Le charme opère dès que l'on entend le rugissement rugueux si caractéristique des V8 américains de la belle époque. Voir et entendre une Mustang des années 60 est toujours une expérience en soi. Imaginez quand on peut la conduire, et sur une piste de course de surcroît!

L'idée est venue d'un groupe de passionnés de voitures de course classiques qui ont décidé, un peu sur un coup de tête, de partager leur passion pour la pony car originale. Expérience de Course Vintage est ainsi née et vient de terminer sa première saison au circuit routier du complexe Sanair, à Saint-Pie.

Étrangement, alors que les offres de forfaits de pilotage de voitures exotiques pullulent, personne n'avait encore proposé de rouler en piste au volant de voitures classiques. «Le plus gros obstacle, c'est la connaissance des autos, explique Emmanuel Moreira, l'un des organisateurs. On peut acheter une Lamborghini chez le concessionnaire et aller directement en piste; nous, on doit construire l'auto de toutes pièces, ou presque. Ça prend des gens pour trouver les composantes, modifier l'auto, l'entretenir. La seule façon de faire, c'est de compter sur des gens passionnés.»

M. Moreira n'est pas seulement un amant de voitures classiques, il est pilote de course inscrit dans la série Sportscar Vintage Racing Association, en plus d'être copropriétaire du Groupe Network, entreprise spécialisée dans la distribution de pièces de voitures d'époque. En compagnie de sa conjointe et partenaire d'affaires Sylvie Leclair, il a sollicité des amis pour lancer le projet, et tout ce beau monde a passé l'hiver dernier à préparer les voitures pour qu'elles soient fin prêtes à prendre la piste d'assaut au printemps.

«On a des copains spécialistes de mécanique et de carrosserie qui ont mis la main à la pâte pour préparer les autos, explique Sylvie Leclair. Les voitures subissent plusieurs transformations pour devenir fidèles aux spécifications en vigueur à la fin des années 60 en série Trans-Am.»

Les autos qu'on nous offre de lancer en piste sont en effet les mêmes que celles qu'ont pilotées des légendes comme Parnelli Jones, Dan Gurney et George Fullmer à la fin des années 60, l'âge d'or de la série Trans-Am. À la différence que l'on a ajouté certains éléments de sécurité en vigueur de nos jours, comme des ceintures à cinq points, des sièges de course pleine hauteur ainsi que des renforts plus rigides dans les portières.

En piste!



Par contre, inutile de chercher les freins ABS, un système antipatinage ou même une direction assistée, rien de tout cela n'existait en 1964. En pleine accélération, la suspension arrière s'écrase, le long museau de la Mustang se soulève, la direction devient de plus en plus légère. En virage, on ressent un certain flou artistique qui complexifie la prise de repères. L'instructeur assis à notre droite est constamment aux aguets, mais inutile d'insister, la prudence est de mise. Si bien que les cinq tours que l'on a pu faire ont passé vite, trop vite. On s'est arrêté alors que l'on commençait à accélérer le rythme, que l'on commençait à se laisser bercer par la musicalité du gros huit-cylindres qui gronde juste là, devant nous.

«Piloter une voiture comme celle-ci, c'est comme emmener une fille à un premier rendez-vous. Faut pas faire de faux pas!», illustre Emmanuel Moreira. «C'est du pilotage à l'état brut, s'exclame de son côté le pilote Benoit Paquet. Je compare souvent ça à faire du parachute, mais à l'horizontale! Ça n'a rien à voir avec les voitures aseptisées d'aujourd'hui.»

Comment alors peut-on penser mettre de tels bolides dans les mains de néophytes? «Ce ne sont bien souvent pas les débutants qui nous inquiètent, ce sont plutôt les conducteurs qui ont une certaine expérience en piste, affirme M. Moreira. On leur dit de mettre leurs compétences de côté, d'essayer de comprendre le feeling de la voiture, et surtout de ne pas essayer d'épater la galerie, de ne pas tenter de deviner ce que la voiture va faire. C'est pour ça que l'on est là, pour essayer de donner aux gens la meilleure expérience possible.»

«Les commentaires sont super bons, rassure de son côté Sylvie Leclair. On est très content du déroulement de la saison, tout le monde repart avec un grand sourire.»

On est là pour le corroborer.





Place à 2015

Un peu plus de 350 personnes ont goûté à l'Expérience Course Vintage en 2014, et on a bon espoir de dépasser ce nombre en 2015. «On aimerait notamment peaufiner nos forfaits corporatifs, et offrir notre produit sur d'autres pistes en province, notamment dans la région de Québec, où beaucoup de gens ont démontré leur intérêt», explique Sylvie Leclair. «On est aussi en train d'envisager l'achat d'une Dodge Challenger 1970 et d'une Chevrolet Camaro de 1968 ou 1969. Ça plairait bien aux amateurs de Chrysler et de GM», ajoute en souriant Emmanuel Moreira.

Information: www.coursevintage.com