Vous avez d'un côté l'autoquad, un nouveau type de véhicule qui ne cesse de gagner en popularité; de l'autre, le rallycross, une discipline de sport automobile qui a le vent dans les voiles. Et si on mariait les deux? L'idée semble aller de soi, mais c'est ici, au Québec, que verra le jour le tout premier championnat de rallycross en autoquad.

Envoyer des «côte-à-côte» sur une piste de rallycross a beau avoir été imaginé l'an dernier par le directeur du Grand Prix de Trois-Rivières, Dominic Fugère, il s'agissait surtout pour lui de garnir le programme du deuxième week-end du GP3R, consacré au rallycross. Néanmoins, le promoteur nous avait avoué en entrevue qu'il souhaitait la création d'une série de rallycross en autoquad. La suggestion n'est pas restée lettre morte: c'est le printemps prochain que sera lancé le nouveau Championnat canadien de rallycross en autoquad.

Pilote de circuit routier converti à l'autoquad - il a remporté en 2014 les 12 Heures de La Tuque -, David Ivichek est celui qui a saisi la balle au bond après sa participation à l'épreuve du Grand Prix de Trois-Rivières. Le nouveau promoteur ne cache pas ses ambitions: «Ça se peut qu'on fasse des jaloux, mais on a travaillé très fort pour arriver à lancer la série pour 2016, nous a-t-il expliqué. Je veux non seulement arriver à fournir un produit qui n'existe pas encore au Canada, mais aussi en faire la série la plus dynamique au pays.» Et pourquoi pas éventuellement en Amérique du Nord.

M. Ivichek est confiant, mais il demeure humble et lucide. Il est d'ailleurs le premier surpris des succès de l'entreprise qu'il mène avec le vétéran du rallye Thierry Ménégoz. «Après avoir passé 25 ans à chercher des commandites en sport automobile, je ne suis jamais arrivé dans une réunion où l'investisseur était vendu d'avance, je n'ai jamais vu ça», a-t-il avoué.

Envoyer leurs machines sur les circuits de rallycross semble en effet grandement intéresser les constructeurs d'autoquads. «J'ai déjà une réponse favorable de certains constructeurs, a indiqué M. Ivichek. Certains se sont déjà avancés pour offrir un programme de bourses qui serait le plus alléchant en Amérique du Nord pour les épreuves d'autoquad, toutes catégories confondues.» Rien n'est encore signé, mais on envisage de remettre 3000$ au vainqueur de chaque course, et des primes sont aussi prévues pour les deux autres places du podium. Avec six courses au calendrier, un pilote particulièrement performant peut ainsi penser rembourser une belle partie de ses dépenses.

Synergie exemplaire

Grâce à son format unique fait de spectaculaires courses éliminatoires de très courte durée, le rallycross est l'une des rares formes de sport automobile qui plaisent aux jeunes. Ainsi, comme l'autoquad s'impose jusqu'à maintenant auprès d'une clientèle plus âgée, l'associer au rallycross pourrait élargir le bassin d'utilisateurs - c'est du moins le souhait des constructeurs. Et c'est sans compter sur l'intérêt marqué des constructeurs et distributeurs de pièces et accessoires, qui voient dans le marché des autoquads une mine d'or - selon la Specialty Equipment Market Association, plus de 80% des acheteurs d'autoquad pensent personnaliser leur véhicule à court terme. «Il y a une synergie dans toute l'industrie qui fait que tout est à point», soutient David Ivichek.

Techniquement, les autoquads, plus lourds, sont aussi mieux adaptés aux tracés de rallycross qu'aux imposants sauts des pistes de motocross. «On peut modifier les machines pour qu'elles réussissent à franchir de tels obstacles, mais les investissements requis sont trop importants, a affirmé David Ivichek. Dans ces conditions, seulement le quart des autoquads réussit à franchir le fil d'arrivée, et 80% des abandons sont causés par des bris mécaniques. Ce n'est pas un environnement gagnant pour les constructeurs.»

Voilà un argument de plus pour rouler en rallycross, d'autant plus que les autoquads ont atteint une certaine maturité technologique. «Jusqu'à tout récemment, les constructeurs équipaient les autoquads de pièces de VTT, ce qui n'était pas adéquat par rapport à l'inertie plus importante du véhicule, a poursuivi M. Ivichek. Étant donné que le marché prend de l'ampleur, les pièces sont aujourd'hui mieux adaptées à l'autoquad. Et, grâce aux moteurs suralimentés, la puissance a été augmentée de près de 50%. Bref, le timing est très bon pour le rallycross.»

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Le CCRA en bref

> Sanctionné par la FIA et Autosport Québec

> Fait appel aux mêmes règles que les séries automobiles FIA World Rallycross et Global Rallycross

Six épreuves sont prévues en 2016

> 27 mai: Empire Super Sprints (Autodrome Granby - terre battue)

> 8 au 10 juillet: Grand Prix ICAR (asphalte)

> 16-17 juillet: X-Fest (Mécaglisse - asphalte et terre battue)

> 6-7 août: Grand Prix de Trois-Rivières (asphalte et terre battue)

> 13 ou 20 août: course MIRA (Autodrome Granby - terre battue)

> Date à confirmer: RPM Speedway (terre battue)

> Renseignements: www.leccra.com