Vingt petites minutes. C'est le temps qu'il a fallu pour convaincre les dirigeants de Nissan Canada de lancer leur petite Micra en piste dans une nouvelle série monotype québécoise.

C'est Jacques Deshaies, journaliste automobile et pilote à ses heures, qui a proposé l'idée à Nissan après avoir pris connaissance du prix de base de la sous-compacte - 9998 $ - au Salon de l'auto de Toronto, en février 2014. «Ça faisait des lunes que j'espérais le retour d'une série de course monotype, nous a expliqué le chroniqueur automobile. Les gens me disaient: "Tu as des tas de contacts, pourquoi ne pas proposer l'idée aux constructeurs?" Quand j'en ai parlé à Didier Marsaud, de Nissan, il a tout de suite dit oui!»

«Je suis un passionné de sport automobile et un ancien de Renault Sport, nous a confirmé M. Marsaud, directeur des communications de Nissan Canada. En 10 minutes, j'étais convaincu, j'ai compris ce que Jacques voulait faire. Je suis aussitôt passé voir mon patron Christian Meunier [président de Nissan Canada] et je n'ai pas mis 10 minutes de plus pour le convaincre lui aussi.»

Jacques Deshaies rêvait de revoir une catégorie monotype abordable, telle que les séries Honda Michelin et Pirelli Toyota des beaux jours, qui arrivaient toujours à offrir un spectacle enlevant en lever de rideau des principales manifestations automobiles au Québec. «Les gens capotaient sur la série Honda Michelin parce que ça se bousculait. Normal, tout le monde roulait avec la même chose, s'est rappelé le chroniqueur du Journal de Montréal. La différence se trouve donc entre le volant et le siège.»

Didier Marsaud abonde dans le même sens: «C'est très difficile d'avoir une série équitable, a expliqué l'ancien journaliste de sport automobile. C'est extrêmement complexe de contrôler ce que tout le monde fait de sa voiture. C'est trop facile à trafiquer, on ne peut plus maîtriser les coûts. Nous, on voulait rester sur quelque chose de très abordable.»

Voilà pourquoi plusieurs pièces de la voiture sont scellées, comme le moteur et la transmission, et il est formellement interdit d'en briser les sceaux.

Occasion de marketing

Nissan vend la voiture neuve de série la moins chère sur le marché, et le constructeur soutient maintenant proposer la voiture de course la moins chère. En effet, la Micra de course se vend 19 998 $ avec la combinaison de pilote en prime, une aubaine en sport automobile. D'autant plus que les concessionnaires Nissan du Québec ont répondu à l'appel et ont décidé d'appuyer financièrement plusieurs pilotes.

«Il y a là une opportunité de faire de la mise en marché, on a donc sauté sur l'occasion, a affirmé Didier Marsaud. La Micra est une petite voiture, les marges de bénéfices sont donc réduites, le budget de marketing est proportionnellement limité. On devait donc trouver des alternatives pour développer l'image de la voiture, travailler sur la notoriété du nom Micra.»

Résonance mondiale

Une chose est sûre, la Coupe Micra fait parler d'elle, bien au-delà des attentes de ses promoteurs. «Au début, c'était une aventure le fun, et certainement pas une affaire pour se mettre riche, a reconnu Jacques Deshaies. Mais ç'a pris une ampleur que je n'avais pas prévue, avec une couverture médiatique inespérée. Quand j'ai vu un article sur le site de l'émission Top Gear, j'ai eu un petit pincement au coeur, je l'avoue!»

Tout indique maintenant que l'Ontario va bientôt emboîter le pas au Québec et créer sa propre série. Jacques Deshaies a même eu vent de l'intérêt de gens en Angleterre, au Mexique, au Brésil, en Thaïlande et en Inde. D'ailleurs, deux jeunes pilotes indien et thaïlandais vainqueurs de la Nissan PlayStation GT Académie 2014 ont choisi de rouler en Coupe Micra cet été au Québec pour parfaire leur transition de la console à la piste.

On a aussi vu des représentants de médias américains - Road & Track, Autoblog - se déplacer à Mont-Tremblant pour le lancement officiel de la série, la semaine dernière. Il est bon de savoir que la Micra n'est pas vendue chez nos voisins du Sud.

Il s'agit maintenant de voir comment la petite bête va se comporter sur circuit et quel genre de spectacle elle va offrir. Notre collègue Éric LeFrançois pourra vous en parler davantage à l'occasion de son banc d'essai de lundi prochain, car il a lui-même roulé en piste avec la Micra de course. Et pas simplement par curiosité professionnelle.