pas? Ça tombe bien, ça se passe tout près, au Jamboree 4x4 Extrême de Lavaltrie, le week-end prochain.

À sa quatrième présentation seulement, le Jamboree 4x4 est devenu la course du genre la plus populaire au Québec et au Nouveau-Brunswick. L'an dernier, plus de 3500 personnes se sont rendues dans la municipalité de Lanaudière pour y voir à l'oeuvre une quarantaine de casse-cou au volant de tonitruants bolides aux roues surdimensionnées. Et on attend cette année encore plus d'amateurs, dont un nombre grandissant de familles.

«Ce qui nous démarque, c'est que l'on est le seul événement qui fait courir les bolides deux à la fois, l'un contre l'autre, explique Jean-François Lapierre, organisateur du Jamboree 4x4 et lui-même pilote. Ailleurs, c'est un à la fois, chronométré. On trouvait que, côté spectacle, il manquait un petit quelque chose.»

Résultat, des concurrents d'un peu partout au Québec vont se rendre cette année à Lavaltrie pour participer au Jamboree, promesse d'une compétition particulièrement relevée. D'autant plus que les candidats sont triés sur le volet. «On fait la sélection au meilleur de notre connaissance, selon des critères mécaniques précis, explique M. Lapierre. Celui qui arrive avec un Jeep de rue avec des pneus de 31 po, il ne passe pas. En piste, si on n'a pas une bonne machine, on est cuit.»

Coûteux bolides



Deux catégories de véhicules s'affrontent sur le circuit: celle constituée de véhicules de série modifiés et munis de pneus de moins de 38,5 po de diamètre, et celle ouverte à tout genre de 4x4 hautement modifiés et chaussés de gommes de plus de 39 po. Ces dernières machines, qui, pour les néophytes, s'apparentent à des camions monstres, sont propulsées par des moteurs de plus de 400 chevaux - et ça peut aller jusqu'à 800!

En quête de reconnaissance



Aussi spectaculaire soit-il, le sport demeure très méconnu au Québec. Selon Jean-François Lapierre, pas plus de 75 pilotes participent à des compétitions. C'est bien peu, étant donné le nombre croissant d'adeptes de 4x4, qui se réunissent en clubs pour arpenter les sentiers récréatifs un peu partout en province. Le premier problème est l'absence d'infrastructure pour permettre un entraînement adéquat. «Le seul endroit où on peut s'entraîner, c'est dans des sites naturels, surtout des sentiers en forêt, dans le Nord, explique M. Lapierre. Sinon, on doit apprendre directement en compétition. L'expérience est donc payante, mais la mécanique y est néanmoins pour beaucoup.» Et les meilleurs bolides coûtent cher, très cher. «Un bon véhicule vaut plus de 50 000$, soutient M. Lapierre. Et les bourses que l'on reçoit en course sont généralement de 7000 à 10 000$. On fait donc ça pour le plaisir, parce qu'on adore ça.»

Et pour le spectacle, il va sans dire!

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www.jamboree4x4extreme.com/

La piste

Renouvelée chaque année, la piste de Lavaltrie est le fruit de l'imagination des organisateurs du Jamboree 4x4. Comptant sur des spécialistes en transport, en excavation et en location de gradins mobiles, l'organisation du Jamboree réussit à aménager en quelques jours l'impressionnant circuit pour environ 10 000$, le tiers du prix qu'entraîne normalement une telle opération.

- Longueur: 1 km

- Sections de piste: trou de boue, plateau de roches, tuyaux de béton, billots de bois, trappe à pneus, série de bosses, saut de sable

- 100 tonnes de roche naturelle

- 150 tonnes de boue

- 100 tonnes de neige recyclée

- 400 tonnes de sable et de terre

- 35 pneus agricoles et 40 pneus automobiles

- Vitesse: entre 5 et 100 km/h selon la section

Photo fournie par le Jamboree 4x4 Extrême

Les machines de la «grosse» classe

La seule limite est celle d'avoir des pneus de plus de 39 po. Autrement, le champ est libre. Le plus gros véhicule inscrit est un GMC équipé d'un monstrueux V8 de 9 L à l'alcool de 800 chevaux. À l'opposé du spectre, on trouve un petit buggy hyperléger propulsé par un quatre-cylindres Suzuki de 95 chevaux dont les rapports de transmission ont été réétagés pour favoriser le couple à bas régime. Côté train roulant, tous les bolides sont équipés de suspensions à grand débattement à trois ou quatre bras, de même que d'amortisseurs à l'air ou à l'azote. Certains pilotes font même appel à des systèmes à quatre roues directionnelles. Bref, il y en a pour tous les goûts!

Photo fournie par le Jamboree 4x4 Extrême

Défis et obstacles

«Il y a un engouement pour les courses de 4x4, il n'y a pas de doute, on le voit avec le nombre grandissant de spectateurs, explique Jean-François Lapierre. Mais c'est difficile de trouver des endroits appropriés pour organiser nos événements. Les démarches auprès de la Commission de protection du territoire agricole sont toujours complexes. Il nous faut construire la piste et tout remettre en place après la compétition. On doit laisser la terre pour qu'elle soit prête à être semée, même si ça fait 25 ans qu'elle est abandonnée...» Néanmoins, l'organisation du Jamboree 4x4 Extrême ne baisse pas les bras et songe même à créer une série provinciale; une course soeur a d'ailleurs été organisée en août dernier à Victoriaville. L'expérience sera renouvelée cet été, mais à Princeville cette fois. Une histoire de permis, nous dit-on...

Photo fournie par le Jamboree 4x4 Extrême