Ben Milot a soulevé les foules à l'époque du Supermotocross de Montréal avec ses prouesses défiant la gravité. Bien qu'il ne participe plus aux X Games et autres compétitions internationales de freestyle, il est toujours passionné de son sport: son spectacle, Milot Land Tour, n'a jamais été aussi populaire, et ce, d'un océan à l'autre.

«Quand j'ai commencé, j'avais peur des sauts. Ça m'a pris plusieurs années avant de débloquer et d'être compétitif. Jamais je n'aurais pensé gagner ma vie avec ça, et encore moins transformer une passion en business

Récipiendaire de plusieurs titres en motocross acrobatique, Ben Milot organise depuis 2010 le Milot Land Tour, un spectacle de haute voltige à moto qui se promène aujourd'hui partout au Canada. Tout ça en plus de participer à temps plein au plus récent spectacle de Franco Dragone à Macao.

Même si le pilote de Yamachiche ne participe plus aux compétitions de «freestyle», son nom résonne encore plus qu'auparavant et il n'a jamais autant roulé. Et sa participation au spectacle The House of Dancing Water - une ambitieuse production de 250 millions de dollars présentée depuis 2010 à Macao - lui a donné de nouvelles armes quand est venu le temps de concevoir son propre spectacle. «Mon travail avec Dragone m'a ouvert les yeux, a reconnu Milot. Participer à l'un des plus gros shows au monde m'a permis de faire évoluer le Milot Land Tour. Tout est beaucoup plus poli, la chorégraphie a bien changé, il n'y a plus de temps morts, on a de nouveaux pilotes et les figures sont plus impressionnantes.»

Au cours des prochaines années, Ben Milot voudrait bien polir encore davantage son spectacle en y ajoutant des éléments de cirque et d'autres formes de sports extrêmes. On pourrait d'ailleurs en voir un avant-goût dans quelques spectacles cet été. Tout ça demande beaucoup de travail du principal intéressé qui, merci au décalage horaire, bosse avec ses clients canadiens après les représentations du spectacle à Macao, souvent jusqu'aux petites heures du matin, heure de la Chine. «Faut être passionné, reconnaît le jeune entrepreneur de 31 ans. Quand c'est le temps de mettre des heures et de faire la promotion du show, le fait d'être aussi loin demande évidemment plus d'efforts. Il faut vraiment que tu sois un mordu pour surfer aussi longtemps sur la vague du freestyle. Y en a, du monde, qui est passé pendant tout ce temps-là. C'est cool.»

Place à la relève

Et c'est loin d'être terminé. D'autant plus que Milot n'est plus la seule tête d'affiche du Milot Land Tour. Les Steel Cutter, Max Pilon et Éric Laplante rivalisent d'adresse avec celui qui est encore considéré comme la référence du motocross acrobatique au Canada. «La compétition est derrière moi. Je l'ai fait ce trip-là, j'ai réussi à me faire un nom, reconnaît-il. Mais y a des kids qui poussent et qui font déjà mieux que moi. C'est une évolution qui a du bon sens dans ma carrière, car c'est super cool de présenter les pilotes de la relève sous leur meilleur jour.»

C'est aussi une bonne chose que Milot soit passé par là; il parle le même langage que les membres de l'équipe. «Les gars de freestyle, c'est des bibittes à part entière, j'en ai vu de toutes les couleurs! dit-il en rigolant. Ça prend des gars assez fous et vraiment forts mentalement. Des gars qui se cassent une jambe et qui remontent sur la moto pour finir le show. Moi, j'ai déjà roulé avec un plâtre!»

Le spectacle d'abord

Bien qu'il soit diablement spectaculaire, ce n'est toutefois pas au Milot Land Tour que les motards vont essayer leurs sauts les plus fous. «Le niveau des compétitions comme les X Games est tellement élevé que c'est devenu des cascades. Pire, n'importe quel «yahoo» peut arriver avec une figure qu'il n'a jamais fait atterrir sur la terre. Le gars se dit que s'il a à rater son saut, mieux vaut que ça arrive devant des millions de personnes. On ne peut évidemment pas faire ça quand on a un calendrier de 40 spectacles. Tout le monde se retrouverait à l'hôpital.

