Elle n'a que 24 ans, mais cela fait déjà 10 ans qu'elle gagne sa vie avec son appareil photo. Elle a écumé trois fois la mythique Route 66, en a profité pour visiter chaque fois les Bonneville Salt Flats à l'occasion de la fameuse Speed Week. Elle a couvert des dizaines de courses et visité autant d'ateliers un peu partout en Amérique du Nord. Tout ça par amour inconditionnel de la voiture.

Liz Leggett a été toute jeune plongée dans la baignoire automobile. À 10 ans, elle accompagnait déjà aux courses son père Jim, chroniqueur automobile de son état. « Il a commencé à me prêter sa caméra pendant qu'il faisait ses entrevues, se rappelle Liz. C'était rigolo de voir les gens s'interroger en regardant une petite fille manipuler un gros appareil photo. "Ne vous inquiétez pas, elle peut faire le boulot", répétait mon père aux incrédules! »

PHOTO FOURNIE PAR LIZ LEGGETT

Bob's Broiler

La course automobile a par la suite fait place aux salons et autres événements automobiles. De fil en aiguille, elle a même commencé à faire de la mécanique, apprenant à manier aussi bien la clé dynamométrique que le chalumeau de soudage. « C'est vraiment une passion, affirme-t-elle. J'aime tout ce qui touche l'automobile: l'odeur de l'essence, la vitesse, les "burnouts", les couleurs, les formes, les gens. C'est impossible pour moi de choisir ce que j'aime le plus, c'est pourquoi je prends des photos. Pour documenter et enregistrer toutes ces choses si merveilleuses. »

En 2012, elle s'est acheté un Westfalia 1974 et elle est pour la première fois partie en pèlerinage le long de la route 66, ultime symbole de la culture automobile américaine s'il en est un. L'été dernier, elle a fait le trajet une troisième fois, cette fois en famille au volant d'Alice, la Chevrolet 1950 restaurée par les Leggett - le périple d'Alice est d'ailleurs raconté dans sa propre page Facebook, Alice Goes to Bonneville.

On s'en doute, Liz a un faible pour les mécaniques anciennes - c'est manifeste quand on jette un coup d'oeil à son portfolio. « Les vieilles voitures sont comme des rêves ambulants, explique-t-elle avec romantisme. Elles sont les témoins d'une période où l'on croyait que tout était possible, où l'on se permettait d'avoir des idées de grandeur. Aujourd'hui, les autos sont ennuyeuses... » Elle adore les muscle cars des années 60 et 70 ainsi que les hot rods des années 30, mais elle avoue avoir le béguin pour les belles américaines des années 50. « Elles sont comme de sympathiques et rondouillards personnages de bande dessinée, illustre la pimpante photographe. Elles arrivent dans la rue avec un grand sourire qui rend tout le monde joyeux. Chacun peut s'identifier à ces voitures, elles facilitent les rapprochements. »

Comme tomber amoureuse

Quand vient le temps de prendre une voiture en photo, l'approche est la même, peu importe l'âge du son sujet. Elle n'utilise jamais d'éclairage artificiel, le choix de décor est donc primordial, de même que le moment de la journée - elle aime bien sûr travailler à l'heure dorée, ce moment où le soleil est juste au-dessus de l'horizon. « La voiture doit aussi être parfaitement propre, enchaîne-t-elle. J'essaie de profiter du moment magique où tout est au diapason, l'auto, la lumière, le décor. »

PHOTO FOURNIE PAR LIZ LEGGETT

Volkswagen Westfalia 1974

PHOTO FOURNIE PAR LIZ LEGGETT

Camionnette International des années 30 transformée en hot rod

Avant de prendre une auto en photo, elle veut aussi tout savoir à son sujet: qui l'a fabriquée, à quoi cette personne pensait quand elle en faisait la restauration. « Je veux interagir avec mon sujet, affirme Liz Leggett. C'est comme si je tombais amoureuse de la voiture. Je suis incroyablement curieuse, je veux l'explorer sous tous les angles, je veux tout savoir à son propos.

« Ça fait tellement longtemps que je photographie des voitures que je les voie comme des paysages, poursuit-elle avec une intensité palpable. Je me fie à mon intuition, c'est comme si je me laissais porter par une étrange danse. »

PHOTO FOURNIE PAR LIZ LEGGETT

Chevrolet Inca Gold de Chopit Kustom's