AMG, RS, M, SVR, SRT, autant de sigles qui, une fois apposés sur le flanc d'une calandre ou épinglés à une carrosserie, changent l'ordinaire de tout automobiliste.

Ces autos souvent méconnaissables, avec leurs ailes gonflées contenant difficilement d'énormes roues et leur coffre transformé en auditorium bourré d'amplis et de caissons de basse, base du tuning, souvent le fait d'une clientèle jeune qui investit l'essentiel de ses revenus dans cette passion, ont encore des adeptes. Mais parallèlement au tuning populaire s'exprime une personnalisation moins extravertie, plus élitiste, qui permet aujourd'hui à de grands constructeurs de proposer des modèles d'exception.

Ce marché très spécialisé offre étonnamment un fort potentiel de croissance (et de revenus, surtout) et ne laisse aujourd'hui aucun constructeur indifférent. Il s'adresse à une frange de population plus étroite certes, mais disposant d'un pouvoir d'achat supérieur à la recherche d'un bel objet exclusif.

AMG, LA BONNE ÉTOILE DE MERCEDES

Depuis que Mercedes a accaparé les activités du préparateur AMG, les ventes de celui-ci sont sorties de la confidentialité avec plus de 30 000 unités vendues par année. Et surprise, le Canada est le quatrième marché en importance sur la planète pour ces Mercedes d'exception.

Maintenant parfaitement intégré au catalogue « régulier » de Mercedes, le célèbre préparateur d'Affalterbach, en Allemagne, a non seulement acquis une vitrine exceptionnelle, mais surtout, se pare de la caution de la marque étoilée. En effet, et cela s'applique à l'ensemble des versions « hors série » offertes par les autres constructeurs, ces véhicules bénéficient de la même garantie que les modèles « ordinaires ». Une caution inestimable.

Plus exclusives sans doute, car produites à doses homéopathiques, les déclinaisons sportives d'Audi (RS), Jaguar (SVR), BMW (M), Volvo (Polestar) ou Bentley (SuperSport) ne peuvent rivaliser en nombre face à ce préparateur parfaitement unifié aux activités de Mercedes depuis 1999.

Au-delà de ces marques traditionnellement sportives, les autres constructeurs, de Jeep à Nissan en passant par Volvo, Volkswagen ou Subaru, viennent avec des modèles plus ou moins modifiés, mais toujours validés et homologués par les services techniques maison.

Directement d'Affalterbach, où se trouve l'atelier d'AMG. Photo: Mercedes

POUR SE DIFFÉRENCIER DU VOISIN

Ces automobiles d'exception qui ne pèsent pas très lourd sur l'échiquier automobile mondial proposent une exclusivité certaine. Naturellement, celle-ci a un coût.

Ainsi, entre une Audi A3 et son homologue RS3, il existe un écart de quelque 30 000 $, largement justifié par la seule présence d'une mécanique exclusive (5 cylindres) particulièrement épicée (400 chevaux), une boîte de vitesse unique et un mode d'entraînement plus sophistiqué. Tous ces ingrédients et bien d'autres encore concourent à rendre ce modèle franchement plus amusant à conduire, mais cela ne se traduit pas par un véhicule à la revente plus élevée pour autant. En effet, même si les esthètes saliveront devant votre offre - surtout s'il s'agit d'un modèle produit en très faible quantité -, plusieurs s'inquiéteront de l'usage et du bon entretien du véhicule avant de l'acquérir.

L'émergence de toutes ces voitures dégoulinantes de chevaux prêtes à bondir pour laisser dans leur sillage l'odeur du caoutchouc brûlé paraît tout de même paradoxale tant l'expression d'une sportivité exacerbée ne paraît guère s'inscrire dans l'air du temps. En effet, la réalité du marché automobile des dernières années apparaît en décalage par rapport à la réalité quotidienne des automobilistes. Pourtant, tous les constructeurs vous le diront : il y a une recrudescence des ventes des modèles les plus sportifs, même si très peu d'acheteurs les exploiteront pleinement.

L'Audi RS3 coûte 30 000 $ de plus que l'A3 ordinaire. C'est le prix à payer pour le remarquable 5-cylindres en I de 400 chevaux. Photo: Audi