Imaginez la scène. Vous êtes au volant d'un camion de près de 5 tonnes, juché sur des roues de plus de 1,50 m et propulsé par un engin infernal de 1800 chevaux. Votre objectif: faire une course en écrasant quelques véhicules au passage, devant une foule de plus de 45 000 personnes. C'est ce que s'apprête à vivre Stéphanie Cotnoir, de Lévis, qui sera l'une des pilotes aux commandes de Brutus, un camion monstre à l'affiche au Monster Spectacular, samedi soir, au Stade olympique.

«Tu fais sauter une machine de 10 000 livres et 1800 forces, y a rien qui peut te préparer à ça», s'exclame au bout du fil la femme de 30 ans, qui n'était absolument pas destinée à devenir pilote de «monster truck». En fait, Stéphanie Cotnoir est diplômée du cégep de Jonquière en communication. Elle était attachée politique de la députée libérale Carole Théberge quand elle a assisté pour la première fois à une épreuve de camions monstres, en 2006, au Colisée de Québec. «J'étais surtout allée pour voir les quatre-roues faire des back-flips, s'est souvenue la pimpante brunette. Mais les compétitions de camions monstres m'ont vraiment impressionnée, si bien que j'ai pris des photos et je les ai envoyées aux équipes, à tout hasard.»

Les gens de l'équipe Scream lui ont répondu avec enthousiasme et Stéphanie s'est décidée à aller les rencontrer en personne quelques mois plus tard au Stade olympique, où le public est invité à descendre sur la piste pour parler aux pilotes et aux mécanos avant l'épreuve. Ç'a été le coup de foudre pour l'univers des camions monstres, mais aussi pour Steve Koehler, pilote de Wrecking Crew et frère du proprio de l'écurie, Jim. En avril 2007, une semaine après la défaite électorale de la députée Théberge, Stéphanie a fait ses valises pour aller rejoindre Steve et l'équipe Scream au Michigan.

Elle en a profité pour décrocher un certificat en relations publiques du Macomb Community College, mais elle s'est aussi mise à toucher à un peu de tout au sein de l'écurie. «Au début, je nettoyais l'atelier, les outils, les pneus, se rappelle-t-elle. Et comme j'ai toujours aimé travailler manuellement, je me suis mise à faire de la mécanique.» Celle que l'on surnomme aujourd'hui Miss Tool Box a aussi donné un coup de main du côté logistique et relations publiques - c'est elle qui s'occupe encore aujourd'hui de la mise en ligne du site web de l'équipe.

Le virus du pilotage

Après une rupture sans heurts avec Steve, Stéphanie est revenue au Québec, mais elle rejoint l'équipe chaque fois que c'est possible. Elle s'est aussi découvert une passion pour la conduite hors route et s'amuse ferme au volant de sa Jeep TJ modifiée.

En 2012, au Massachusetts, Jim Koehler lui a demandé de prendre le volant de Wrecking Crew en compétition. Stéphanie s'était jusque-là contentée de déplacer le camion dans les paddocks. «Au volant, j'avais zéro stress, affirme pourtant la jeune femme. J'avais l'impression de «chiller» dans le bois avec mon jeep. Au début, je suis partie à reculons et j'ai sauté un rapport de vitesse. À mon premier saut, mes pieds sont partis des pédales, c'était comme se retrouver en apesanteur!»

Mais les choses se sont drôlement bien replacées, si bien qu'elle a remporté la finale de la course, contre nul autre que son patron Jim, pilote du légendaire Avenger. Stéphanie sera de retour en piste samedi dans le même état d'esprit, sans pression, même si elle pilotera devant son public.

«Si je ne suis pas bonne, j'ai l'excuse que c'est mon premier grand stade, même si j'avoue que ça peut être impressionnant, affirme Stéphanie Cotnoir. Mais ça fait des années que je fréquente les shows et, dès qu'une fille est aux commandes, les gens sont contents, peu importe nos résultats. Ça me donne plein d'énergie, plein d'amour, et c'est pourquoi j'ai tellement de misère à me détacher de cet univers-là!»