Depuis le début du mois, trois villes d'Allemagne ont fermé leurs centres-villes aux autos polluantes et près d'une vingtaine s'apprêtent à les imiter. En France, Paris songe à lancer un système d'autos électriques en libre-service. Outre-Atlantique, la guerre à la pollution automobile est déclarée.

Plus d'un million de véhicules jugés trop polluants sont désormais interdits d'accès au centre-ville de Berlin, Hanovre et Cologne. Les trois villes allemandes ont en effet introduit le 1er janvier des «zones environnementales» où les automobilistes n'ont accès que s'ils montrent patte verte.

Avec le souci de réduire la pollution engendrée par les particules fines, les élus de ces municipalités ont en effet décidé d'implanter un système sans précédent de vignettes qui permettent, d'un seul coup d'oeil, de classer les autos selon leur degré de pollution.

Trois macarons de couleur ont ainsi été créés: vert pour les véhicules les plus propres, jaune pour ceux qui polluent moyennement et rouge pour ceux qui atteignent un haut niveau de pollution.

À cela, il faut ajouter les véhicules très polluants, surtout ceux roulant au vieux diesel, qui n'ont carrément pas droit aux vignettes et sont, du coup, interdits des centres-villes de Berlin, Hanovre et Cologne. On évalue qu'environ 1,7 million de véhicules sont ainsi stigmatisés.

«Il s'agit de la tentative la plus sérieuse à ce jour pour lutter contre la plus grave des sources de pollution de l'air, celle des automobiles qui provoque jusqu'à 75 000 décès prématurés chaque année», se réjouit le groupe écologiste Deutsche Umwelthilfe.

Le sourire des écolos est d'autant plus grand qu'une dizaine de villes allemandes, dont Stuttgart et Munich, où sont implantés les sièges sociaux de Daimler et Porsche, ont annoncé qu'elles allaient emboîter le pas cette année. D'autres devraient suivre plus tard. On estime à 20 le nombre d'agglomérations urbaines qui songent à implanter de telles «Umweltzone».

Deux objectifs

L'objectif de ce système est double. À court terme, on souhaite interdire certaines vignettes dans les centres-villes lors des journées de smog intense, afin de permettre un assainissement plus rapide de l'air. En de telles circonstances, seules les vertes pourraient être admises au coeur de la ville.L'objectif à plus long terme est tout aussi ambitieux.

En effet, les vignettes vertes ont une durée illimitée, contrairement aux rouges et aux jaunes, qui seront interdites du centre en permanence dès 2010. Cela signifie que les propriétaires de véhicules polluants ont deux ans pour modifier leur système antipollution ou carrément changer de voiture, ce qui hérisse les clubs automobiles.

«L'exclusion durable de certains conducteurs de ces zones est disproportionnée et donc inacceptable», a dénoncé Werner Kaessmann, le responsable du plus important et plus ancien club auto du pays, l'Allgemeiner Deutscher Automobil-Club. Il promet de contester le système de vignettes devant les tribunaux.

C'est à Berlin, la capitale du pays, que la «zone environnementale» est la plus importante, avec une superficie de 88 km2 (environ neuf fois le parc du Mont-Royal). Plus d'un million de personnes résident dans ce secteur fortement densifié.

Au 1er janvier, 75% des automobilistes s'étaient conformés à la nouvelle réglementation, qui touche autant les véhicules immatriculés en Allemagne que ceux des touristes.