Il fallait voir le visage inquiet de Guillaume Brochu pendant qu'il essayait tant bien que mal de redémarrer la moto, par une belle journée ensoleillée de septembre, à l'angle de la rue Principale et du chemin Saint-Armand, à Frelighsburg.

Tout compte fait, le problème était plus simple: il n'y avait plus d'essence dans le réservoir. Mais, perfectionniste, Guillaume soutenait qu'il restait du travail à faire sur les carburateurs. Il aurait préféré une randonnée parfaite, mais peu importe: la magie avait opéré, on savait que les motos Purebreed avaient quelque chose d'unique.

Deux ans plus tard, l'atelier de Saint-Alphonse-de-Granby a produit plus de 40 motos, expédiées un peu partout dans le monde, dont certaines primées dans quelques sites spécialisés comme l'incontournable Silodrome. Consécration suprême, Guillaume Brochu fera même l'objet d'une série télévisée de 10 épisodes qui débute mercredi sur les ondes d'Historia.

L'entrepreneur, diplômé en comptabilité et autrefois sommelier, pourrait se contenter de surfer sur ses succès et sur la mode des café racers, qui a encore le vent dans les voiles. Mais il a déjà la tête ailleurs, et cet ailleurs se situe dans un nouvel atelier qui ouvrira ses portes en avril à Brooklyn, à New York.

Vous avez bien lu : Purebreed déménage ses pénates dans la Grosse Pomme, où il va s'attaquer à la modification de BMW S1000R pour en faire de véritables bêtes de piste, mais avec un look résolument Purebreed. Avec à la clé la bénédiction espérée de BMW Motorrad.

Pour tout dire, Guillaume en a soupé des vieilles mécaniques et du folklore hipster qui s'est développé dans leur sillage. Il veut construire de vrais cafés racers du XXIe siècle. «Bien sûr, on aime l'authentique, l'exclusif et l'épuré. Oui, le café racer a le même profil», a reconnu le jeune homme d'affaires.

«Mais moi, je veux rejoindre l'essence même des gars qui ont lancé la mode dans les années 50, et je veux la faire évoluer à un niveau contemporain. C'était à l'époque des motos plus performantes que toutes les autres, avec un côté "bum", plus masculin. Ce n'est pas en se déguisant que l'on arrive à recréer ça.»

CAFÉ RACER 3.0

C'est en piste que Guillaume a connu son épiphanie, l'été dernier, au guidon de l'une de ses CB750 d'époque. « Quand je suis sorti de là, je me suis aperçu que c'était ça, la vraie conduite, a dit le jeune passionné, pour qui il s'agissait de la première expérience de piste. Ce n'est pas dans le chemin avec les voitures que l'on peut se faire plaisir, c'est bien moins dangereux sur un circuit. »

Par contre, même si sa vieille CB modifiée arrivait à tenir les CBR600 modernes dans la ligne droite, elle accusait son âge dans les virages. « J'ai atteint l'apogée de ces machines-là, nous a-t-il révélé. Pour pousser plus loin, ça me prend une autre moto, on doit amener ça à un autre niveau, je veux construire le café racer 3.0. »

Cette machine, le proprio de Purebreed l'a vue à l'occasion d'une visite à Los Angeles, dans l'atelier des magiciens de Deus Ex Machina, maîtres incontestés de la personnalisation de moto de type café racer. Il s'agissait d'une BMW S1000R complètement modifiée pour l'acteur Orlando Bloom, qui a payé la rondelette somme de 65 000$ pour sa bécane unique.

Guillaume Brochu est revenu de Californie en se disant qu'il pourrait faire quelque chose de semblable pour beaucoup moins cher. Il s'est donc tourné vers Charles Gref, président de Moto Internationale, qui avait manifesté son appréciation pour les motos Purebreed. « Guillaume m'a dit qu'il voulait modifier un 1000R, nous a dit M. Gref. Je lui ai trouvé une moto, un démo de presse, et j'en ai ensuite parlé à BMW Canada. Si la moto répond à leurs attentes, elle se retrouvera dans le kiosque de BMW Motorrad dans toutes les expositions de moto au Canada. »

Jusqu'à maintenant, Charles Gref n'a vu la moto qu'en pièces détachées. Mais il évalue déjà à 80 % les chances de Guillaume de séduire BMW Canada. Mais nous avons vu la bécane en primeur, et on peut affirmer sans se tromper que la cote de Purebreed va augmenter une fois de plus.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Le logo Purebreed, dont les ateliers sont situés à Granby.

PHOTO FOURNIE PAR URBANIA TV

Guillaume Brochu