«On fait nos spectacles dans les centres-villes, les spectateurs ne sont pas tous des connaisseurs, ils sont souvent impressionnés de simplement voir les motos dans les airs, enchaîne Milot. C'est pourquoi on s'assure de créer des chorégraphies super visuelles, ça fait un bon show.»

Aucun doute là-dessus!

Pour plus d'informations: www.benmilot.com/milotlandtour2014

_________________________________________________

La relève

Steel Cutter, 32 ans, Lebel-sur-Quévillon

Steel Cutter est l'électron libre de la bande du Milot Land Tour. La première fois qu'il a fait un saut périlleux arrière en spectacle, il ne l'avait annoncé à personne. Très confiant, il n'a pas froid aux yeux. Son objectif est clair: «Mon but est d'être le meilleur freestyler au monde.» Rien de moins.

Alors que bien des athlètes enfourchent leur première bécane alors qu'ils ont à peine assez d'équilibre pour se tenir à deux roues, Cutter s'est mis au motocross à l'adolescence, suivant les traces de Tommy Fortin, ami casse-cou d'Abitibi qui le premier a réussi un backflip au Canada. «J'ai commencé en faisant de la course, mais je me suis rendu compte que ce que j'aimais, c'était les gros sauts. J'ai toujours voulu sauter les plus gros sauts.»

De passe-temps qui lui permettait de s'évader sans se soucier de la police, Cutter a fait du freestyle son principal gagne-pain quand il a joint le Milot Land Tour, en 2012. D'abord à titre de remplaçant: «J'ai jamais pensé que ça pourrait arriver, mais quand j'ai commencé à y croire, j'ai mis les efforts pour que ça débloque, explique celui qui s'est tourné à fond vers la moto à la suite d'une rupture amoureuse. Je me suis dit: "Est-ce que je vais continuer à virer en rond dans le fond du pit?"»

Cutter roule aujourd'hui à temps plein avec Ben Milot et consacre toutes ses énergies à son sport - il a notamment retenu les services d'un entraîneur privé et suit un programme de nutrition rigoureux.

«Je suis encore en super bonne forme, je serais donc vraiment content de participer à des compétitions internationales pour voir où je me situe, espère-t-il. Je ne me pète pas les bretelles, mais je pense bien être rendu à ce niveau-là. Et ce n'est que le début.»

---

Max Pilon, 23 ans, Sainte-Anne-des-Plaines

Plus jeune du groupe, Max Pilon a un parcours pour le moins atypique. Pas de course pour lui - «j'ai de l'orgueil, mais pas de là à avoir l'esprit du tueur, alors courir le couteau entre les dents, très peu pour moi», reconnaît-il - il a perfectionné son pilotage en travaillant comme instructeur dans des camps de jour. «Nous autres, on pratiquait nos sauts sur des rampes en bois qu'on avait nous-mêmes construites, explique-t-il. Les sauts étaient aussi pour moi une façon de combiner ma passion pour les sports motorisés avec mon intérêt pour le skateboard et la planche à neige.»

C'est donc un peu par accident qu'il s'est retrouvé dans l'équipe du Milot Land Tour, dès la première année. «Ben est venu chez moi pour me donner des conseils, car je n'avais pas du tout les bonnes techniques, raconte Max. Mais il a apprécié la façon dont je menais mes affaires, consciencieusement, étape par étape.»

Terre-à-terre, Max arrive à poursuivre ses études en génie industriel à l'Université de Trois-Rivières tout en participant à tous les spectacles du Milot Land Tour dans l'est du pays. Ce qui ne l'empêche pas de rêver: «Quand je saute, j'y vais à fond la caisse, assure-t-il. Et si j'avais la chance d'aller plus loin et de monter les échelons, j'irais, c'est certain.»

Photo fournie par Benoit Milot

Steel Cutter est l'un des casse-cou qui animent les spectacles du Milot Land Tour.